Avec le prêche dans le désert, ça devrait aller, continuons à creuser.
Source Lediazec
Il y a des choses tellement obsolètes que les évoquer est sacrilège aux yeux de qui la vie n’est que « tendance ».
Modeste paroissien, m’étant signé à de multiples reprises, pour pardonner ou me faire pardonner, j’ai de plus en plus de mal à tendre l’autre joue.
Cela fait longtemps qu’on ne dit plus femme de ménage, parlant du métier de la voisine, ça ne fait pas propre. « Technicienne de surface », ç’a plus de gueule !
Dans le même ordre d’idées, on ne dit plus ouvrier, lutte des classes, pauvre ou exploité. Si vous persistez à utiliser ces termes, vous devenez une espèce de moine emphatique pérorant dans le vide, et par ce fait l’article qu’on propose dans les objetèries, ces boutiques qui fleurissent avec la crise, vendant des objets recyclés à bas prix.
Pas qu’une femme de ménage, un ouvrier, un prolo, un indigent ou la lutte des classes aient disparu de nos vies, emportant misère et humiliation outre-monde. Il n’est tout bonnement pas souhaitable d’en faire état, puisque notre monde de référence fait l’objet d’un tour de passe-passe, où la sémantique est un luxe suranné.
Mon voisin est ouvrier agricole. Quand vous lui demandez quel métier il fait, il répond naturellement « ouvrier agricole ». Que voulez-vous qu’il dise d’autre, qu’il est citoyen écoresponsable missionné pour butter le tubercule ?
La destruction des valeurs d’un monde ne passe-t-elle pas par l’appauvrissement de la langue et des idées dont il s’est nourri pendant des siècles ?
Ne dites plus Santé Publique, énoncez quai de gare où, massés, les voyageurs attendent un train qui ne vient pas. Car, désormais, obtenir un rendez-vous dans un service est au moins aussi long qu’une demande de passeport. Si donc vous êtes au plus mal, un remède : prenez le mal en patience, nous avons changé de dimension !
Quant au nom masculin de docteur, il faut nous habituer à le désigner comme sujet de plateau en bllouse métal, au service des laboratoires dont il est l’agent, grassement rétribué pour vous faire avaler des saloperies avec onctuosité.
Un métier qui ne connaît pas le chômage et qui va jouir d’un bel avenir : fossoyeur. Rien à dire là-dessus, ça creuse et ça brûle dans le silence des sépulcres !
De même avec les informations du journal télévisé, qu’on gobe comme un œuf cru. Bientôt, on ne dira plus « le journal », mais le Miniver, ou Ministère de la Vérité ! Tout comme on ne doit pas déclarer vivre sous dictature pour désigner le régime de la France, mais, démocratie homogène !
Même principe concernant les incendies volontaires des forêts. Nous devons penser autrement. Ces feux sont le résultat du réchauffement climatique et des subséquentes montées de températures et non l’œuvre de mains criminelles ! Le suggérer vous rend suspect de complot !
Le même exemple s’applique au carbone et à sa taxe, ce qui amène à poser la question de la manière la moins emphatique possible : pourquoi chercher à faire disparaître le carbone alors qu’en alimentant les forêts, il donne l’oxygène dont nous avons besoin pour vivre ?
Allez en paix, mes chères sœurs, mes chers frères !
Sous l’Casque d’Erby
Je vous souhaite un bon dimanche père Lediazec. 🙂
Excellent billet.
On n’est pas en dictature puisque 90% des gens sont d’accord ou s’en foutent. Les dits 90 sont en servitude volontaire, les dix autres en résistance.
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Ah là là Rodo….
Ajoutons : on ne dit plus ministre, mais sinistre, caissière mais hôtesse de caisse, banquier mais bankster, gardien de la paix mais FDO……
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« La destruction des valeurs d’un monde ne passe-t-elle pas par l’appauvrissement de la langue et des idées dont il s’est nourri pendant des siècles ? »
C’est vrai, mais je ne suis pas convaincu que ce soit vraiment nécessaire.
Le principe du « Te plains pas, y’a pire ailleurs » me semble beaucoup plus efficace et utile pour cette destruction.
C’est une valeur qui ne date pas d’hier. Qui de ceux de ma génération ou de celle d’avant n’a pas entendu dès son plus jeune âge des « Ne fait pas le difficile avec la bouffe, ailleurs ils meurent de faim » ?
C’est ce principe déjà bien ancré qui m’inquiète davantage.
Il suffit de faire passer des choses abominables contre de toutes petites minorités pour pouvoir, au nom de ce principe, les étendre progressivement en disant à ceux qui vont subir l’inacceptable « Te plains pas, t’as de la chance de ne pas être dans une catégorie pire que la tienne, alors fait un effort ».
Genre, t’es un vieux dans un Ehpad privé qui coute un bras pour un service pourri ou on te laisse baigner dans tes excréments, mais tu ne dois pas te plaindre, t’as de la chance de ne pas être dans un Ehpad public pas cher ou on ne te lave qu’une fois par semaine et t’es même pas sur de manger à ta faim.
Oh oui, je suis un privilégié, je ne baigne dans ma merde que 4 à 6 heures par jour, youpi…
L’art de traiter les gens comme des déchets en leur faisant croire qu’ils sont des privilégiés, parce qu’il existe pire…
Bonjour. Merci pour l’article et puis le petit dessin d’affiche. Rien qu’à l’expression « en liesse », je pouvais sentir l’esprit de François Beranger.
Le « magouille blues » confirme. C’était quelqu’un! Des bonnes chansons il en a fait. Comme il dit quelque part, « ce n’est pas tant que les murs ont des oreilles, que des oreilles qui ont des murs ».
Oui, le zappage de pensées insoumises s’opèrent de bien des manières, le langage bien sûr et le « c’est pire ailleurs ». Merci Radagast pour amener ça sur le tapis. N’oublions pas de nous extasier. C’est la belle saison. La vie est belle. Oui le sordide du système est révoltant, même si peu d’entre nous se révoltent. J’espère que, malgré un sentiment d’impuissance à changer quoi que ce soit radicalement, nous saurons nous enraciner profondément et puiser à la Source qui nous confère le pouvoir véritable. Le pouvoir juste.
Bonne continuation. Merci.