Démocratie ou démocrature ?

Selon le Larousse la démocratie est « un système politique, une forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple ».  Un petit rappel sans doute nécessaire au regard du spectacle de plus en plus affligeant que nous impose la classe politique. Evidemment, ce système, à priori en vigueur dans nos contrées, n’est pas parfait. Comme aucun autre système politique devrais-je dire, mais pourquoi aujourd’hui est-il mis à mal ?

A quelques jours du vote pour les européennes, les tensions se cristallisent et c’est bien normal mais ce qui est remarquable c’est le jeu de certains partis politiques. Un jeu terrifiant que l’on retrouve aussi et même tout particulièrement au sein du gouvernement en place. A ce jour, le Rassemblement National fait le plein d’intentions de vote, laissant les miettes aux autres formations politiques. Si cela se confirme dans les urnes, cela signifiera simplement que le peuple souverain aura élu son représentant démocratiquement, tout simplement.

Bien entendu, tout le monde ne sera pas forcément ravi de la situation, mais cela aura été fait en total respect de la démocratie. Si une pensée est majoritaire dans le pays et que les électeurs se prononcent majoritairement en faveur de ce courant de pensée, ceux qui sont en désaccord pourront travailler à un meilleur résultat pour la prochaine élection. Ces évidences ne semblent pas toujours être présentes à l’esprit de nombreux élus.

Il y a un peu moins de 20 ans, le referendum sur l’adoption de la Constitution Européenne avait rassemblé majoritairement des détracteurs, le Gouvernement de l’époque n’en a pas tenu compte. Il semblerait que depuis, tout soit permis si le peuple soi-disant souverain vote « mal » aux yeux d’une certaine élite, d’une certaine classe « bien-pensante ». Diaboliser l’adversaire est une carte facile pour les opposants au RN, mais faire intervenir le Président et le Premier Ministre pour sauver le soldat Hayer met un nouveau coup de canif dans l’exercice de la Démocratie. Gabriel Attal est ainsi intervenu une nouvelle fois auprès de Valérie Hayer, la candidate du groupe Renaissance, cette fois dans une émission de France Info.

Le Premier Ministre s’est donc exprimé ainsi : « Je suis inquiet pour l’Europe … Il y a un risque que (l’extrême droite) dispose au niveau européen d’un groupe capable de bloquer le Parlement européen ». Si la souveraineté du peuple s’exprime, si la démocratie s’applique, cela représente donc un risque. Etant donné le faible nombre d’intention de vote qui entoure la candidature de Valérie Hayer, le gouvernement tente donc le tout pour le tout, au mépris de nombreux principes, et même au mépris de la candidate elle-même. Pour autant, le PS et les Insoumis ne sont pas en reste sur la diabolisation de leur adversaire fétiche.

Mais celui qui s’essuie carrément les pieds sur la démocratie, c’est bien Emmanuel Macron. Il ne cesse d’intervenir dans ces élections, au détriment du temps de parole des candidats, mais surtout avec un ton moralisateur dont il a particulièrement le secret. Doctement, il continue d’expliquer que voter RN serait une erreur fatale pour l’Europe, une Europe dont le peuple ne veut plus sous sa forme actuelle qui crée plus de difficultés et d’inégalités qu’elle n’en résout. Mais non, seul contre tous, ce président à la popularité médiocre continue de donner la leçon au vilain peuple qui fait n’importe quoi. Au point de revenir sur les écrans cette semaine pour nous expliquer une nouvelle fois que la guerre c’est très bien, que le RN c’est très mal et que lui c’est le meilleur. Démocratie ? Pour lui ce serait plutôt démocrature avec tous ces gueux qui coûtent un pognon de dingue.

Sylvain Devaux

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