Chronique Vagabonde | Par Lediazec

Source Lediazec

Mi-octobre. 8 h du matin. Il fait noir. Le jour tremble à l’idée de devoir se lever. Une pluie fine et poisseuse tamise la lumière jusqu’à la rendre opaque. La couette remontée jusqu’aux yeux, je flemmarde comme un militant dépressif se livrant à des séances d’autostimulation, découvrant soudain que l’hiver peut vous saisir à n’importe quelle saison.

Le mal que je me trimballe ! J’ai le melon comme une pastèque qui a trop pris le soleil. Une nuée de mouches la survolant, attendant le moment pour s’y jeter dessus pour un festin de tous les diables. Adieu sucre ! Adieu fraîcheur ! Pas le moindre cacheton de Doliprane pour me soulager ! Et pour cause ! L’usine va être donnée aux Amerloques, comme tout ce qui fonctionne dans ce pays ! La France est devenue la Foire du Discount !

Les Psys que je consulte par le biais des pages Web multiplient les fausses pistes de lien en lien, comme dans une intrigue d’Alfred Hitchcock ! Heureusement que les séances sur le Web sont gratuites ! Un canapé et une tablette suffisent à mon bonheur. Ça yoyotte là-dedans comme dans une usine de yaourts !

Les spécialistes se disputent mon clic, avec appel et contre-appel, comme des joueurs de foot dans un match à enjeu !

Dans mon petit traité sur l’immensité des gouffres, je n’ai pas encore atteint le niveau zéro de la désespérance. Je m’accroche ! À l’instar de monsieur Tesson dans Les chemins noirs, j’évite les grandes artères de la « civilisation ».

À mon chevet, mon livre de citations préféré. Une sorte de réponse à tout où sont groupées les questions les plus courantes et les réponses les plus définitives. Bien que cela n’existe pas, il est rassurant de penser qu’il y a des réponses définitives à tout. Je ne me sépare jamais de ce petit livre vert de l’Espérance. Où que j’aille, il est dans ma bandoulière, n’attendant que le moment opportun pour clouer le bec à ces abrutis de contradicteurs, soumis à l’esclavage par le mirage d’un bonheur factice ! Inutile de les renvoyer à l’école, ces camps de rééducation, c’est elle qui les a rendus idiots !

Dans l’état actuel des choses, le choix, si choix il y a, n’est guère réjouissant. La dérive est si bien orchestrée qu’il ne reste qu’une alternative possible entre capitalisme et capitalisme : le capitalisme ! C’est ainsi, sauf que l’une des deux appellations est à vocation Sataniste !

Que nous applaudissions avec les oreilles ou avec les voûtes plantaires, le résultat ne fait pas de doute : c’est une ratonnade !

Ben quoi, le monde serait tellement pourri que même le rêve en est proscrit ? Non, il n’est pas interdit de rêver. Pas encore. Mais bientôt, il sera interdit d’exprimer ses rêves, d’en échanger le contenu. Le contrôle sera absolu.

Je pense à Jack London et à son Vagabond des étoiles. À ce condamné à mort, enfermé dans une taule américaine, soumis au supplice de la camisole pour refus d’obtempérer. Afin de s’évader, il pratique l’autohypnose ou l’évasion par la pensée. C’est par ce moyen qu’il devient escrimeur sous Louis XIII, jeune garçon de courses pendant la Ruée vers l’or, navigateur en Corée, centurion en Palestine, avant un final inéluctable, comme celui de tout être vivant…

Tout ça, nous pouvons encore le penser et l’écrire, mais plus pour longtemps. Le temps, comme le lever du jour, a du mal à quitter son habit noir !

Sous l’Casque d’Erby

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