Corse, dettes publiques, dégradation sanitaire, appauvrissement : le vrai coût de la méthode jupitérienne Macron

Par Éric Verhaeghe pour Courrier-International

Dans Corse Matin, Darmanin accorde une interview qui en dit long sur l’état de décomposition du régime macronien. Le ministre de l’Intérieur y annonce d’ores et déjà qu’il est prêt à concéder l’autonomie de la Corse… Et voilà un joyau de la couronne supplémentaire que Macron brade pour assurer sa réélection. Au rythme où il va, la France se résumera bientôt à Paris, toutes les autres provinces (où vivent les « rien », les « réfractaires », les « irresponsables ») ayant fait sécession. C’est le coût caché de la méthode jupitérienne : à force de mépriser les Français, la République, en ruines, se vide de son contenu.

C’est encore une fois par la Corse que les ennuis arrivent. L’incontrôlable Corse, que Macron aurait, selon le Canard Enchaîné, circonvenu en promettant l’autonomie, et qu’une vague de violences déstabilise soudain. 

L’annonce de la probable autonomie de la Corse avant des présidentielles complètement baîllonnées et contrôlées par les agences de communication donne l’occasion de brosser le portrait interdit du quinquennat d’Emmanuel Macron : tout entier fondé sur un mépris de classe et une gabegie élitaire qui ont désagrégé le pays et obligé un Président déséquilibré à céder les uns après les autres les joyaux de la couronne, pour compenser sa violence intérieure incontrôlable. 

La Corse et la méthode jupitérienne : un mauvais mélange

On l’a oublié mais, pendant la campagne électorale de 2017, Macron avait annoncé qu’il accepterait de discuter de l’autonomie de la Corse. Fidèle à sa méthode, il ne lui a fallu que quelques mois pour finalement renoncer à ce projet et trahir son engagement vis-à-vis des nationalistes. 

On y verra le double visage du mépris social qui habite les élites parisiennes, et en particulier l’énarchie, dont Macron est devenu une sorte de parangon. On pourrait presque dire que Macron est le Mozart de l’arrogance parisienne, et tout spécialement énarchique. 

Pourquoi double visage du mépris social ?

Parce qu’une face de ce mépris tient à la conviction répandue dans l’énarchie que la France est devenue une puissance moyenne qui n’a plus les moyens d’entretenir l’Outre-Mer, dont la Corse fait partie. Peu de Corses l’ont compris : mais leur nationalisme les campe aux yeux de nombreux décideurs parisiens dans la peau de bons sauvages, à peine supérieurs aux comoréens et aux guyanais, dont on ferait bien de se débarrasser parce qu’on n’a plus les moyens de les entretenir. 

L’autre face de ce mépris, c’est le droit auto-proclamé par l’énarchie de ne tenir aucune de ses promesses, au nom de la raison d’Etat. Nous incarnons l’intérêt général, donc nous avons le droit de mentir au jour le jour, car nous mentons pour le bien collectif…

Donc flouer les nationalistes n’est pas un problème. Ni flouer les autres d’ailleurs : il y a les torchons du peuple avec qui l’on “communique” en mentant systématiquement, et les serviettes de la décision qui connaissent les projets finaux : s’enrichir en utilisant l’argent allemand sous prétexte d’Union Européenne, et vendre par compartiment les joyaux de la couronne qu’on n’a plus les moyens d’entretenir. Entretemps, on aura transformé la France en un immense Club Med, nourri par le tourisme chic où de vieux indigènes gavés d’allocations sociales boivent des coups en terrasse au lieu d’aller bosser.

Le mépris social, une méthode qui plaît aux bourgeois…

Dans son logiciel à la Mc Kinsey, Macron n’a pas tort de fonder sa méthode de gouvernement sur le mépris social, puisqu’elle lui permet d’être réélu. 

La ficelle est simple : il faut se qualifier pour le deuxième tour, et s’y retrouver face à Marine Le Pen ou à Mélenchon. Pour y parvenir, le mode opératoire repose sur quelques mécaniques bien rodées. 

Premier rouage : disposer du soutien de la caste qui fait monter votre score. Pour 2022, Macron n’a ménagé ni son temps ni sa peine pour atteindre l’objectif. Un décret du 14 août 2020 a par exemple prévu une aide exceptionnelle à la presse, pour une valeur globale de 500 millions €, qui se sont ajoutés aux centaines de millions déjà dépensés d’ordinaire. 

Acheter la presse possédée par les milliardaires dont on a besoin pour être élu… voilà une méthode simple et efficace. 

Deuxième rouage : promettre des cadeaux fiscaux aux milliardaires qui font l’opinion. C’est l’objet même de la lettre de candidature de Macron, qui réexplique entre les lignes que l’Etat baissera les impôts des plus grandes entreprises et fera peser l’effort fiscal sur les classes moyennes. 

