MH17 – Aucune véritable analyse des enregistrements de conversations téléphoniques n’a été faite pendant 7 ans

Y a-t’il volonté de mettre sous le tapis, la responsabilité des auteurs de ce drame ?

Par Christelle Néant pour Donbass-Insider

Le 1er novembre 2021, lors de la session du tribunal chargé de juger l’affaire du MH17, l’une des juges d’instruction, a révélé que pendant sept ans, il n’y avait eu aucune réelle expertise audio des enregistrements de conversations téléphoniques fournies par le SBU à l’équipe d’enquête internationale. Encore pire, lorsqu’une analyse a enfin été demandée par les juges d’instruction, et menée, elle n’a été faite que sur des copies, laissant supposer que même eux n’ont pas les fichiers originaux, jetant ainsi le doute sur l’authenticité de ces « preuves » vitales pour l’accusation.

Lorsque j’écrivais il y a un an et demi en arrière que le procès de la honte avait commencé aux Pays-Bas, beaucoup avaient trouvé que j’y avais été un peu fort dans les termes. Mais 18 mois de procédure n’ont fait que confirmer mon évaluation du procès du MH17.

Pour ne lister que les problèmes majeurs du procès du MH17 :
1) Le procès a commencé alors que l’enquête n’est toujours pas finie, ce qui est totalement illogique. Il est anormal que l’enquête se poursuive pendant le procès.
2) La plupart des témoins sont anonymes, il est donc impossible de vérifier qu’ils étaient bien là où ils prétendaient être ce jour-là, et si leur témoignage est fiable. Ces gens peuvent être des agents du SBU, des nationalistes ukrainiens prêts à mentir pour salir la Russie, ou des prisonniers torturés à qui on a fait dire et signer n’importe quoi. La défense ne peut même pas les interroger autrement que par écrit, ni avoir accès à la totalité des dépositions de ces témoins (seulement à certaines parties choisies par le procureur et les juges d’instruction).
3) Les procureurs font de la rétention d’information à échelle industrielle, détruisant le principe de lutte équitable entre les deux parties. Cela passe par le refus systématique aux avocats de la défense et des familles de victimes d’obtenir des compléments d’enquête, de poser plus de questions, d’avoir accès à tous les documents (les avocats de la défense ont ainsi reçu un schéma totalement noirci en guise de « preuve » faisant partie de la déclaration d’un de ces témoins anonymes).
4) Un des procureurs principaux a été impliqué dans un énorme scandale judiciaire en Argentine (il a quitté le procès depuis cette révélation).

Avec tout cela en tête, vous avez déjà une bonne idée du déroulé de ce procès. Il faut rajouter à cela que la probité du SBU, qui a fourni la majorité des « preuves » dans l’affaire du MH17, a été prouvée comme étant nulle, grâce à l’analyse audio de plusieurs enregistrements de conversations téléphoniques publiés par le service de sécurité ukrainien, et par la publication de versions intégrales de certains enregistrements, qui ont révélé les falsifications opérées.

Je renvoie pour cela mes lecteurs au documentaire de Bonanza Media « MH17 – Pour que justice soit faite », qui avait démontré via une analyse audio de plusieurs conversations téléphoniques publiées sur YouTube par le SBU par un expert judiciaire, Akash Rosen, que ces dernières avaient été trafiquées.

Une analyse qu’une procureure néerlandaise avait balayée d’un revers de main en arguant que Rosen n’avait pas analysé les originaux, mais des versions sur YouTube et que donc on ne pouvait rien en conclure sur l’authenticité des fichiers audio, vu que ces derniers avaient été édités et l’audio ré-encodé pour en faire une vidéo. Le deuxième argument était qu’un des protagonistes aurait prétendument confirmé avoir tenu ces propos.

Je vous remets ici les arguments que j’avais avancés à l’époque pour montrer que ces justifications étaient bidons :
1) Il y a une différence entre juste couper des morceaux pour ne garder que l’intéressant pour le public, et falsifier complètement un fichier audio. Le rapport d’Akash Rosen montre clairement qu’il n’y a pas juste une édition pour diminuer la longueur du fichier. Des morceaux de phrase venant de différentes conversations ont été coupés puis collés ensemble pour reconstituer une nouvelle « discussion ». C’est ce qui s’appelle falsifier un fichier.
2) Le deuxième argument c’est qu’un des protagonistes, Kozitsine, aurait admis que la conversation a bien eu lieu lors d’une interview. Sauf qu’en fait pas du tout. C’est l’interprétation que fait le journaliste, lorsque Kozitsine « répète » quelque chose qu’il a dit dans la conversation dont est extrait l’enregistrement audio. Mais à aucun moment Kozitsine n’admet ou ne dit qu’il a réellement dit ce qui a été diffusé.

