Des nouvelles de l’observatoire du complotisme

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Ha mes amis de conspiracywatch… Je vois qu’ils ont amélioré leur syntaxe depuis la dernière fois ; malheureusement (ou heureusement) leur argumentation se fait toujours à coup de boulets lancés dans le vide à l’intention de ceux qui ne veulent pas faire leurs propres recherches. Je vais essayer de faire ce que je peux malgré l’état de mes yeux, mais si quelqu’un veut confirmer à quel point ce sont des manipulateurs primaires qui ne savent jouer que de la technique “non mais oui”, il ou elle va devoir se taper les textes que je partage depuis deux jours sur ma page facebook “El Taso”. En gros leurs arguments sont :
 
1- Il n’y a pas eu de promesse des autorités américaines envers Gorbatchev concernant le non élargissement de l’otan à l’Est. Alors, dans les liens qu’ils fournissent eux-mêmes pour appuyer cette affirmation, on peut lire :
 
. «La publication, mardi 12 décembre, d’une analyse de 30 documents déclassifiés sous le titre «NATO Expansion: What Gorbachev Heard» réalisée par les chercheurs Svetlana Savranskaja et Tom Blanton est parue sur le site de National Security Archive, une association américaine à but non lucratif ayant pour mission de publier des documents officiels déclassifiés sur les questions de sécurité nationale. Il montre qu’en 1990 et 1991, des dirigeants occidentaux comme le président américain George Bush et le secrétaire général de l’OTAN Manfred Wörner, avaient déclaré au président soviétique Mikhaïl Gorbatchev ne pas être favorables à ce que des pays d’Europe centrale et orientale rejoignent l’OTAN.»

. «Contrairement à certaines présentations qui en ont été faite, il ne s’agit nullement « d’archives de l’OTAN », mais de documents diplomatiques nationaux. Une promesse formelle fut bel et bien faite en 1990 : celle de ne pas faire avancer la «juridiction militaire» de l’OTAN au-delà de la frontière interallemande. Ce qui n’empêchera pas les pays membres de l’OTAN de déclarer unilatéralement en 1997, pour rassurer la Russie, que l’Alliance ne déploierait ni armes nucléaires ni forces de combat substantielles sur le territoire des nouveaux pays membres.»
 
. «L’élargissement de l’OTAN n’a pas été discuté dans ces années-là. Une autre question a été abordée : s’assurer que les structures militaires de l’OTAN n’évolueraient pas et que les forces armées supplémentaires de l’Alliance ne seraient pas déployées sur le territoire de la RDA d’alors après la réunification allemande.»
 
. «Les documents* montrent que de nombreux dirigeants nationaux ont envisagé et rejeté l’adhésion de l’Europe centrale et orientale à l’OTAN dès le début de 1990et que les plaintes ultérieures des Soviétiques et des Russes, qui se plaignaient d’avoir été trompés sur l’expansion de l’OTAN, étaient fondées sur des mémoires et des téléconsultations écrites contemporaines aux plus hauts niveaux. Les documents renforcent la critique de l’ancien directeur de la CIA, Robert Gates, selon laquelle “l’expansion de l’OTAN vers l’esta été poursuivie avec insistance, alors que Gorbatchev et d’autres étaient amenés à croire que cela ne se produirait pas.” Le président George H.W. Bush avait assuré à Gorbatchev, lors du sommet de Malte en décembre 1989, que les États-Unis ne profiteraient pas des révolutions en Europe de l’Est pour nuire aux intérêts soviétiques.»
* des documents déclassifiés américains, soviétiques, allemands, britanniques et français mis en ligne aujourd’hui par les Archives de la sécurité nationale de l’Université George Washington (les documents sont disponibles ici : http://nsarchive.gwu.edu)
 
. «Gorbatchev précise que l’URSS voulait surtout «s’assurer que les structures militaires de l’OTAN n’avanceraient pas, et que des forces armées supplémentaires ne seraient pas déployées sur le territoire de l’ex-RDA après la réunification allemande». Et d’ajouter: «Tout ce qui aurait pu être et devait être fait pour consolider cette obligation politique a été fait.» [ note : de nos jours : 50 000 soldats états-unien en Allemagne+des missiles nucléaires US] Gorbatchev y affirme bien que l’élargissement de l’OTAN constituerait une trahison de ce qu’était selon lui «l’esprit» des discussions de l’époque, mais réaffirme qu’aucun engagement formel n’avait été pris. Les Russes continuent d’affirmer que les Occidentaux auraient néanmoins offert des garanties informelles.»
 
