Par Insolentiae
L’édito de Charles SANNAT

Mes chères impertinentes, chers impertinents,
Une étude du très sérieux et réputé MIT lance l’alerte (source ici), ChatGPT affaiblit terriblement notre cerveau et cette destruction est rapide, mesurable, quantifiable et incroyablement inquiétante encore plus pour les jeunes et les enfants qui ont déjà adoptés en masse ChatGPT pour ne rien faire ou beaucoup moins sans que cela ne se voit.
C’est une question que beaucoup se posaient intuitivement, sans oser trop l’affirmer, mais d’un point de vue « observationnel » comme on dit l’on pouvait se rendre compte des effets incroyables de l’IA sur la manière de travailler des gens et donc sur leur implication. Or, qui dit absence d’implication, dit absence de concentration et donc généralement absence de mémorisation de ce que l’on fait de manière machinale.
Une étude récente du MIT, relayée par plusieurs médias technologiques, révèle que l’utilisation répétée de ChatGPT pourrait réduire significativement notre activité cérébrale, notre créativité, et notre capacité à penser par nous-mêmes. Si on utilise ici le conditionnel c’est pour être aimable, et disons laisser le temps à la science de mieux quantifier, d’avoir des échantillons plus grands etc, mais l’essentiel de la messe est dite, l’IA nous rend clairement beaucoup plus stupide et ce n’est que le début !
L’équipe dirigée par la chercheuse Nataliya Kosmyna a suivi 54 participants, âgés de 18 à 39 ans, répartis en trois groupes : un groupe utilisant ChatGPT pour rédiger des essais, un groupe utilisant un moteur de recherche traditionnel, et un groupe sans aucune aide externe.
Pendant trois sessions de 20 minutes, chaque participant a été invité à rédiger un essai de type SAT (qui sont des tests et examens standardisés sur une base nationale et utilisés pour l’admission aux universités américaines). L’activité du cerveau était mesurée en temps réel grâce à un EEG (capteur électro-encéphalographique), et les rédactions étaient évaluées par des enseignants ainsi qu’un système de notation automatisée. Une quatrième session a permis d’inverser les rôles : les utilisateurs de ChatGPT devaient rédiger seuls, et inversement.
Des résultats alarmants
Les données sont sans appel.
L’activité cérébrale la plus intense a été mesurée chez les participants rédigeant seuls, sans aucune aide. Ceux qui utilisaient uniquement un moteur de recherche montraient un engagement modéré. En revanche, les utilisateurs de ChatGPT affichaient l’activité neuronale la plus basse.
Autre constat : plus les participants utilisaient ChatGPT, moins ils montraient d’effort mental. Certains allaient jusqu’à copier-coller des réponses sans les adapter. L’équipe de recherche parle de « paresse métacognitive » : une forme de dépendance cognitive où le cerveau se repose entièrement sur la machine.
Les essais produits par ChatGPT étaient jugés plus homogènes, mais aussi plus fades. Les enseignants les ont décrits comme « sans saveur », avec un style prévisible et une créativité appauvrie.
Une perte de mémoire et de propriété intellectuelle
Autre phénomène troublant : les utilisateurs de ChatGPT se souvenaient moins bien de ce qu’ils avaient écrit. Lorsqu’on leur demandait de citer leurs arguments ou leurs idées, ils avaient du mal à les reformuler. Ils éprouvaient également un faible sentiment de propriété intellectuelle, comme s’ils n’étaient pas vraiment les auteurs de leurs textes.
Pire encore, même lorsque ces participants devaient ensuite écrire sans aide, leur activité cérébrale restait faible. Selon les chercheurs, l’habitude de se reposer sur l’IA peut altérer durablement notre capacité à mobiliser notre intelligence.
Un usage modéré pourrait être positif
Fait intéressant, les participants qui n’avaient jamais utilisé ChatGPT et qui s’en sont servis lors de la quatrième session ont montré une activité neuronale plus élevée et une certaine satisfaction. Cela suggère que l’IA, lorsqu’elle est utilisée ponctuellement et intelligemment, peut être un outil utile, stimulant même dans certains cas.
Mais cette amélioration n’était que temporaire. L’usage répété et non critique semblait systématiquement entraîner une baisse de la vigilance, de l’implication, et de la mémorisation.
Enjeux pour l’éducation et la société
Cette étude pose des questions majeures pour notre avenir. Si les jeunes, en plein développement cognitif, s’habituent trop tôt à laisser l’IA penser à leur place, que deviendra leur capacité à raisonner, à débattre, à créer ?
Une capacité d’esprit critique qui est déjà devenue affligeante avec un effondrement du niveau scolaire mais aussi des exigences et un recul sans précédent de la formation intellectuelle de notre jeunesse biberonnée aux émoticônes !
Les auteurs de l’étude appellent à la prudence. Ils dénoncent notamment les projets d’intégration de ChatGPT dans l’enseignement primaire. Loin d’être un outil miracle, l’IA doit être utilisée comme un support, non comme un substitut de pensée.
Un équilibre à trouver
Pour les experts, il ne s’agit pas d’interdire l’IA, mais de mieux encadrer son usage. Il est possible d’utiliser ChatGPT comme un outil de brainstorming, pour explorer des idées, rédiger un plan ou améliorer un style. Mais le contenu doit rester le fruit d’une réflexion personnelle.
Les établissements scolaires et universitaires devraient mettre en place des formations pour apprendre à utiliser l’IA de manière critique. Les enseignants, eux aussi, doivent être formés pour détecter les signes d’une utilisation passive.
L’IA transforme notre rapport au savoir, à l’écriture et à la pensée. Si nous voulons en faire un levier de progrès, il faudra veiller à ne pas sacrifier notre capacité à penser par nous-mêmes.
Or pour le moment l’IA, comme l’a été internet à ses débuts c’est le far-west, un far-west gratuit pour l’essentiel à la portée de tous les gamins, qui déjà l’utilisent massivement, quotidiennement, sans aucun recul, juste par facilité, paresse, mais aussi parfois par amusement pour jouer un « tour de con aux vieux » ce qui n’est pas franchement nouveau, les vieux d’aujourd’hui faisant la même chose quand ils étaient jeunes aux vieux d’hier.
Comme le résume un chercheur : « ChatGPT peut être un formidable tuteur, mais un très mauvais maître ».
Non.
C’est bien plus grave que cela. Bien plus profond.
Le danger est bien plus immense.
Les IA détruisent notre capacité à penser, à mémoriser, à savoir et à connaitre, les IA détruisent le « faire ». Or c’est en « forgeant que l’on devient forgeron ». Si on ne consacre plus de temps à faire, si on ne concentre pas notre esprit sur le faire, si on pense que l’IA fera tout à notre place, alors nous devenons des animaux qui ne pensent plus, ne réfléchissent plus.
Les IA vont nous détruire dans notre humanité et c’est déjà un processus à l’oeuvre.
Si vous avez des enfants, des jeunes, prenez les devants. L’IA + les écrans = destruction massive des capacités cognitives de vos enfants qui sont condamnés à devenir des zombies si vous ne les protégez pas.
Résistez !
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles SANNAT
« Insolentiae » signifie « impertinence » en latin
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes » (JFK)
« Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Insolentiae.com est le site sur lequel Charles Sannat s’exprime quotidiennement et livre un décryptage impertinent et sans concession de l’actualité économique. Merci de visiter mon site. Vous pouvez vous abonner gratuitement à la lettre d’information quotidienne sur www.insolentiae.com. »