Troisième rouage : cliver l’opinion en reprochant aux adversaires de semer le désordre et en incitant sa base sociologique (en l’espèce les Français qui n’ont pas de problèmes de fin de mois) à affirmer son agressivité sociale et ses certitudes sur tous les sujets. 

On comprend sous ce jour la France de Macron sur son envie “d’emmerder les non-vaccinés”, qui constitue probablement la cristallisation de la méthode académique pour figurer au second tour : on s’appuie sur un journal ami (le Parisien, possédé par Bernard Arnault) pour affirmer ses valeurs et son mépris pour ceux qui ne les partagent pas. 

Quatrième rouage : morceler l’opinion et les candidatures pour éviter l’arrivée d’un troisième homme (ou femme) susceptible de changer le jeu. Le coup de maître a ici consisté à autoriser Bolloré à prendre le contrôle du groupe Lagardère (dont Macron est actionnaire !) et à lancer la candidature de Zemmour, qui affaiblit autant Marine Le Pen que Valérie Pécresse. 

Cinquième rouage : on évite le débat, en créant des situations d’urgence et en imposant des calendriers intenables. Sur ce point, on n’a pas assez relevé que le calendrier de la présidentielle a été mystérieusement avancé, mais que le mandat du Président se terminera dans les délais prévus…

Sixième rouage : on s’assure de ne tomber au deuxième tour que sur un ou une candidat(e) situé à un extrême de l’échiquier, de telle sorte que la peur du désordre en cas de victoire de ce challenger pousse la majorité à faire le choix contraint de la raison. 

L’effet produit par cette recette est simple : ceux qui ont intérêt à ce prurit social vous soutiennent et votent pour vous au premier tour, ce qui correspond à 20 % de l’électorat. On verra si, comme le font croire les sondages, Macron parvient réellement à pousser jsuqu’aux 30%. 

Il est vrai que la forte abstention prévisible à cette non-élection ouvre une vraie porte sur cette espérance. 

Le second tour est réduit au rang de simple formalité, et la réélection est acquise. 

On comprend que, dans ce schéma, ce qui compte, ce sont les 20 ou 25% de voix que l’on draine au premier tour, puisque le deuxième tour est gagné d’avance. 

Le coût caché (et suicidaire) du mépris social

Si la méthode Macron d’affirmation bourgeoise, de mépris social vociféré à la tête du peuple, lui garantit un succès électoral suffisant (les institutions de la Vè République ayant neutralisé la participation des classes populaires aux scrutins), elle comporte un véritable coût collectif que les médias achetés à prix d’or s’efforcent de dissimuler autant qu’ils le peuvent. 

Ce coût collectif est généré par le besoin permanent d’indemniser les fractions mécontentes de la population qui deviennent hostiles à un régime de plus en plus agressif et exclusif. 

On le voit avec la Corse : pour calmer les ardeurs d’un peuple dont on ne s’occupe pas, on finit par lui concéder son autonomie. 

On l’a vu avec les hôpitaux : affaiblis par des années de surdité vis-à-vis des problèmes systémiques d’organisation que la centralisation jacobine et bureaucratique produit, les personnels ont reçu le coup de grâce final avec la “suspension” des soignants non-vaccinés, décision qui a fini de mettre à genou les services opérationnels. D’où des mesures d’urgence anarchiques et un sentiment de malaise qui oblige à des revalorisations salariales, couramment appelées achat de la paix sociale à prix d’or. 

Et que dire du “quoi qu’il en coûte” adopté durant le COVID, mesure qui a littéralement ruiné la France, et qui promettait à chacun de vivre comme avant, mais au besoin sans travailler, à condition d’accepter sans rien dire l’incompétence des petits marquis aux pouvoirs et leurs foucades autoritaires. En échange de notre obéissance, l’assiette devait se remplir indéfiniment. 

On connaît la suite : l’état de nos finances publiques est cataclysmique, et le pire est à venir. Macron a troqué une paix sociale temporaire et sa réélection, contre une malédiction des générations à venir le temps qu’il faudra pour rembourser. 

A moins que la banqueroute ne soit déclarée et que l’affaire se règle par une inflation galopante qui ruinera les classes moyennes. 

Les médias aux ordres du pouvoir peuvent bien déplorer les populismes, souverainismes, comploitismes devenus majoritaires dans ce pays. La vraie gestion populiste à coup d’achats de voix par d’onéreuses mesures de pouvoir d’achat, c’est la méthode Macron.

Macron et la stratégie cachée du chaos

Il existe deux façons de gouverner : en rassurant, ou en inquiétant. 

Un Chirac a beaucoup cherché à rassurer, au point de ne plus rien faire. Macron a beaucoup cherché à inquiéter, au point de ne plus pouvoir rien faire. 

La réforme des retraites l’a démontré : présentée avec mépris et de façon clivante, elle a débouché sur la plus longue grève de l’histoire sociale récente, pour finalement finir à la poubelle. Macron est un beau parleur totalement impuissant à agir, si ce n’est avec des calculs à la petite semaine achetés à prix d’or à Mc Kinsey. 

