La vieillesse maltraitée, l’Etat joue la carte du mépris

Auteur Sylvain Devaux

Il aura fallu le livre accablant d’un journaliste, Victor Castanet, pour faire enfin éclater la vérité au grand jour sur les Ehpad. Ce livre, les fossoyeurs, fruit d’une longue et minutieuse enquête lève, le voile sur un système financier largement déviant mais surtout sur les maltraitances subies par nos anciens dans ces établissements. Le groupe Orpea, visé dans ce livre, offre un visage indigne et abject d’une véritable exploitation humaine afin de garantir des profits maximums au groupe. Orpea, par un intermédiaire, aurait même proposé une somme rondelette (15 millions d’euros !) pour stopper l’enquête et ne pas la publier. Néanmoins, cette maltraitance était connue de longue date et doit concerner aussi d’autres établissements, même si certains font correctement leur travail.

Le Gouvernement, par la voix de Gabriel Attal ou d’Olivier Véran, joue les vierges effarouchées et diligente une enquête puis, au regard de celle-ci, décide de saisir la justice. C’est seulement à ce moment-là que le patron d’Orpea viendra présenter ses excuses aux familles, sans doute pour tenter une nouvelle fois d’éteindre l’incendie. Mais ce Gouvernement, une fois de plus, va encore mépriser les familles. La plainte déposée ne concerne en rien les maltraitances, ce sera aux familles de se débrouiller en justice, mais les détournements de fonds. Rien en ce qui concerne les conditions indignes dont sont victimes nos anciens.

En effet, l’Etat subventionne ces établissements et demande maintenant des comptes et des remboursements. L’humain laisse donc une fois de plus la place à l’argent alors que les sous-effectifs, le manque d’équipements et la malnutrition sont monnaie courante. La maltraitance, souvent involontaire, tient aussi au manque d’effectif et aux conditions de travail dégradées, toujours pour maximiser les profits. Bien d’autres secteurs sont aussi victimes de ces choix financiers, parfois même frauduleux, où l’humain n’est plus qu’un chiffre, une variable d’ajustement. Les fossoyeurs aura au moins permis de médiatiser ce que l’on savait déjà. Quant au rôle de l’Etat, il se cantonne aux aspects financiers et au mépris des victimes, ce que l’on savait également.

Sylvain Devaux

Volti

3 Commentaires

  1. L’osque l’on voit le prix des séjours en Ehpad, entre 1500 et 3000 euros par mois, comment ne pas s’indigner, à ce prix là, quand vous allez dans un hôtel, vous êtes servis et chouchoutés royalement. Il faudrait des commissions d’enquêtes dans tous les Ehpad parce que c’est évidents que les personnes âgés ne peuvent pas se défendre et les familles ne sont pas toujours là pour le voir. Mais quand va-t-on sortir de ce système où l’individu passe toujours après profit ? On en veut plus de cette inhumanité là !

    • Renseigne toi un peu avant de râler.
      Les personnes âgées en Ehpad sont pour la plupart grabataires, souvent avec maladies, Alzheimer, Parkinson, certaines démentes d’autres obèses ou encore incontinentes.
      Elles sont dans la plupart des cas totalement ou partiellement dépendantes, il faut les lever, les laver, les changer, les faire manger, les occuper et cela H24.
      Alors évidement que ça coute des sous, il faut payer les gens qui s’en occupent, adapter les bâtiments aux handicaps, acheter le mobilier adéquat, bref, comme dirait l’autre ça coute un pognon de fou.
      Les gens arrivent de plus en plus âgées en maison de retraite, elles préfèrent rester chez elles le plus tard possible et c’est bien normal, du coup quand elles débarquent en ehpad, elles sont en mauvais état.

  2. Il y a de nombreuses années, j’avais préparé un dossier sur les maisons de retraite d’un département -que je ne nommerais pas bien sûr, pour en vérifier la fiscalité locale.
    Dossier déposé sur le bureau du patron qui m’a répondu: c’est bien mais… on n’y touche pas.
    Quelques établissements étaient surévalués, d’autres largement sous évalués. Un gros boulot pour des prunes.
    Les maisons de retraite sont souvent gérées par les conseils départementaux et régionaux. Même dans ce cas, elles doivent faire du fric, pas de l’humanitaire.
    N’oublions pas aussi le rivotril qui a gentiment permis d’éliminer une partie des personnes âgées (combien ?).

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