Tous les articles, la tribune libre et les commentaires sont sous la responsabilité de leurs auteurs. Les Moutons Enragés ne sauraient être tenus responsables de leur contenu ou orientation.
Une réflexion pour commencer…les animaux réfléchissent, pensent … s’ils n’ont pas inventé le fil à couper le beurre, c’est simplement qu’ils n’en ont pas besoin. Certains animaux utilisent des outils notamment.
Ceci dit, il fallait s’y attendre. Le cerveau est naturellement paresseux, et peu sont curieux d’apprendre. Et pourtant … quel gâchis !
Un exemple: une mamie de 81 ans est en train de perdre la tête: elle se répète énormément, confabule avec une précision stupéfiante tant sa vie est vide. Elle lit très peu, ne fait aucun jeu, aucun effort pour tenter de ralentir le processus de dégénérescence de son cerveau.
Le cerveau doit travailler car c’est ainsi que les connexions neuronales se font. Sinon c’est la perte des neurones et donc des capacités ordinaires à réfléchir. Et il y a tellement de sujets intéressants .
Pour ce qui est de l’IA, je la vois comme une drogue qu’il faut éviter de toucher. Justement à cause de la propension de notre cerveau à paresser. De plus, sa façon de répondre touche à l’émotionnel qu’elle est capable de ressentir – de part son programme, on est d’accord – et, tel un de ces petits animaux/peluches que les Chinois affectionnent, elle peut devenir indispensable en cas de vide émotionnel: personne seule, déprimée … Danger !! Sans compter, je suppose, que toutes nos données, tout ce qu’on lui « confie » peut partir … on imagine où.
Bonjour Biquette;
L’IA est un outil et beaucoup l’oubli.
Un indice tout bête pour voir si la personne qui l’utilise l’a compris:
Si son intitulé de question commence par : « Bonjour », c’est qu’elle n’a rien pigé et considère l’IA comme un AI, Ami Imaginaire;
Par contre, un exemple concret de son utilité:
l’image d’illustration de cet article publié aujourd’hui
https://lesmoutonsenrages.fr/2025/06/26/et-pendant-ce-temps-en-argentine/
qui permet de créer une illustration sans avoir de soucis sur les droits d’auteur quand tu republies certains articles, dans la mesure où l’image est créée spécifiquement avec les critères demandés.
Oui, je n’en disconviens pas, bien sûr. Cependant, c’est tellement bien fait qu’on peut s’y laisser prendre et oublier assez vite qu’on a affaire à une machine. Saura-t-on faire la part des choses ?
Regarde l’arrivée des ordinateurs (si tu as connu cette époque): au début, ce n’était qu’un outil. Maintenant, on peut y passer la journée, aux dépens de la vie de famille, de la vie en société, du ménage, que sais-je ?
Et c’est pareil pour tout ce qui nous capte, nous prend du temps, nous hypnotise même …
Noooon, sans déconner ….

Bon, très bon article évidemment, mais je crois que ceux qui sont touchés sont définitivement perdus…