On dirait que les « néocons » US, veulent mettre Trump dans une position où il lui sera difficile de négocier après son investiture, tant en Ukraine qu’au Moyen-Orient. La situation est grave…
Le 20 décembre à 19h, Éric Dénécé et Laurent Artur du Plessis sont les invités de La Grande Émission animée par Nicolas Stoquer en direct sur Géopolitique Profonde.
Éric Denécé, docteur en science politique, dirige le Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) et sa société de conseil en Risk Management (CF2R SERVICES). Ancien officier-analyste et spécialiste en intelligence économique, il a occupé divers postes stratégiques dans la défense et la communication internationale, tout en menant des missions sensibles au Cambodge, en Birmanie et dans les pays des « révolutions » arabes. Parallèlement, il a enseigné dans de prestigieuses institutions et publié de nombreux ouvrages sur le renseignement, l’intelligence économique et le terrorisme, récompensés par plusieurs distinctions.
Laurent Artur du Plessis est un analyste reconnu pour sa capacité à décrypter les complexités des relations internationales. Dans son ouvrage “Au cœur de la 3e guerre mondiale”, il explore les tensions géopolitiques qui définissent notre époque. Avec une approche rigoureuse et documentée, il examine les stratégies des grandes puissances et les répercussions potentielles sur l’équilibre mondial
Poutine monte d’un cran : Israël et l’Occident sous le feu russe
La Russie frappe fort contre Israël. Lors de sa grande conférence annuelle, Vladimir Poutine a dénoncé sans détour les interventions israéliennes en Syrie, qualifiant leur présence de violation flagrante de la souveraineté syrienne. « Le principal bénéficiaire des événements en Syrie est Israël. La Russie condamne la saisie de tout territoire syrien », a martelé le président russe. Ces mots, loin d’être anodins, traduisent une volonté claire : repositionner Moscou comme acteur incontournable dans une région en proie à l’instabilité depuis plus d’une décennie. Poutine cible non seulement Israël mais, par extension, les États-Unis, accusés d’encourager cette escalade via un soutien indirect. La Russie ne tolérera plus les jeux d’influence occidentaux sur son terrain stratégique.
Ce discours marque une nouvelle étape dans la confrontation des grandes puissances au Moyen-Orient. Depuis l’intervention russe en Syrie en 2015, Moscou a imposé sa présence, redonnant du poids à un régime syrien affaibli. Mais Israël, en bombardant régulièrement des positions militaires syriennes sous prétexte de contrer l’Iran, défie cette stabilité relative. Pour Poutine, cela équivaut à exploiter le chaos syrien pour sécuriser des gains stratégiques aux dépens de la souveraineté régionale. Une ligne rouge qui pourrait entraîner une réaction musclée de Moscou si Israël persiste.
Le chaos syrien, théâtre des ambitions néoconservatrices
La guerre en Syrie dépasse largement les enjeux locaux. Ce conflit met au grand jour le cynisme des puissances occidentales et de leurs alliés dans leur quête de domination géopolitique. Après avoir semé le désordre en Afghanistan, en Irak et en Libye, les néoconservateurs américains poursuivent une stratégie de démantèlement des États arabo-musulmans. Le chaos est l’objectif. En soutenant indirectement des factions armées et en fermant les yeux sur les exactions de leurs alliés, les États-Unis entretiennent un terrain fertile pour des conflits perpétuels.
La Syrie, bastion historique de résistance face à Israël et à l’expansionnisme occidental, est devenue l’exemple parfait de cette stratégie. Les interventions israéliennes, justifiées par des prétextes sécuritaires, ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Derrière, c’est une mécanique bien huilée : l’Occident arme des milices, orchestre des guerres par procuration et maintient des sanctions économiques pour briser toute tentative de reconstruction. Mais face à cette machine de guerre, Moscou s’érige en rempart, bousculant les calculs des stratèges américains.
La Turquie profite du chaos pour s’imposer
Dans ce jeu complexe, la Turquie joue également sa carte. Recep Tayyip Erdoğan, obsédé par la question kurde, exploite l’instabilité syrienne pour régler ses comptes avec les Kurdes, qu’il considère comme une menace existentielle. Depuis plusieurs années, Ankara bombarde sans relâche les positions kurdes dans le nord de la Syrie et multiplie les incursions militaires sous couvert de sécuriser ses frontières. Cette politique agressive ajoute une couche supplémentaire à un conflit déjà embourbé.
La stratégie turque est claire : profiter du vide laissé par l’affaiblissement syrien pour élargir son influence régionale. Mais cette démarche ne se fait pas sans tensions. Si Ankara et Moscou coopèrent ponctuellement, notamment dans le cadre des accords d’Astana, leurs intérêts divergent sur de nombreux points. Le durcissement de la posture russe face à Israël pourrait donc indirectement impacter les ambitions turques, créant une dynamique imprévisible dans une région où les alliances évoluent rapidement.
Un Proche-Orient pris dans un engrenage destructeur
Le Proche-Orient s’enfonce dans une crise sans précédent. La Syrie, au centre de cette guerre d’influence, est un champ de ruines où s’affrontent les grandes puissances et leurs alliés locaux. C’est un affrontement global pour le contrôle des routes énergétiques, des alliances stratégiques et du positionnement militaire.
Poutine le sait et agit en conséquence. En dénonçant Israël et l’Occident, il pose un acte politique fort, destiné à galvaniser les partenaires de la Russie dans le monde arabe tout en envoyant un avertissement clair à ses adversaires. Mais dans ce jeu d’échecs géopolitique, où chaque mouvement peut avoir des conséquences catastrophiques, le risque d’un embrasement généralisé reste élevé. La question n’est plus de savoir si ce chaos prendra fin, mais qui en sortira gagnant.
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