Fantasmes et coups fourrés, la campagne bat son plein !

Par Sylvain DEVAUX

Ce n’est pas une surprise mais les coups bas sont bien de sortie pour cette campagne d’entre-deux tours des présidentielles, à défaut de débat. Si Marine Le Pen et Emmanuel Macron tentent des virages sur l’aile gauche pour espérer puiser dans l’électorat de Jean-Luc Mélenchon, ils ne négligent pas nécessairement l’aile droite même si la réserve semble moindre. Mais les coups pourris sont de retour avec des médias qui se délectent, comme « Les Echos » avec ce titre : « Présidentielles : les convergences idéologiques de Marine Le Pen et Vladimir Poutine » … et qui ressortent une vieille photo de Marine Le Pen avec le Président Russe de…2017. La même année, Macron recevait Poutine à Versailles, deux semaines seulement après son élection, afin de nouer des relations avec le Kremlin.

Le reste de l’article est à l’avenant, je vous laisse le « plaisir » de le découvrir jusqu’à l’écœurement. Utiliser la Russie et ses dirigeants devenus indignes dans la campagne était bien prévisible mais c’est un sacré raccourci de l’histoire. Cette guerre est un échec, comme toutes les guerres. Échec qui peut, en partie tout au moins, être porté par l’arrogance occidentale. Tous les ingrédients étaient réunis pour faire de cette histoire une poudrière sur laquelle l’OTAN a trop joué avec des allumettes. C’est principalement ce que peut reprocher Marine Le Pen à l’Europe sur ce point et qui deviendrait aujourd’hui une forme d’accointance avec Vladimir Poutine dont la violence n’est plus à prouver.

Lui reprocher de dénoncer l’ingérence américaine dans cette guerre est assez cocasse pour un journal qui dénonce par ailleurs la mainmise politique des cabinets américains sur notre sol (affaire Mc Kinsey et plus si affinités). L’autre épouvantail agité cette fois par Emmanuel Macron est celui de la sortie de l’Europe pour tenter d’effrayer le bon peuple de France. Un sujet lui aussi traité par les médias comme menant au chaos (nous y revoilà), en tout cas au redouté « Frexit » (de nouveau les Echos). Cette ligne rouge pointée par le chef de l’Etat ne semble toutefois pas effrayer plus que cela.

D’abord parce que l’Europe, dans sa forme actuelle, n’est pas forcément plébiscitée par les français (qui avaient voté contre le traité de Constitution européenne en 2005, mais, Sarkozy a signé en 2009 le traité de Lisbonne, qui applique le TECE tout de même dans ses grandes lignes) mais aussi parce que nos voisins anglais dont l’économie devait s’effondrer ont sacrément réussi leur Brexit. A l’inverse, cette Europe voulue par Macron et Ursula Von der Leyen, à la botte des lobbies de tous poils, mériterait sans doute un certain toilettage. Enfin Marine Le Pen n’a pas forcément l’intention de quitter l’Europe mais d’en changer certaines règles, ou du moins d’essayer.

Maintenant ce sont les sportifs qui, en vue des JO à Paris en 2024, signent une tribune appelant à voter pour Emmanuel Macron et faire barrage à Marine Le Pen Mais faire barrage au nom de la démocratie, une nouvelle fois, à un candidat (une candidate en l’occurrence) qui représente près de la moitié des opinions des français n’a pas grand-chose de démocratique en soi. Des sportifs qui ont été confinés et vaccinés au point qu’un certain nombre ne retrouvent plus leurs performances, ce qui doit sans doute justifier cette allégeance à Macron.

Je suppose que ces coups fourrés sont là pour emmerder affectueusement une partie de la population. Il est aussi tentant de dire qu’en matière de casseroles, Macron en a une très belle collection et c’est très certainement ce qui met le Rassemblement National aux portes de l’Elysée, il ne peut donc s’en prendre qu’à lui-même. Tentant de dire également que cette « diabolisation » de Marine Le Pen ne fonctionne finalement pas si bien tant les écarts se resserrent et que la dynamique lui est plutôt favorable, pour l’instant.

Sylvain Devaux