USA / Russie : plan de « paix minérale » en Ukraine ou entrée dans une guerre de Trente ans?

Depuis la visite et le clash entre Zelensky et l’administration Trump , avec un peu de recul, comment croyez-vous que la situation va évoluer ? Comment va s’y prendre la jusqu’au-boutiste U-E pour assister une Ukraine laminée en manque de combattant ? Va-t-on avoir droit à un nouveau « quoi qu’il en coûte » et, où le locataire de l’Élysée trouvera-t-il les fonds nécessaires à cette guerre qu’il appelle de tous ses vœux alors que la pays est en faillite ? Ce que l’auteur écrivait le 28 février mérite réflexion car, en l’état, les USA s’éloignent, laissant la patate chaude aux vassaux européens, qui semblent n’avoir toujours pas compris le piège. Avec ce « clash » très médiatisé, Trump sort la tête haute d’une assistance ruineuse pour les contribuables américains. La note sera pour qui ?

Par Karine Bechet-Golovko pour Russie politics

La délégation russe est arrivée à Istambul pour discuter avec la délégation américaine des relations diplomatiques entre les deux pays, ce qui va conditionner le reste des échanges, selon Lavrov. Le moment de vérité arrive. Les Etats-Unis semblent réduire le « plan de paix » à un hold-up sur les minerais ukrainiens, les élites globalistes européennes devant gérer la suite des opérations. Tout cela ressemble assez peu à la recherche d’une paix durable. Sommes-nous revenus aux guerres de Trente ou de Cent ans ?

Aujourd’hui, la délégation russe est arrivée à la résidence du Consul général américain à Istambul pour concrétiser l’annonce de la normalisation des relations bilatérales. En tout cas, pour voir dans quelle mesure les Etats-Unis sont réellement prêts à faire des pas concrets et lesquels, au-delà des déclarations médiatiques, parfois et de plus en plus décalées, qui sont chaque jour déversées dans l’espace public. Comme l’a rappelé la Russie :

En annonçant la réunion, Lavrov a exprimé l’espoir que les résultats de l’événement montreraient clairement dans quelle mesure les deux parties « peuvent agir rapidement et efficacement » pour résoudre les questions problématiques.

En attendant, la situation semble se dessiner un peu en ce qui concerne la gestion de la guerre atlantiste en Ukraine.

D’un côté, Trump, dégagé des faux-semblants d’un système de fausses valeurs portées par ses prédécesseurs, tente de mettre l’Europe à genoux. Annonce d’une hausse des tarifs douaniers à 25%, parallèlement à une injonction d’investir dans l’armement – et surtout d’acheter des armes américaines. Business is business, rien d’autre. La version primaire du néolibéralisme : Trump annonçant la possibilité de la baisse du financement de l’armée régulière, le service public est a priori mauvais, remplacement de l’industrialisation par les hautes technologies et le culte tout-numérique entre au Panthéon (il faut bien payer Musk), mais le tout enrobé dans une lutte … pour les valeurs traditionnelles, l’un portant continuellement un enfant dans les bras, quand l’autre fait oublier son adopté transgenre.

Et les Européens annoncent qu’ils sont prêts à soutenir l’Ukraine, réfléchissent à un Fonds spécial commun avec la Grande-Bretagne, alors qu’il existe déjà un Fonds pour la défense européenne. Mais désormais, il leur faut un Fonds de la guerre, non pas de la défense. Les exigences de Trump furent intégrées, en grinçant des dents, mais exécutées.

D’un autre côté, le « plan de paix » qui devait soi-disant être négocié avec la Russie commence à s’estomper, surtout si l’on parle d’une véritable paix et non pas d’un simple arrêt des combats (principalement côté russe, bien sûr). Le coup de force sur les « soldats de la paix » n’est pas passé et Moscou rappelle la dimension constitutionnelle de la frontière : les nouveaux territoires sont constitutionnellement entrés dans la Fédération de Russie, il va bien falloir reconnaître leur frontière et la reconnaissance ne peut être implicite, ni située sur la ligne de front.

L’impasse s’approche et il faut se préparer à un conflit de très longue durée, qui va être présenté comme une grande réussite pacifique par les Américains. Ce qui nous met dans un cadre différent de celui des deux précédentes guerres mondiales, qui furent compactes et de haute intensité.

Le plan américain se réduit finalement à un financement de son économie et les accès aux minerais du sol ukrainien sont un atout, à formaliser avec l’Ukraine, avant que la Russie n’ouvre officiellement les yeux sur l’impasse des négociations éternelles et qu’elle avance suffisamment sur le terrain pour reprendre ces territoires. L’accord devant par la suite la bloquer économiquement doit donc être signé rapidement. Comme on peut le lire :

Point central des négociations en cours pour une paix en Ukraine, l’accord permettant aux États-Unis d’avoir accès aux ressources du sous-sol ukrainien pourrait être entériné en fin de semaine. Washington en faisait une condition au maintien d’une aide financière et militaire.

