Le 11 février 1951, mourait Ambroise Croizat « Père de la sécu »

Hommage à un humain. Merci à Pierrot G.

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Le 11 février 1951, mourait Ambroise Croizat, l’anti-Macron par excellence. Un ministre du Travail ancien ouvrier qui voulait faire en sorte que « la retraite ne soit plus une antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie ».

Il s’éteignait à cinquante ans, d’épuisement, après avoir joué un rôle clé dans l’édification du modèle social français, tant jalousé à l’étranger, et décrié par le patronat et les élites politiques et économiques…

En effet le projet de réforme des retraites porté jusqu’à l’absurde par le gouvernement vise précisément à en finir une fois pour toutes avec le système de protection sociale et de solidarité nationale que Croizat, avec d’autres, nous a légué, face à la pression du secteur des assurances privées et des fonds de pension, qui comptent bien là prendre leur revanche pour de bon. (Leo Rosell)

Né en 1901 dans une famille de « métallos », Ambroise Croizat s’engage dans l’action syndicale dès 1914, avant de rejoindre le Parti communiste à l’âge de dix-neuf ans. Élu député de Paris à l’heure ou Léon Blum devient président du Conseil des ministres, il participe activement à élaborer et faire voter les grands acquis sociaux de la fin des années 1930 : congés payés, semaine de 40 heures, conventions collectives, etc…

Après la Seconde Guerre mondiale, il devient ministre du Travail et de la Sécurité sociale des gouvernements Félix Gouin, Georges Bidault, et Paul Ramadier.

C’est que dès 1943, à la tête d’une commission de médecins et de militants, il a formalisé, soutenu par le Conseil National de la Résistance, le projet d’une caisse d’indemnisation universelle englobant les frais médicaux, les arrêts de travail et les retraites, et dont le lancement est planifié dès que la guerre sera terminée.

C’est chose faite dès fin 1945, avec la mise en chantier d’une première série, partout en France, de 138 caisses de Sécurité sociale.

Fervent défenseur des humbles et des travailleurs, ses derniers mots à l’Assemblée nationale le 24 octobre 1950, alors qu’il ne lui reste plus que quelques mois à vivre et qu’il est rongé par la maladie, sont toujours et encore pour la Sécurité sociale : « Jamais nous ne tolérerons que soit rogné un seul des avantages de la Sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie cette loi humaine et de progrès. »

Le 17 février 1951, un million de personnes lui rendent un dernier hommage….

Les principales dates et remises en cause depuis 1982

  • 1982 : Mitterrand et la retraite à 60 ans

La gauche (PS/PC) au pouvoir applique sa promesse de campagne ; l’âge légal de départ à la retraite est abaissé à 60 ans (alors à 65 ans), pour les personnes ayant effectué 150 trimestres (37 ans et demi).

  • 1993 : la réforme de Balladur

Premier ministre durant la cohabitation, Balladur : le nombre d’années de cotisation passe de 37,5 à 40 (de façon progressive entre 1994 et 2003) ; on ne prend plus en compte les 10 meilleures années de salaire mais les 25 meilleures (de façon progressive entre 1994 et 2008) ; et les pensions sont désormais indexées sur l’inflation et non plus sur l’augmentation des salaires.

  • 1995 : tollé pour le plan Juppé

En novembre 1995, le Premier ministre de Chirac propose une réforme globale de la Sécurité sociale, dont la généralisation des mesures de la réforme Balladur aux fonctionnaires et entreprises publiques. La contestation ne se fait pas attendre et le pays est paralysé par des grèves massives : pas de trains ni de métros pendant trois semaines et jusqu’à 800 000 personnes dans les rues le 5 décembre 1995. Alain Juppé finit par céder sur les régimes spéciaux de retraites, qui garderont leurs spécificités, mais la plus grande partie de sa réforme sur la Sécurité sociale est menée à terme, notamment le contrôle du Parlement sur le financement de la sécurité sociale.

  • 2003 : Fillon aligne le public avec le privé

Après la réforme Fillon, tout le monde – que ce soit le public ou le privé – devra cotiser 40 années pour toucher le taux complet de pension. Cet allongement de la durée de cotisation augmentera progressivement pour atteindre 41 ans en 2012. Un accord est trouvé avec la CFDT sur les départs précoces pour les carrières longues : toute personne ayant commencé à travailler entre 14 et 17 ans et qui aura bien cotisé pendant 42 ans pourra partir plus tôt à la retraite. Un système de surcote (si l’on cotise plus que 42 ans, le montant de la pension sera plus important) et de décote (le montant de la pension baissera de 5 % pour toute année « manquante ») est mis en place. Là aussi la mobilisation est forte, mais le gouvernement passe en force.

  • 2007 – 2010 : les réformes sous Sarkozy

Le quinquennat de Nicolas Sarkozy voit deux réformes successives des retraites : une première concerne les régimes spécifiques des sociétés de service public (EDF, GDF, SNCF, RATP, Banque de France, etc.) ainsi que les professions à statut particulier (clercs de notaires, élus et employés parlementaires) dont la durée de cotisation est alignée sur celui du régime général et passe à 40 ans.

