La République d’Enmarchistan refuse de voir l’effondrement

Par H16

En République d’Enmarchistan, il est impératif de régulièrement se tenir au courant de ce que disent les ministres et de ce que racontent les médias à leurs sujets. Il est tout aussi impératif de ne pas trop faire attention au petit bruit de fond créé par la réalité, aux événements du réel qui – tout le monde le sait, à présent – ment éhontément.

Ainsi, il apparaît maintenant clair qu’il y a bel et bien eu un enseignant dans chaque classe : conformément à ce que Gabriel Attal avait annoncé il y a quelques semaines sur un plateau de média de révérence, l’Éducation nationale a su faire le nécessaire pour que l’improbable se produise. Cette rentrée fut donc un succès évident qui met le nouveau ministre de l’Éducation dans une position confortable pour aborder le reste de l’année scolaire avec un brio qu’on devine déjà à sa frimousse juvénile.

Ainsi, la sécurité règne dans le pays. Et de plus en plus, pourrait-on dire puisque l’actuel ministre de l’Intérieur n’a pas hésité à intervenir à ce sujet pour bien faire comprendre que l’un des principaux soucis actuels des quartiers les plus turbulents, à savoir le trafic de drogue, serait correctement traité dans les semaines à venir.

Évoquant Stalingrad, probablement en référence à ce quartier de Paris renommé Stalincrack tant les problèmes de trafics, de drogués et d’insalubrité y sont présent malgré les tentatives d’efforts effectués régulièrement pour le nettoyer, Gérald Darmanin s’est lancé avec la verve et l’émotion qui caractérisent le premier policier de France dans un long entretien dans lequel il expose au bon peuple pantelant d’admiration comment il va s’y prendre pour enfin bouter les dealers et les criminels hors du pays.

Après avoir fait bien vibrer ses cordes vocales, Gérald va donc, il nous l’assure, agiter ses bras et ses sourcils pour garantir que des actions concrètes seront ensuite menées afin d’obtenir le résultat annoncé. Comme Attal et ses enseignants de Schrödinger (tous là mais en même temps certains manquent), le ministre va obtenir un apaisement du pays, une disparition des fléaux et faire revenir l’insécurité au niveau de sentiment.

Ce qui se passe à Marseille n’existe pas, où l’on observe essentiellement la cristallisation inverse du sentiment d’insécurité en insécurité chimiquement pure : il n’y a pas vraiment eu une innocente jeune femme dégommée dans sa chambre d’une balle perdue d’un échange de tirs entre narcotrafiquants d’une cité pas du tout abandonnée par des services de polices qui ne dépendent apparemment pas des masses du brave Gérald (qui va, soyons-en sûr) faire encore plus vibrer ses cordes vocales dans les prochaines heures, de même qu’on peut parier sur des mouvements agités de ses sourcils au sujet de cette quinquagénaire massacrée à Nice par l’une de ses malheureuses probabilités d’insécurité routinière dans le pays.

Quant au ministre de la Santé (l’état physiologique, pas la prison dans laquelle on devrait jeter nos clowns gouvernementaux) dont le nom et l’existence n’intéressent finalement personne, il ne fera probablement aucun commentaire sur un nouvel exemple navrant de patient mort avant d’avoir pu bénéficier des urgences de ce système de soins que le monde entier nous aurait envié, disait-on jadis.

Mais allons ! Tout ceci n’existe pas, ou pas vraiment. Les médias en parlent, un peu, mais se gardent bien de même faire mine de prendre la mesure de l’exaspération des Français devant l’incroyable nullité de l’actuel personnel politique voire, pire encore, de son acharnement à aggraver la situation avec ses phrases idiotes, ses idées stupides et ses méthodes à la con.

En fait, ces médias, vils, fiévreux d’obséquiosité et lâchement dépendants de leurs subventions, brossent en pointillé une réalité alternative dans laquelle ces guignols encostumés serviraient à quelque chose et mériteraient le respect.

Voulant s’occuper de tout, au frais du contribuable, ils n’arrivent à rien et enfoncent le pays réel dans une espèce de tiers-monde qui refuse même de s’assumer, de se voir tel qu’il est qui ne peut donc même pas imaginer s’en relever. Le fait que le pays montre tant de signes d’effondrement n’échappe plus qu’aux plus niais, ou au plus fourbes des commentateurs qui nient pour continuer de toucher les prébendes et avantages que leurs mensonges leur rapportent.

Cependant, à la différence des effondrements précédents (la chute de Rome est parfois évoquée pour illustrer la crise que l’Occident traverse actuellement), l’effritement actuel laisse les populations sans ressources.

C’est logique : les saucisses industrielles qui nous gouvernent ont absolument tout fait pour obtenir ce résultat calamiteux.

De nos jours, les Français sont devenus totalement dépendants de l’État et cruellement inféodés au reste du monde, depuis l’énergie jusqu’aux médicaments en passant par la nourriture. Pire encore, l’Europe se réveille depuis un peu plus d’un an du fantasme de l’absence de guerre sur son sol et découvre, stupéfaite, qu’elle n’a plus les moyens (ni humains, ni matériels) de soutenir un conflit plus de quelques jours (et encore, s’il ne fait pas trop chaud, pas trop froid, et avec une pause le midi pour écouler ses tickets resto). Par comparaison, un citoyen romain du IVe siècle découvrant un citoyen européen du XXIe verrait surtout un petit mammifère peureux et complètement perdu, baladé par une propagande grossière et totalement dépendant des lubies d’une élite maintenant clairement mortifère.