Mais ce qu’il faut comprendre ici, c’est que la stratégie de Macron est une stratégie au bord du gaz. Cet homme-là a besoin de satisfaire sa mégalomanie en s’imaginant bouleverser l’histoire des hommes à chaque pas. Gouverner pour le bien du peuple ne l’intéresse pas. Ce qu’il veut, c’est marquer l’histoire, et pour y parvenir, il a besoin de mettre en scène son action comme si le destin du monde en dépendait à chaque instant.

Faute de pouvoir construire sereinement avec tout son peuple, il choisit donc de le mettre en permanence au bord du chaos pour satisfaire un fantasme pathologique de sauveur. 

Il a fait le coup au moment de l’affaire Benalla, en invitant les Français à aller le chercher. Sonné par le lynchage qu’il a évité de justesse au Puy-en-Velay, il a alors mis en scène d’interminables débats en carton-pâte abondamment télé-diffusés comme s’il tenait le pays tout seul. Parallèlement, il a ordonné une répression policière inédite, dont les médias de ses amis milliardaires ont scrupuleusement et scandaleusement nié la gravité, passant par des mutilations ahurissantes de manifestants pour faire taire la grogne. 

Nous avons évoqué le lamentable ratage de la réforme des retraites.  

Mais le sommet a probablement été atteint avec le coronavirus qui lui a permis de se déclarer en guerre et de mettre en scène son pathétique héroïsme de pacotille, fondé sur son combat obstiné contre les libertés et pour la mise de son peuple sous le boisseau. Soudain, toute divergence avec le pouvoir s’est transformée en mise au pilori sous l’accusation grotesque de complotisme ou d’irresponsabilité.

Certains conçoivent leur grandeur par l’amplitude de leurs réalisations. D’autres la vivent par les fantasmes, par la fausse monnaie de la “communication”, de la “narration”, du spectacle qui les entourent. 

En réalité, Macron est un fantasmeur. Il a créé de toutes pièces les conditions du chaos insurrectionnel grâce auquel il fait croire à son rôle pacificateur. 

Pour le pays, le coût de cette méthode est terrible. Comme les Allemands ne sont pas naïfs, ils finiront par nous imposer une banqueroute et des mesures vexatoires. 

Entretemps, la France aura reculé partout dans le monde, à commencer par l’Afrique qui est tombée dans l’escarcelle russo-chinoise. 

Mais qu’importe, Macron répète sans cesse le contraire à qui veut l’entendre, il vit tout entier dans la narration de sa grandeur, et les bourgeois qui votent pour lui sont contents, et même ravis. 

Macron, c’est la victoire de Bouvard et Pécuchet. 

Éric Verhaeghe

4 Commentaires

  1. « Corse, dettes publiques, dégradation sanitaire, appauvrissement : le vrai coût de la méthode jupitérienne Macron »
    Macron effectue tout simplement le boulot pour lequel il a été sélectionné et placé là, c’est-à-dire pour hâter la prochaine disparition volontaire des autorités politiques en charge de la France, afin que la ploutocratie, désignée du doux nom de « Nouvel Ordre Mondial », prenne définitivement les rênes de la France. Ça n’est pas plus compliqué que ça !
    Et c’est ainsi que l’équipe de traitres gouvernementaux actuelle, qui n’a aucune politique, et encore moins de politique socialiste, dans le sens « social » du terme, est en revanche l’un des principaux fers de lance de l’agenda globaliste consistant à appauvrir matériellement, physiquement et moralement la plus grande masse des gens peuplant la planète au profit de quelques usurpateurs, véritables escrocs économiques qui ont, aujourd’hui, pris l’ascendant sur les pouvoirs politiques des États.
    Blog : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/

  2. Lire Hillard avant d’écrire des articles.
    Dans ses livres, Hillard apporte toutes les preuves écrites émanant directement des instances internationales.

    ….Rien n’arrive par hasard.
    – La régionalisation de l’Europe est un acte fondateur pour le NOM.
    Dans ce plan, il est impératif que les nations meurent au profit des « régions ».

    – En ce qui concerne le mépris social de la haute bourgeoisie envers le peuple, ceci est un fait établi avec certitude depuis 1870.
    Date à laquelle, la haute bourgeoisie parisienne préféra carrément trahir le pays au profit de la Prusse, plutôt que de donner les reines à son peuple.

  3. Pour moi, il faut faire barrage dès le premier tour. Je n’ai rien pour Zemour mais il semble être le seul candidat capable de faire barrage au premier tour.

    Poutine fait de la stratégie avant tout.

    • Faut surtout que cette fois-ci tout le monde vérifie que les chiffres de décomptes fournis par sa municipalité correspondent à ceux officiellement enregistrés par le ministère de l’intérieur.
      Ce qui ne fut pas le cas au élection 2017, …dans l’indifférence la plus totale !https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wacko.gif

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