Par Monique Savoie pour Observateur-Continental
Si les pays de l’Otan autorisent l’Ukraine à frapper la Russie avec des armes de précision à longue portée, cela signifiera que les pays de l’Otan, les États-Unis et les pays européens, sont en guerre contre la Russie.
“Si cette décision est prise, cela équivaudra à une participation directe des pays de l’Otan, des États-Unis et des pays européens à la guerre en Ukraine. Ce serait leur implication directe. Et cela, bien sûr, change fondamentalement la nature même du conflit. Cela signifiera que les pays de l’Otan, les États-Unis et les pays européens, combattent la Russie”, a déclaré le président russe Vladimir Poutine.
Selon le président, l’Ukraine n’est pas capable de mener de telles frappes à elle seule, celles-ci ne sont possibles qu’en utilisant les données des satellites de l’Otan, dont Kiev ne dispose pas. “Une participation directe modifierait de manière significative la nature même du conflit”, a-t-il affirmé, ajoutant que la Russie prendrait “des décisions appropriées en fonction des menaces qui seront créées”.
“Et ce qui est très important, peut-être même fondamental, c’est que seuls les militaires des pays de l’Otan peuvent, en réalité, programmer les missions de vol de ces systèmes de missiles. Il s’agit de savoir si les pays de l’Otan prennent ou non la décision de participer directement au conflit militaire. Si cette décision est prise, cela signifiera ni plus ni moins une participation directe des pays de l’Otan, des États-Unis et des pays européens, à la guerre en Ukraine”, a affirmé Vladimir Poutine.
Selon lui, les forces armées ukrainiennes frappent déjà le territoire russe en profondeur, mais l’utilisation d’armes occidentales à longue portée signifierait que ce sont les militaires occidentaux qui frapperaient directement le territoire russe.
“Il ne s’agit pas de donner ou non l’autorisation au régime de Kiev de frapper le territoire russe, ils le font déjà, mais lorsqu’il est question d’utiliser des armes de précision à longue portée, c’est une tout autre histoire”, a-t-il ajouté.
Il s’agit de l’utilisation par l’Ukraine de missiles britanniques et américains Storm Shadow et ATACMS contre des cibles militaires en Russie. Le Guardian a rapporté que lors de sa visite à Kiev le 11 septembre, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a laissé entendre que la Maison Blanche envisageait de lever les restrictions imposées à l’Ukraine concernant l’utilisation d’armes à longue portée en Russie. Selon le journal, le Royaume-Uni a permis à Kiev d’utiliser ses missiles Storm Shadow pour des frappes contre le territoire russe en profondeur, bien qu’il ne soit pas prévu de l’annoncer publiquement, précise l’article.
Politico a également mentionné qu’il ne fallait pas s’attendre à des annonces officielles. La décision des alliés occidentaux de Kiev de lever l’interdiction des frappes contre la Russie en profondeur pourrait être prise lors de l’Assemblée générale des Nations unies, qui se tiendra à New York à la fin du mois de septembre.
Des sources du Guardian ont souligné que la visite conjointe d’Antony Blinken et du ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy en Ukraine le 11 septembre n’aurait pas eu lieu si une décision positive concernant les missiles Storm Shadow n’avait pas été prise. Cependant, faire une déclaration publique à Kiev sur les missiles à longue portée aurait pu sembler déraisonnablement provocateur, indique l’article.
Les pays occidentaux s’opposaient à l’utilisation de leurs armes pour frapper des cibles en profondeur en Russie, mais, comme l’a écrit Bloomberg, Washington et Londres ont changé d’avis après des informations selon lesquelles l’Iran aurait transféré des missiles balistiques à courte portée à la Russie. Le Kremlin a qualifié ces allégations d’infondées, et Téhéran les a également démenties.
Mercredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a exprimé sa certitude que l’Ukraine avait obtenu l’autorisation de mener des frappes contre la Russie en profondeur. Cependant, il n’y a pas encore eu d’annonce officielle concernant un changement de politique en ce qui concerne l’utilisation des armes occidentales par l’Ukraine.
La déclaration du président Vladimir Poutine concernant les conséquences des frappes contre la Russie avec des armes occidentales à longue portée est “claire, sans équivoque et ne se prête à aucune double interprétation”, a déclaré à la presse Dmitri Peskov. “Nous n’avons aucun doute que cette déclaration a été entendue par ses destinataires”, a assuré le représentant du Kremlin.
Ce message du président russe est le dernier avertissement qu’il faut prendre très au sérieux. Au cours des deux dernières années, la Russie a radicalement modifié sa stratégie de frappes à longue portée ainsi que sa doctrine nucléaire, mettant l’accent sur son arsenal stratégique.
Monique Savoie
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