La deuxième, la réforme Woerth en 2010, repousse l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans ainsi que l’âge de départ à taux plein est lui aussi reculé : il devait atteindre 67 ans en 2022. La contestation forte dans la rue et dans l’opposition.

  • 2014 : la réforme Touraine

De retour au pouvoir en 2012, le PS continue sur la même lancée. La réforme Touraine accélère l’allongement de la durée de cotisation pour l’obtention d’une retraite à taux plein et l’inscrit dans le temps long. La durée de cotisation est relevée d’un trimestre tous les trois ans de 2020 à 2035 pour atteindre 172 trimestres (43 ans) pour les générations 1973 et suivantes.

Décriée de tous les côtés, la réforme passe tout de même au Parlement.  « C’est une réforme brutale et injuste, car elle pénalisera les carrières longues », expliquait alors Jean-Luc Mélenchon au micro de Public Sénat.

      . 2019 : échec de la réforme Macron/Philippe

Pendant la campagne présidentielle 2017, Macron promet de créer un régime universel des retraites à points pour instaurer un cadre commun à tous les Français, qu’importe leur statut. Si une fois élu, il lance rapidement le chantier de la réforme, la présentation concrète de son projet, maintes fois repoussée, n’a lieu qu’en décembre 2019.

La réforme, portée par le Premier ministre, Edouard Philippe, a dans un premier temps l’aval des syndicats réformistes, mais sera vivement contestée par l’ensemble des organisations syndicales lorsque l’idée d’un « âge pivot », incitant au départ à la retraite à 64 ans, sera évoquée.

Le 5 décembre 2019, 1,5 million personnes défilent dans la rue. Le mouvement de grève, très important dans les transports, se propage à d’autres catégories professionnelles, comme les avocats ou encore les danseurs de l’Opéra de Paris, etc. Le projet de loi est adopté en première lecture à l’Assemblée nationale en janvier 2020 mais face à une bataille de l’obstruction – 41.000 amendements sont déposés, le Premier ministre utilise l’article 49.3 de la Constitution. Si elle était au centre de l’actualité, déchaînant les passions, au fil des jours la réforme des retraites passe sous les radars face à une nouvelle urgence : la pandémie de coronavirus qui déferle sur l’Europe et la France. Le 16 mars 2020, Emmanuel Macron décrète la « guerre » contre l’épidémie, confine le pays et annonce la suspension de toutes les réformes, dont celle « des retraites ». Elle ne sera jamais relancée, jusque cette nouvelle attaque Macron/Borne en 2023…

La suite reste a écrire, par la grève et la rue !

Massivement rejetée par la population, ce nouveau recul peut aussi être mis en échec !… face à la possibilité de faire grève dans la durée, tout le monde n’est pas égal, dans le public comme dans le privé. Mais tout le monde peut mesurer que c’est en jouant son rôle dans le blocage du pays, dans la massivité des manifestations et des actions, que l’on pourra forcer Macron et Borne à reculer. Et certainement pas à l’Assemblée nationale où vient d’arriver le projet de loi et où nous savons déjà que le gouvernement utilisera tous les moyens à sa disposition pour le faire passer.

Grèves, manifs, blocages : ces prochains jours seront cruciaux.

2,800000 manifestants le 31 janvier 2023 :

L’intersyndicale donne rendez-vous les 7 et 11 février

Fort des 2,8 millions de manifestants le 31 janvier, les syndicats unanimes contre la réforme des retraites comptent intensifier la mobilisation, en battant le pavé notamment le week-end pour diversifier les formes d’action.

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12 Commentaires

  1. Ambroise Crozat, LE bienfaiteur des citoyens français… et par ricochet; de tout le monde car cela donnait une référence pour les autres pays.

    • – Ce fut surtout le bienfaiteur de la première génération de bénéficiaires !
      Ces gens qui touchèrent une « retraite » payés par d’autres sans jamais avoir eu à payer une seule cotisation, ou très peu, pour ceux qui partir dans les années suivantes.
      Déjà là ce montage financier, qui n’est q’un « Ponzi-systèm », avait signé son arrêt de mort à long terme.

      – la phrase la plus stupide proférée par le français moyen :
      « J’ai travaillé toute ma vie pour avoir une retraite confortable. »
      Sous entendu, il est légitiment que je la touche maintenant que je suis en âge. »
      Et bien non ducon, c’est pas dans le contrat social, çà !.

      T’as PAS travaillé pour ta retraite. T’as travaillé et cotisé pour celle des autres.
      Maintenant, c’est aux autres de travailler pour essayer de te la payer.
      A condition qu’ils soient encore assez nombreux, qu’ils le puissent encore et surtout, qu’ils le veulent toujours !!!
      Car un contrat, quel qu’il soit (social ou pas), ne peut engagé un tiers sans son approbation*, c’est contraire à la loi.

      – Moralité, les jeunes qui n’ont rien « signé » et qui sont les triple baisers du système (emploi de merde, sous payé et taxation effarante)** vont le d’énoncer et envoyer les vieux aux jardins ouvriers pour assurer leur survie.
      Eux qui voulaient se mettre au vert pour leur retraite, ils vont être servi.https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_yahoo.gif
      …Et vu la vitesse où vont les choses, cela ne devrait pas trop tarder.

