Entre sentiment d’être « bâillonné » et peur de la prison, les interdictions de manifester étouffent le mouvement social

Pourtant, le droit à manifester est inscrit dans la constitution (ou ce qu’il en reste). Mais, les lois ont été détournées, pour assimiler les manifestants à des délinquants. La peur à fait le reste, pour des citoyens n’ayant jamais été confrontés à la “justice”. Les yeux s’ouvrent sur la dérive totalitaire d’un état qui craint son peuple, et ne peut régner que par la peur, la contrainte, les amendes, les sanctions iniques, la mise en résidence surveillée et autres interdictions liberticides. Ces “décideurs” oublient que, quand il s’agit de survivre, la peur peut largement être dépassée. Volti

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Source Basta

Illustration/Pixabay

Depuis le mouvement des Gilets jaunes, les peines d’interdiction de manifester se sont multipliées. Le dispositif s’ajoute à un arsenal de plus en plus fourni pour empêcher les rassemblements et la contestation sociale. Témoignages.

« Je vis à la campagne, où on est isolé les uns des autres ici. Quand on est en manif, on voit qu’on est là ensemble. Étant privée de manifestation, je suis aussi privée de cette euphorie. » Maria, boulangère, habitante de la région de Die (Drôme) est interdite de manifestation depuis le 26 décembre 2018, pour trois ans. Elle aurait pourtant aimé participer aux rassemblements pour la sauvegarde de la ligne ferroviaire de la vallée de la Drôme et contre la fermeture de la maternité de Die. « Cela me révolte, je ne peux pas rester inactive face à cette injustice. Mais je ne peux plus m’exprimer dans la rue aux côtés des autres habitants. »

Le 8 décembre 2018, Maria s’était rendue à un rassemblement des Gilets jaunes, devant un centre commercial de la périphérie de Valence, pour participer dans la foulée à la marche pour le climat. Mais une bagarre éclate entre deux personnes au début de l’événement. Maria s’interpose dans ce qu’elle pense être une rixe. Sauf que l’une des deux personnes n’est autre que le directeur départemental de la sécurité publique de la Drôme. Maria est interpellée, placée en garde à vue puis mise en examen pour violence en réunion sur personne dépositaire de l’autorité publique. Refusant la comparution immédiate, elle est placée, comme ses trois coprévenus, en détention préventive, malgré son casier judiciaire vierge.

C’est l’affaire dite des « quatre de Valence ». Tous sont condamnés à de la prison ferme et à une interdiction de manifester. Maria écope de neuf mois de prison dont trois ferme et de 1000 euros de dommages et intérêt. La peine d’interdiction de manifester entre en vigueur le jour même de l’audience, mais Maria ne sait pas encore comment seront appliqués les trois mois de prison ferme. Elle regrette aujourd’hui de ne pas avoir fait appel : « Il devient dangereux de manifester et, en plus, on se prend des peines complémentaires hallucinantes. On m’a bâillonnée, ce n’est pas juste. »

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Basta

Lire aussi : « Les interdictions de manifester sont des peines politiques, qui posent un vrai problème démocratique »

Volti

3 Commentaires

  1. 2004 création de l’eugenfor
    2008 Pour Nicolas Sarkozy, «quand il y a une grève, personne ne s’en aperçoit»
    Se remémorer l’évolution des équipements des forces de l’ORDRE pour la gestion de foule, de maintient de l’ordre et de protection des institutions allant jusqu’à l’utilisation d’arme de guerre.

    S’acharner à utiliser des moyens stériles pour résoudre une situation qui devient de plus en plus vitale relève de la bêtise et de la lâcheté.

    Un peut de sérieux, les russes n’ont certainement pas botté le cul des allemands en allant faire de la rando le samedi ou en leur demandant de partir gentiment par courrier

  2. La question qui fâche. Est-ce utile maintenant ?
    A Vienne, la police entre dans la valse avec les manifestants.

  3. Peur de la prison et surtout peur de se faire tabasser je pense ! Entre coups de matraques, arrachage d’une main ou un oeil crevé, et lacrymo, pour manifester son mécontentement, voilà qui peut coûter très cher.

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