Ces arguments étaient appuyés par une déclaration de l’institut médico-légal des Pays-Bas (NFI), qui disait qu’il fallait mener une telle expertise sur le fichier original et qu’il fallait avoir des hypothèses de manipulation à vérifier avant de se lancer dans l’analyse visant à les confirmer ou pas. Ce commentaire et celui de la procureure montraient un mépris total pour Akash Rosen, alors que ce dernier est un expert judiciaire réputé en Malaisie.

Or, lors de la session de la cour du 1er novembre, j’ai découvert avec stupeur que depuis sept ans, l’équipe d’enquête n’avait pas fait de véritable analyse audio des enregistrements téléphoniques servant de preuve dans l’affaire du MH17. Contrairement à ce qui avait été affirmé par le JIT lors d’une conférence de presse, le NFI n’a pas fait d’analyse visant à authentifier les enregistrements de conversations téléphoniques fournies par le SBU dans l’affaire du MH17.

Voir la retransmission traduite en anglais de la session du 1er novembre 2021 :

À partir de 4 h 29, on entend ainsi une des juges d’instruction expliquer qu’en sept ans, personne n’avait fait d’analyse comparative de voix sur les 14 conversations téléphoniques attribuées à Poulatov pour vérifier que c’est bien lui ! Le NFI a justifié cela en disant qu’il n’avait pas de conversation témoin convenable pour faire cette comparaison de voix. Ce n’est semble-t-il que cette année que le NFI a finalement comparé 12 des 14 conversations entre elles (les deux autres étant jugées trop courtes pour être pertinentes), pour parvenir à la conclusion qu’il y avait de bonnes chances que ce soit toujours la même personne qui parle au téléphone. Sept ans pour faire cette vérification de base !

Et c’est à partie de 4 h 32 qu’on arrive à la partie la plus choquante. En effet, la cour a demandé au NFI de vérifier si les fichiers audio auraient pu être édités, c’est-à-dire trafiqués. On apprend alors que le NFI a déclaré ne pas pouvoir vérifier cela car les discussions ne sont ni en anglais, ni en néerlandais, mais en russe, et qu’ils n’ont pas les experts pour une telle analyse !

Cet institut qui a craché à la figure d’Akash Rosen a de fait admis face aux juges d’instruction ne pas être capable de mener l’analyse audio que l’expert malaisien a mené, sous prétexte qu’ils ne parlent pas la langue ! Un argument délirant quand on voit que Rosen non plus ne parle pas russe, mais que l’analyse des flux audio sans comprendre ce qui se dit lui a déjà fourni des éléments indiquant une manipulation des fichiers (des morceaux de phrase coupés puis mis bout à bout pour créer une nouvelle discussion) !

Devant ce « problème », les juges d’instructions ont demandé au centre d’expertise médico-légale de Lituanie de faire l’analyse. Mais outre le fait que ces derniers se sont contenté d’écouter les discussions pour voir si leur déroulé est logique et de regarder si le bruit de fond était cohérent (c’est-à-dire une analyse bien moins poussée sur le plan technique que celle de Rosen), on apprend aussi que leur rapport a été rendu le 22 octobre 2021 ! C’est-à-dire que pendant sept ans, personne n’avait réellement analysé ces enregistrements de conversations téléphoniques pour vérifier leur authenticité !

Et cerise sur le gâteau, on apprend à la fin de la tirade de la juge d’instruction que les fichiers analysés par le centre d’expertise lituaniens étaient des copies (et non les originaux) avec un format différent (mono pour l’un, stéréo pour l’autre, codex d’encodage différents) d’un fichier à l’autre ! Mais le centre d’expertise lituanien a déclaré que le fait que les codex changeaient d’un fichier à l’autre ne gênait pas l’analyse. Oups.

Si on suit la logique de cette déclaration, le fait que Rosen a analysé les versions YouTube des enregistrements de conversations téléphoniques n’est donc pas gênant, puisque peu importe le codex l’analyse reste pertinente. Rosen 1 – Procureure 0.

De plus, si l’analyse de Rosen était bonne à jeter à la poubelle parce qu’il n’avait pas eu accès aux originaux alors le rapport de ce centre d’expertise lituanien doit finir au même endroit, et pas être pris en compte par l’instruction comme « preuve » que les fichiers semblent authentiques (une authenticité juste basée sur l’écoute des conversations et le bruit de fond ce qui est limité), puisque cela viole les principes édictés par le NFI lui-même ! Rosen 2 – Procureure 0.

