Par Germán Gorraiz López, analyste politique pour Observateur Continental
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Après les élections allemandes, Macron et Merz pourraient mener l’énorme tâche de réaffirmer la souveraineté européenne face aux États-Unis et de construire une nouvelle carte européenne.
Crise d’identité européenne. L’Europe souffre d’une crise d’identité aiguë, aggravée par le conflit en Ukraine, l’entrée en récession de la locomotive allemande et le «processus de balkanisation européenne» imaginé par les USA, à travers des attentats terroristes sélectifs, la crise des réfugiés, l’application de tarifs douaniers par Trump et le réveil du désir d’indépendance des nations européennes. Les USA tentent de provoquer l’émergence de forces centrifuges qui accéléreront le démembrement de l’Union européenne actuelle.
Lire la suite : Trump va-t-il provoquer une nouvelle cartographie politique en Europe?L’axe Paris-Berlin comme colonne vertébrale de la nouvelle Europe? La victoire des conservateurs de Friedrich Merz aux élections allemandes de dimanche laisse espérer à Paris que le tandem franco-allemand connaîtra un nouveau souffle sous la chancellerie de Merz, après trois années désastreuses sous Olaf Scholz.
Paris mise sur Merz que beaucoup d’observateurs considèrent comme un candidat plus approprié pour Macron, car tous deux «partagent la conviction que l’Europe a besoin de cette relation franco-allemande pour faire la différence», a déclaré le ministre français de l’UE, Benjamin Haddad.
Merz a déclaré que l’Allemagne et la France doivent avancer ensemble montrant son soutien à Emmanuel Macron.
Merz a également promis que son premier voyage en tant que chancelier serait Paris et la Pologne, ce qui a suscité des espoirs européens à l’Elysée.
La guerre commerciale entre l’UE et les États-Unis va-t-elle déclencher une réaffirmation tardive de la souveraineté européenne? L’instauration par Trump de tarifs douaniers de 25% sur l’acier et l’aluminium européens et de tarifs prévisibles de 10% sur les industries automobile, éolienne et pharmaceutique pourrait conduire à une désaffection européenne envers les États-Unis et à une réaffirmation tardive de la souveraineté européenne par la France et l’Allemagne, ce qui serait la genèse d’un nouveau projet européen.
Ainsi, suite à la signature d’un accord de paix en Ukraine, nous pourrions assister, d’ici 2030, au démembrement de l’actuelle Union européenne et à son remplacement par une constellation de pays satellites dans l’orbite de l’alliance franco-allemande (la soi-disant Europe des Six), composée de la France, de l’Allemagne, de la Belgique, des Pays-Bas, du Luxembourg et de l’Autriche.
Le reste des pays périphériques européens (Portugal, Espagne, Irlande, Italie, Grèce, Slovénie, Malte et Chypre) graviteront dans les anneaux orbitaux des Six. L’embryon de la nouvelle Europe sera dirigé par Macron et Merz et sera marqué par la ratification de la politique de bon voisinage avec la Russie, à travers la signature d’accords préférentiels avec la France et l’Allemagne pour assurer l’approvisionnement en gaz et pétrole russes et accroître les échanges commerciaux ainsi que par la création d’une armée européenne en dehors de l’OTAN.
Les pays périphériques (Italie, Grèce, Portugal, Espagne, Irlande, Malte et Chypre) devront revenir à leurs monnaies nationales et subir la dépréciation ultérieure de celles-ci, la régression aux niveaux de revenus typiques des années 1990 et le début de l’exode vers les zones rurales d’une population urbaine touchée par l’asphyxie économique, la saisie des maisons et l’inscription sur les listes de chômage, avec pour conséquence la revitalisation de grandes zones rurales, le rajeunissement de leur population et le retour à des scénarios déjà oubliés d’une économie autarcique.
Pendant ce temps, les pays nordiques seraient intégrés à la Fédération scandinave (Norvège, Suède, Danemark, Finlande, Islande, Lettonie, Estonie et Lituanie) et les pays d’Europe centrale et orientale, qui s’étendraient de la Pologne à la nouvelle Ukraine, en passant par la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie, pourraient osciller entre l’orbite russe et américaine.
De son côté, après le Brexit, le Royaume-Uni tentera de combiner des accords commerciaux avec les Six européens et les États-Unis, ainsi que de piloter le vaisseau amiral d’un Commonwealth revitalisé.
En bref, après les élections allemandes, Macron et Merz pourraient mener l’énorme tâche de réaffirmer la souveraineté européenne face aux États-Unis et de construire une nouvelle architecture géopolitique en Europe.
Germán Gorraiz López, analyste politique
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