Quel est le rapport entre un accord commercial et un plan de paix ? Trump l’avait dit, il ne sait faire que des deals, il ne sait rien faire d’autre.

Mais un accord commercial n’est pas un plan de paix et même nos députés français relèvent la tête avec étonnement.

« C’est absurde de dire qu’on va construire une paix durable sur un accord commercial », s’est indigné Frédéric Petit, député Ensemble des Français d’Allemagne, d’Europe centrale et des Balkans

Trump n’annonce pas d’engagement américain pour la sécurité ukrainienne. En tout cas, pas immédiatement, cela sera négocié dans un accord séparé après la mainmise sur les minerais. Si les pays européens peuvent assurer la pérennité du front ukrainien, cela lui va très bien.

Puisque nous sommes bien entrés dans un conflit de longue durée, il faut répartir les coûts et repenser les structures pour tenir la confrontation dans le temps. Et Trump a l’intention d’utiliser à cela les colonies européennes. Macron est passé, Stramer se prépare, Zelensky vient s’agenouiller. Et la Russie reste sur la réserve, rappelant ses conditions.

Karine Bechet-Golovko

La source originale de cet article est Russie politics

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6 Commentaires

  1. Voici un complément d’analyse sur ce sujet, proposé par Geopolintel : « Ukraine : un plan de paix qui sent mauvais » –> https://www.geopolintel.fr/article4206.html
    Bonne lecture !

    • Bonjour Ouvre.Lesyeux 🙂 L’article de Reuters avec les mensonges associés, montre bien la volonté d’enfumer les peuples en faisant passer Poutine pour le grand méchant, en disant que la guerre dure depuis 3 ans, en faisant passer le joueur de piano à queue pour une pauvre victime, et que les USA sont les faiseurs de paix incompris, alors que personne ne peut cautionner ce conflit quand on sait d’où il est parti (pas depuis 2014 officiellement, mais bien avant). C’est une infâme mascarade qui va servir à camoufler les milliards « disparus » (pas pour tout le monde)et retarder les réponses aux questions du peuple qui en a ras le bol d’être pillés et pressés comme des citrons, pour des intérêts autres que les nôtres. Le sommeil est vraiment long, le réveil sera à la mesure de l’endormissement collectif.

  2. Il y a tellement à dire…

    . L’Amérique, ce légendaire pyromane qui prête ses jolis camions de pompier en réclamant tous les diamants gisant dans les ruines fumantes de son crime.
    En y réfléchissant bien ce n’est qu’une autre remake de la 1er et 2eme GM, hummm…

    . En ce qui concerne le clache, je suis sans avis tranché.
    – Soit le clache était prévu, histoire de faire porter tous les torts(y compris de la guerrehttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_whistle3.gif) à Zélenski.
    – Ou bien Trump pensait vraiment signer ce deal super avantageux, puis faire de son mieux pour partager l’Ukraine avec les russes,. Avec en préambule a toute négociation que les terres concédées en exploitation US restent Ukrainienne.
    Façon fort avantageuse de passer pour le sauveur, à condition que la Russie eut accepté. Ce qui n’était pas gagnée !

    Quoi qu’il en soit, il y eut clache. Et me semble-t-il dans cette affaire, beaucoup regardent le doigt et bien peu la lune.

    Certains évoquent des insultes, c’est peut-être vraies, mais elles restent malgré tout secondaires.
    Zelenski a surtout dit à Trump que si la Russie devait continuer à gagner, la guerre allait s’inviter sur ses propres terres US.
    Comprendre par là, que Zelenski à menacé Trump d’attentat sous faux drapeaux sur son propre territoire US et ceci afin de pousser le peuple ricain à forcer la mains de ses dirigeants.

    Bon, apparemment Trump a parfaitement capté le message et à partir de là, il est parti en vrille.

    Du coup on comprend mieux pourquoi le repas d’entente à été servi à la presse et la délégation à jeun, foutu à la porte.

    • Il pensait le signer à mon avis car l’entretien a duré 50 min et non les 10 min qui ont tourné en boucle avec même une ou deux coupures bien à propos pour faire croire à un pétage de plomb pour pas grand chose..
      Et lorsqu’on voit l’enthousiasme des 40 1ere minutes on est en droit de penser que tout était fait pour qu’il signe et le show, il était là et non dans les dernières minutes ou là c’est vraiment parti en vrille en impro, le langage verbal étant assez claire.. Surtout après la menace à peine masqué du joueur de piano… Ben oui après avoir reçu le joueur de pipeau il fallait bien quelque notes wagnérienne non ? lol

      de toute façon il s’en fiche le bribeux, il va chercher l’argent ailleurs et au final au lieu d’avoir un bon accord, il devra capituler et l’EU va se retrouver Gros-Jean comme devant.. Comme on voit comment ça a cucker hier à Londres … Je ne m’attendais à rien, mais je suis quand même déçue ^^

      Akasha.

      • Salut bella signora,

        L’Europe va se ramasser, mais d’une force que peu imaginent.
        ..Surtout s’ils obligent Poutine à nous rentrer dans lard.

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