      *) Tout comme pour un héritage que les enfants sont en droit de refuser légalement.
      **) A cause des vieux qui n’ont rien fait REELLEMENT pour empêcher cette état de chose.

      …Ps : « En politique(et donc en économie) rien n’arrive par hasard » (Roosevelt) https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_whistle3.gif

      • En gros chacun se démerde.
        Ce se fait aux Amériques, ça s’appelle le libéralisme, chacun pour sa gueule, on connait les résultats et en France on en veut pas.
        C’est vrai, les jeunes payent la retraite des vieux mais qui payent les études des jeunes ?
        S’ils sont formés, éduqués c’est grâce a la solidarité nationale.
        Après, tu peux refuser ce système et t’envoler en direction des USA, personne ne te retiens.
        Bon vent

        • Oui t’as raison,
          tu vas voir comme les jeunes vont se sentir solidaire de gens comme toi qui les ont foutu dans une merde noire.
          …Tout en leurs expliquant, que c’est la faute aux autres et que maintenant peu importe, ils faut qu’ils continuent à creuser plus profond pour le bien de tout le monde.

          Bonne chance à toi et à toute ta secte.

        • – La liberté et le sociale bien compris c’est de donner à toute le monde sans exception, la possibilité d’épargner sans se priver de l’essentiel et de laisser les gens en disposer à leur convenance.
          – Si certains veulent vivre la grande vie jeunesse durant et crever dans la misère, c’est leur droit.
          Et si d’autres veulent privilégier leurs retraite, c’est aussi leur droit.

          – La seule chose que devrait faire l’état est de s’assurer que les fonds soient placés dans du tangible sans risque et garanti par l’état. Mais sans que ce même état n’est de droit d’intervention autres que de sanction pour tout dérapage et ceci par l’intermédiaires d’un pouvoir judiciaire indépendant et public.
          – Et d’autres part, assurer les accidents de vie qui peuvent toujours arriver mais qui auraient du être dument justifiés pour éviter les abus, bien humains…
          Ca, cela aurait été juste et viable à long terme.

          …Mais bon, avec ce système simple certains n’auraient pas pu s’enrichir à outrance.https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_whistle3.gif

        • Ps : Va falloir que tu t’y fasses, dans tous les domaines l’argent des autres, c’est bientôt fini.

          • Saut que la, il ne s’agit pas de l’argent des autres mais du pot commun. Pot ou chacun participe selon ses moyens et c’est la que le bas blesse, certains s’en affranchissent, les plus riches, ceux la même qui vivent le mieux grâce au pot commun que les moins riches entretiennent.
            Toutes les infrastructures en France ont un cout, ce cout tout le monde le partage et sans ces infrastructures tous ces exilés fiscaux feraient tripettes de bénéfice.
            Sans parler des jeunes qui sont formés pour être a disposition de ces rapaces, ce cout aussi tout le monde le partage.
            Sauf ces exilés fiscaux qui ne jure que par le libéralisme.

            • …Où t’as vu que (la caisse des retraites) c’est un pot commun ou chacun participe selon ses moyens ?https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wacko.gif

              C’est plutôt obligatoire et indexé sur le montant du revenu.

              • C’est toi et toi seul qui a embrayé sur autre chose, je n’ai fais qu’y répondre.

                tes mots : « Ps : Va falloir que tu t’y fasses, dans tous les domaines l’argent des autres, c’est bientôt fini. »

            • « Toutes les infrastructures en France ont un cout, ce cout tout le monde le partage » (Sic)

              – Il t’as peut-être échappé que l’objet de l’article est la sécurité sociale et non l’impôt en général.
              Ceci dit pour te répondre :
              Les plus grosses infrastructures, qu’elle soient industrielles ou routières, ont été bradés secteur au privée par les gouvernements de « gauche » et de « droite ».
              Mais paradoxalement, aucun de ces gouvernement n’a soulagé mes impôts, en vérité ils n’ont fait qu’augmenterhttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wacko.gif !
              Mais, que font-ils de tout ce pognon de dingue… »à gauche et à droite » ?https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_whistle3.gif

              • Non rien ne m’a échappé, je suis au fait.
                Il ‘y a 2 causes a cela, ceux qui refusent de payer l’ impôts par la fraude et l’exil fiscal, du coup le trésor en manque de fond pour l’entretien et les salaires des agents bradent nos infrastructures aux mêmes qui désertent le pays pour échapper a l’impôt.
                Ils sont du même sérails, ils entretiennent de bonne relation , souvent fructueuse.

  2. Je recommande le documentaire « La Sociale » qui est un hommage à Ambroise Croizat.
    Deux citations d’Ambroise Croizat tirées de ce doc :
    « Il ne faut plus que la retraite soit l’antichambre de la mort mais le début d’une nouvelle vie » (et il a augmenté la retraite de 180%)
    « Il ne faut pas parler d’acquis sociaux mais de conquis sociaux parce que le patronat ne désarme jamais ».

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