. «Anatolii Adamishin, qui était vice-ministre soviétique des Affaires étrangères en 1990, a affirmé en 1997 que “l’on nous avait dit, pendant le processus de réunification de l’Allemagne, que l’OTAN ne s’étendrait pas”. D’autres anciens responsables soviétiques, dont Mikhaïl Gorbatchev, ont fait des affirmations similaires en 1996-1997. l’ancien secrétaire américain à la défense Robert McNamara a affirmé que “les États-Unis se sont engagés à ne jamais étendre l’OTAN vers l’est si Moscou acceptait l’unification de l’Allemagne”. Selon ce point de vue, “l’administration Clinton a renié cet engagement” lorsqu’elle a décidé d’étendre l’OTAN à l’Europe de l’Est”. Ces affirmations ont été vivement contestées par d’anciens responsables politiques américains. La récente déclassification de documents d’archives essentiels en Allemagne, en Russie, aux États-Unis et dans de nombreux autres pays européens permet enfin d’apporter des éclaircissements sur la base de documents contemporains.»
 
Le reste des articles fournis par conspiracywatch pour “démonter” cette soi-disante fake new fonctionnent de la même manière selon le modèle “non mais oui mais non quand-même”…
 
2- Les journalistes du Canard réfractaire verseraient dans le négationnisme historique. Conspiracywatch leur prête les théories suivantes : «L’Ukraine n’aurait jamais existé avant 1991, date à laquelle plus de 90 % des Ukrainiens ont voté pour l’indépendance de leur pays. Un balayage très rapide de l’Histoire qui omet, entre autres, l’indépendance de la République populaire d’Ukraine (1917-1920) ou la naissance d’un sentiment nationaliste ukrainien dès les années 1930 pendant l’Holodomor infligé par l’URSS.»
Alors, je ne me souviens pas de la vidéo entière de 40 min, mais je crois bien qu’à aucun moment il n’y est soutenu que «L’Ukraine n’aurait jamais existé avant 1991», comme il n’y est jamais nié les autres faits historiques mentionnés dans la citation ci-dessus. Il faudrait regarder la vidéo de nouveau pour savoir si Conspiracywatch ont ici pratiqué la lâche calomnie, chose que je ferai sous peu dès que j’aurai un peu de temps.
 
3- Les accusations de connivence des autorités politiques ukrainiennes et états-uniennes avec l’extrême-droite seraient infondées (ou plutôt, si l’on lit bien le brouhaha qu’ils nous racontent, “mal fondées”). Ici, i vous voulez des éléments pour appuyer la thèse de la grande mauvaise foi de conspiracywatch, vous allez devoir lire les extraits d’articles que j’ai posté ces derniers jours, et les lire dans le détail malheureusement. Les exemples abondent, et je ne parle pas de sources venant de Russie.
 
Je vous ais au moins retrouvé un exemple pertinent sur wiki :
«Le 2 novembre 2021, Dmytro Iaroch, l’ancien chef de l’organisation “Secteur droit” (un parti politique ultranationaliste ukrainien fondé en tant que confédération paramilitaire en novembre 2013, durant les événements relatifs à Euromaïdan, pendant lesquels il joue un rôle notable), a été nommé conseiller du commandant en chef des forces armées ukrainiennes.» Je répète : “conseiller du commandant en chef des forces armées”. C’est pas un phénomène marginal.
 