Il y a d’ailleurs des questions à se poser sur le niveau d’expertise de ce centre en matière de fichiers audio numériques, quand on voit que celui-ci dit ne pas être capable de détecter si ces conversations ont pu être créées par clonage de la voix (il existe aujourd’hui des logiciels capables de cloner une voix sur base d’un échantillon d’à peine quelques secondes), alors qu’il existe des méthodes et des logiciels basés sur l’intelligence artificielle capables de détecter une voix clonée.

Les questions qui se posent sont les suivantes :
1) Pourquoi a-t-il fallu attendre sept ans et le début du procès pour que les « preuves » de l’implication de Poulatov dans le crash du MH17 (les enregistrements des conversions téléphoniques) soient enfin analysées et authentifiées ? N’est-il pas inquiétant de voir un homme être accusé et traîné devant un tribunal sans que la preuve de son lien avec le crime soit sérieusement établi et vérifié ?
2) Pourquoi ce centre d’expertise n’a pas reçu les fichiers originaux des enregistrements de conversations téléphoniques pour mener son analyse alors que c’est un point important pour être sûr de l’authenticité d’après la procureure néerlandaise qui s’est exprimée en 2020 ?
3) Pourquoi les fichiers étaient encodés avec des codex différents ?

Si c’est le bureau du procureur ou les juges d’instruction qui avaient décidé de ne pas fournir les originaux pour des raisons de sécurité et avaient fait une copie des 14 conversations dans un format déterminé, l’encodage suite à ce traitement de masse devrait être le même pour tous les fichiers. Or ce n’est pas ce qu’on observe.

L’impression tenace qui se dégage de la déclaration de la juge d’instruction, c’est que son équipe a fourni au centre d’expertise lituanien ce qu’ils avaient, c’est-à-dire des copies fournies par le SBU et non les fichiers originaux !

Si, comme je le suppose, le SBU a fourni les copies ré-encodées dans un autre format (et non les originaux) des fichiers audio à l’équipe d’enquête de manière échelonnée, cela expliquerait comment plusieurs codex différents ont pu être utilisés. Il suffit qu’à un temps T, ce soit l’agent A du SBU qui produise la copie d’un certain nombre de conversations, puis à un temps T+N, ce soit l’agent B qui produise un nouveau lot de copies, puis à un temps T+X, ce soit l’agent C qui fournisse les derniers fichiers, et que chacun ait son format de fichier audio préféré, ou des codex différents selon les ordinateurs, et vous avez déjà trois codex différents dans le lot final de fichiers !

Je pense qu’il serait bon que les avocats de Poulatov demandent des éclaircissements aux juges d’instruction pour savoir s’ils possèdent ou non les enregistrements originaux, et si oui, pourquoi avoir fourni seulement des copies aux experts chargés de les analyser. Il serait bon qu’ils exigent aussi un accès aux fichiers originaux de ces enregistrements de conversations téléphoniques afin de pouvoir mener leur contre-expertise auprès de véritables experts audio. Car on ne peut pas laisser une farce sinistre tenir lieu de tribunal dans une affaire aussi grave que celle du MH17.

Christelle Néant

2 Commentaires

  1. Les ennemies de la race humaine n’en ont rien à foutre du résultat du procès.

    Pendant ce laps de temps où on cherche la ‘vérité’, ils crachent sur celui à abattre, et les perroquets – les médias subventionnés, donc payé par le peuple – inondent la toile mondiale avec l’info du moment.

    « des partisans russes abattent un avion de ligne »

    Pas de point d’interrogation. Une phrase qui ne laissent aucun doute sur ce monstre russe et qui sera répétés sous tous les formats et dans toutes les langues pendant des années.

  2. alors le codage du fichier à son importance en son comme en image ou en vidéo … suivant le codec il y aura plus ou moins de compression et de perte d’information. D’où l’importance de travailler avec une copie du fichier dans son format original …. c’est à dire une copie du fichier et non une sauvegarde sous un autre format
    Après si le mixage est fait à l’arrache il est très facile via différent spectre de distinguer des « coupures » plus ou moin net qui valideront le fait que les conversation on été truqué.
    Au delà de ça sauf erreur de ma part il est quasi impossible d’identifier une vois à 100% (mais en 5ans les choses on pu bouger techniquement).
    En tout état de cause si le travail de base n’a pas été fait c’est qu’il y a bien plus qu’une négligence à ce niveau

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