Les projets des BRICS sont hors portée des menaces occidentales

Par Mikhail Gamandiy-Egorov pour Observateur Continental

La majorité mondiale poursuivra son développement sans porter grande attention aux menaces et pressions émanant d’une minorité planétaire dépassée par les événements contemporains. Ces menaces et sanctions unilatérales n’impressionnent plus. Du moins ceux qui ont pleinement assumé leur souveraineté.

Un article intéressant est paru dans le South China Morning Post (SCMP), quotidien anglophone chinois basé à Hong Kong, écrit dans la rubrique Opinion par deux experts occidentaux, en l’occurrence William R. Rhodes et Stuart P.M. Mackintosh. Le premier étant l’ancien PDG de la banque étasunienne Citibank et l’actuel dirigeant de la compagnie de consulting R. Rhodes Global Advisors. Le second, ressortissant britannique, est quant à lui le directeur exécutif du Group of Thirty (G30), un think tank basé à Washington.

Dans ledit article, les deux experts anglo-étasuniens, liés au secteur de la finance, reconnaissent que les BRICS sont devenus une base de pouvoir alternative hors de portée des Etats-Unis et de leurs alliés, ainsi qu’un contrepoids croissant à l’influence étasunienne à l’échelle mondiale. Toujours selon eux, les BRICS pourront éclipser le G20 en tant que forum clé pour de nombreux Etats du monde. Et font notamment référence au sommet des BRICS de Kazan 2024, en Russie, qui a marqué les esprits de par son ampleur. Tout en notant l’incapacité des dirigeants occidentaux de réaliser leur espoir à faire isoler la Russie.

Enfin, les deux auteurs rappellent nombre de convergences de points de vue au sein des BRICS. Comme un consensus relatif en matière de soutien à la Russie dans son affrontement actuel face à l’Occident, l’opposition aux sanctions unilatérales, et le travail actif qui vise à réduire la domination du dollar US sur le commerce international.

En termes de perspectives, si les éléments mentionnés dans l’article n’ont rien de particulièrement nouveau, il faut reconnaître qu’une fois de plus c’est du côté anglo-saxon qu’apparait une reconnaissance, évidemment sans grande joie, des réalités contemporaines qui vont à l’encontre des objectifs des régimes occidentaux. Chose extrêmement rare, voire inexistante, dans l’espace européiste bruxellois qui semble se diriger vers une dictature totale pure et simple.

Pour ce qui est des menaces que l’actuel chef du régime washingtonien, Donald Trump, envoie y compris en direction des BRICS, il est important de comprendre qu’au-delà du fait que le monde contemporain ne se trouve plus dans la phase du diktat occidental, il faudrait surtout rappeler que les USA dépendent énormément des marchés des nations BRICS, aussi bien en matière d’importations que d’exportations, cela signifiant que le fait d’imposer une relation de maître à vassal de type USA-UE, ne s’appliquera certainement pas aux BRICS, aux nations du Sud global et à la majorité mondiale de manière générale.

D’autant plus à l’heure des réalités géoéconomiques contemporaines que même les experts les plus proches des intérêts financiers occidentaux ne peuvent se permettre d’ignorer. Et ce au moment où la concurrence ne concerne plus seulement l’influence géopolitique et géoéconomique à l’échelle mondiale, mais touche également au secteur des hautes technologies.

Comme le note par ailleurs bien Oleg Yanovsky de l’Institut d’Etat des relations internationales de Moscou et associé général d’Aethon (une société de capital-risque axée sur les technologies) dans un autre article d’opinion pour South China Morning Post – dans le marathon mondial pour la suprématie technologique, la taille des BRICS a toute son importance. Et que la collaboration et la flexibilité des BRICS donnent à la Chine et à la Russie, en qualité de leaders de l’organisation, un avantage significatif sur l’Occident, un Occident de plus en plus défensif et restrictif.

En effet, et dans le cadre de l’ère contemporaine, à défaut d’avoir accepté un monde d’inclusion et de collaboration à l’échelle globale sans arrogance ni condescendance, le petit espace occidental se retrouve face à la dure réalité d’être non seulement une évidente minorité planétaire, chose qu’il a toujours été, mais plus que cela – étant incapable de faire preuve d’un minimum d’adaptation aux règles de l’ordre mondial multipolaire – se retrouve dans une posture de restrictions en masse et de menaces stériles. Pendant ce temps, la majorité mondiale continue simplement de travailler.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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