un autre exemple tiré de wikipedia :
«Depuis que le parti Svoboda joue un rôle important dans la vie politique ukrainienne, le parti supprime des passages antisémites de son programme et s’applique à éviter des déclarations trop extrêmes afin d’améliorer son image auprès d’un plus large public.»
 
encore un exemple : «Et si en réalité la Russie reprochait plutôt à l’Ukraine d’avoir intégré au sein de ses forces armées des unités proches de l’extrême droite ? Dans une note en date du 3 janvier 2016, l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) était loin de négliger l’action de l’extrême droite dans le pays.» (https://lecourrierdesstrateges.fr/…/quand-le…/)
 
4- Les journalistes du Canard réfractaire critiqueraient la présence de l’extrême-droite en Ukraine, mais ne diraient rien au sujet d’UN militant extrême-droite russe qui aurait participé au mouvement des gillets jaunes. Conspiracywatch citent ensuite un article qui parle d’une trentaine de français partis combattre ces dernières années dans le Donbass dans le camp des russes. Parmi cette trentaine de français, “7 ou 8” auraient été rattachés à l’extrême-droite française. Et à partir de là, conspiracywatch se permet de parler noir su blanc de «la présence de militants néo-nazis côté pro-russe». La technique de l’anecdote mise sur un pied d’égalité avec les phénomènes qui pèsent véritablement. On a envie de leur chier dessus.
Ha, et au passage, ils rabâchent bien que toutes ces soi-disant fake news colportées par le Canard réfractaire, sont avant tout colportées par… Mélenchon et Zémour, beh voui, les extrêmes se rejoignent, c’est bien connu mais heureusement que les “surveillants de la conspiration” sont là pour nous le rappeler (ironie de ma part, je précise on sait jamais par le temps qui courent).
 
 
Edit : pour rappel, un peu de contexte tiré de wikipedia au sujet de cette fine équipe de conspiracywatch…
«Benoît Bréville, rédacteur en chef du Monde diplomatique (La ligne éditoriale du Monde diplomatique est associée à la gauche antilibérale), estime que Rudy Reichstadt (le fondateur de conspiracywatch) n’a «rien d’un chercheur», que «son site relève davantage du blog collectif que d’un quelconque “observatoire”», qu’il «n’aime pas les critiques» et «n’aime pas non plus ce qui lui paraît trop à gauche» au regard des accusations lancées à de nombreuses personnalités de la gauche radicale.
 
Le politologue Julien Giry juge que «Conspiracy Watch produit un discours anticonspi qui dramatise la situation et permet de légitimer son existence», ce qui amène un résultat «ni rigoureux ni neutre». Selon ce politologue, Reichstadt a tendance à écarter ce qui ne va pas dans son sens, y compris la plupart des travaux de recherche, et il développe dans son livre une «vision pathologisante» du phénomène complotiste, «sans volonté de compréhension sociale et sociologique». Giry émet alors l’avis que Conspiracy Watch contribue à la radicalisation de gens qui doutent, en les associant à des propagandistes dangereux.
 
Dans son livre «L’Opium des imbéciles», Rudy Reichstadt (le fondateur de conspiracywatch) fustige la tolérance au complotisme, dont la dangerosité est, selon lui, sous-estimée. Il affirme que le complotisme affaiblit le débat public rationnel, indispensable à la démocratie. Il déclare que : «la théorie du complot falsifie l’histoire. Elle parasite le fonctionnement de la démocratie. Elle dissuade les parents bien-portants de vacciner leurs enfants. Elle protège les dictateurs. Et le complotisme est utilisé par bien d’autres acteurs, qui s’exonèrent en utilisant des arguments préfabriqués.» Notons que le passage brutal de ceux qui ne veulent pas se vacciner aux dictateurs ne relève pas du tout, mais alors pas du tout, des “arguments préfabriqués”, hein.

Xelnaga

xelnaga

2 Commentaires

  1. Petite remarque :

    Dans la listes des pays agressé par les américains, il manque la SYRIE en 2017 avec la participation active du criminel contre la paix : MACRON

  2. Effectivement, trés instructif !
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