Au travers des médias et de ces politiciens qui finissent par croire aux bobards qu’ils débitent, la réalité est filtrée, édulcorée et pastélisée à la javel du conformisme, mais n’échappe plus à personne : l’État n’est plus du tout capable d’assurer ses fonctions, et il devient maintenant dangereux d’y croire.

H16

8 Commentaires

  1. Hélas c’est ce que constatent tous les jours ceux qui reflechissent encore par eux-mêmes et se se contentent pas de la bouillie prémâchée fournie par les politiques et les médias traditionnels.
    On dirait le livre 1984 de georges Orwell devenu réalité.

  2. « L’effondrement » n’est qu’un symptôme.

    Les « élites », les milliardaires, ont déclaré la guerre au reste de l’humanité. Ils se foutent des votes, des manifs, des émeutes, des faillites, de l’inflation, de l’effondrement, de l’immigration, du pétrole, de la politique, ils veulent juste nous faire mourir, nous tuer massivement. Ils font table rase du système et des peuples, pour pouvoir en construire de nouveaux dont ils seront les maîtres absolus.

    Enfin, on peut espérer que j’ai tort, que je ne suis qu’un crétin de complotiste, et se contenter de regarder ce qui est brisé au fur et à mesure que ça se brise, et continuer à croire que c’est juste la faute à pas d’chance.

  3. Pour décrire « un citoyen romain », certes non du IVe siècle, mais du VIème, rien de tel que ce livre que personnellement je conseille.
    https://www.babelio.com/livres/Sprague-de-Camp-De-peur-que-les-tenebres/395250#!

  4. l’État n’est plus du tout capable d’assurer ses fonctions, et il devient maintenant dangereux d’y croire.
    =*=
    Ben il était temps ? Parce que c’est exactement ce que nous explique, depuis des siècles, Marat, entre autres, Kropotkine, Bakounine, Landauer, Malatesta et Vanzetti, le père Peinard, Louise Michel, Emma Goldman, Voltairine de Cleyre, puis plus près de nous, Clastres, Vaneighem avec Debord…

    Comment résister à l’État lorsqu’il compromet nos libertés ? Comment faire entendre sa voix quand on est réduit au silence ? L’anarchie est-elle une vaine utopie comme la qualifient souvent ses détracteurs ?

    Pourtant, l’utopie aujourd’hui, n’est-elle pas encore de croire dans l’État, ses institutions, son système marchand, monétaire et étatique ?

    L’utopie n’est-elle pas de croire encore possible de réformer le système en remplaçant Macron par une autre personne, issue de ce même système ?

    Dans ses entretiens, livres et réflexions, le politologue, anthropologue et penseur anarchiste, James C. Scott (Université de Yale) a exposé des stratégies de RÉSISTANCE POLITIQUE de ceux que l’on nomme, à tort, les “sans-voix” ou en France, sous Macron, les gaulois et gauloises réfractaires ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2021/02/23/james-c-scott-au-fil-du-temps-au-dela-dans-une-nouvelle-version-pdf/

    PDF N° 244 de 18 pages en travail collaboratif avec Résistance71 qui traduit en français ► https://jbl1960blog.files.wordpress.com/2021/02/james-c.-scott-au-fil-du-temps-et-au-dela-r71-et-jbl1960-fev-2021.pdf

    Scott est l’un de mes auteurs favoris qui m’a fait atteindre une première « illumination » avec Contre le grain, une histoire profonde des premiers États que j’ai adorée à lire puis à mettre en PDF ► https://jbl1960blog.files.wordpress.com/2018/09/james-c-scott-contre-le-grain-une-histoire-profonde-des-premiers-c3a9tats-2017.pdf

    https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_heart.gif

    • Je ne crois même pas que ce soit l’état le problème. C’est plutôt une conséquence.

      Le problème c’est la richesse excessive. C’est un relativement petit nombre de personnes qui sont tellement riches qu’ils peuvent imposer leurs volontés aux états, et finalement, y placer leurs propres pions et acheter ou détruire ceux qui ne voudraient pas leur obéir.

      Nettoyer et refaire un état est illusoire, quand tous les états autour de lui sont des pantins. Tous ceux qui sont autour se ligueront pour que ça échoue, Ca serait se retrouver non seulement totalement isolé du reste du monde, mais aussi devenir la cible du reste du monde.

  5. Mon com est en modo et je ne sais pas pourquoi !
    https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_scratch.gif
    Merci de me dire.

    • J’ai déjà expliqué que depuis le 25 quelques coms passent directement en modération ou en indésirable; il suffit donc d’être assez patient et d’attendre que Volti ou moi passe par là pour les valider; ton com a été validé en 2mn donc n’a pas trop attendu et le retard ne méritait même pas d’être signalé

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