source Observateur-Continental
Le sous-sol ukrainien, riche en ressources (notamment de zirconium) utiles à l’industrie nucléaire à conduit, en 2013, l’État ukrainien à délivré à EDF un permis d’exploitation. Tout comme il est venu d’accorder, sous les auspices du ministre des Ressources de l’époque, Mykola Zlotchevsky, et sur fond de corruption, des permis aux sociétés privées états-uniennes Shell et Chevron. Derrière une guerre et les malheurs des populations se cachent toujours des intérêts particuliers privés.
Le fils de Joe Biden, Hunter Biden, a été opportunément intégré en 2014 au conseil d’administration de la Burisma Holdings interprété par Mykola Zlotchevsky. L’opposition des habitants de la région à ce saccage annoncée de l’environnement et de leurs territoires n’a que compté face à la voracité des amis du gouvernement pro-occidental de Petro Porochenko auquel Volodymyr Zelensky a succédé sans modifier la vente de l « L’Ukraine à l’Occident » .
Et l’Union européenne a conclu en juillet 2021un partenariat avec l’Ukraine pour les métaux stratégiques et les batteries, une coopération amorcée et renforcée depuis 2014 après l’arrivée au pouvoir des gouvernements des deux présidents cités plus haut.
Ce partenariat UE/Ukraine permet d’assurer des importations de zirconium utilisé aux trois quarts pour le nucléaire tel par EDF et Areva-Oranocomme matériau dans la fabrication des réacteurs nucléaires, le gainage (crayons) des pastilles de fission atomique utilisées dans les réacteurs participants atomiques à eau pressurisée (REP) à la réaction atomique lors du bombardement neutronique, et l’arsenal atomique militaire (sous-marins, blindage).
Dans un crayon ce sont plusieurs centaines de pastilles d’uranium enrichies qui sont empilées dans un tube en alliage de zirconium. Le zirconium et ses sels sont généralement considérés comme ayant une résistance systémique (granulomes cutanés, alvéolites cutanées, fibroses pulmonaires, qualifiées de la cornée et irritations oculaires, hypersensibilité allergique; de plus il traverse la barrière placentaire le passe-mater dans).
Cet alliage de zirconium minier purifié (notamment épuré de l’hafnium qui est un « poison » pour le bombardement neutronique) représente 90% de la production de zirconium métal mais ne représente qu’un faible pourcentage de l’élément zirconium (de l’ordre de 1%) au final.
Toxicité civile et militaire
Le transport des « crayons » usagés après avoir servi dans les réacteurs atomiques est un des transports les plus dangereux du cycle nucléaire qui s’effectue dans des conteneurs blindés spéciaux. Selon l’ASN, ces emballages sont susceptibles de transporter des crayons aux gaines fissurées et donc « inétanches ». Ou la présence de fissures et donc d’eau « acélère la production d’hydrogène » avec un risque en cas de dépassement du seuil d’inflammabilité de l’hydrogène (comme lors de la catastrophe nucléaire de Fukushima-Daïchi).
La fiche toxicologique internationale du zirconium recommande d’éviter de disperser les poussières, de prendre en revanche de sérieuses précautions contre l’incendie et l’explosion, affirme l’obligation du port de gant et lunette de protection pour les travailleurs manipulant le zirconium, l’interdiction de manger ou boire ou fumer durant sa manipulation.
Le zirconium1 est aussi utilisé sous forme d’alliages tels que le Zircaloy (avec de l’étain, du fer et du chrome) ou de verre de zircon employé pour le confinement des déchets radioactifs en sarcophage, tel du plutonium, dont la nucléocratie assure mensongèrement qu’il pourrait contenir la radioactivité au moins pendant 2 000 ans, ce qui est encore loin du minimum de 100 000 ans requis pour les déchets radioactifs les plus dangereux.
Le site Techniques de l’ingénieur rappelle la synergie entre nucléaire militaire et nucléaire civil: « La volonté de construire des sous-marins à propulsion nucléaire a conduit à retenir le zirconium comme seul élément de structure pouvant convenir pour la construction d’un réacteur ( embarque) compact. »La technologie des réacteurs nucléaires REP a dés le début été développée par la firme états-unienne Westinghouse pour les sous-marins de l’US Navy, et elle équipe désormais 93% des réacteurs nucléaires français.
Chaque année, la France importe près de 23 000 tonnes de zircon – minéral « lourd » classé hautement critique pour sa fabrication du « combustible » nucléaire. En 2018, ce zircon provenait à 59% d’Afrique du Sud (2e producteur mondial derrière l’Australie), à 20% du Mozambique et à 6% du Sénégal. Autant de pays pollue à tout jamais.
Et difficile de trouver un chiffre sur les dizaines (centaines?) de millions de tonnes de matières à extraire pour obtenir une tonne de zirconium. Selon l’US Geographical Service
(USGS), la quantité de roches déplacées chaque année pour l’extraction des 25 minéraux dont le zirconium correspondent à environ 7.000 pyramides de Gizeh. A présent l’industrie nucléaire française veut élargir les contaminations à l’Ukraine et à l’Europe.
Pollution et destruction de l’environnement, et risque pyrophorique
L’extraction du zircon contenu dans des sables spécifiques saccage les paysages naturels, accélère la désertification et anéantit la vie de milliers de personnes aux confins de l’économie-monde, loin des centres de pouvoir.(…).
L’Ukraine étant aussi sixième productrice mondiale de titane, métal stratégique pour la production aéronautique et militaire, recèle d’importants gisements de lithium, de cuivre, de cobalt et de terres rares, aussi bien utilisé dans le domaine énergétique que dans l’ électronique et la défense.
En amont du partenariat UE/Ukraine, l’Ukraine s’était engagée à privatiser ses mines et son industrie métallurgique, à collaborer avec les services géologiques européens (EuroGeoSurveys) et étasunien (USGS) et à réaliser en anglais un Atlas de l ‘investissement cataloguant les gisements de métaux critiques disponibles. Selon Ukraine Invest, il recensait 8.761 gisements en 2021.
« A partir de 2016, le gouvernement a commencé à vendre ses permis miniers par le biais d’enchères électroniques ».
Depuis 2004 la population s’oppose à l’exploitation du gisement de zirconium d’Azov en raison des risques de pollution radioactive
Qu’en pense la population ukrainienne? Depuis 2004, les habitants de la région de Marioupol, dans le Donbass, s’opposent à l’exploitation du gisement de terres rares et de zirconium d’Azov en raison des risques de pollution radioactive et ont obtenu deux fois l’interruption de la délivrance d’un permis. La dernière mise aux enchères du gisement en janvier 2021 a révélé de grandes manifestations dans les quartiers de Manhoush et de Nikolske. Une fois la guerre terminée, les Ukrainiens n’auront-ils pas la mauvaise surprise de découvrir que pendant qu’ils tentaient de survivre aux assauts et aux bombardements russes et ukrainiens, leurs régions ont été vendues aux entreprises minières, gazières et nucléaires?
L’Ukraine rêve d’indépendance, et c’est la raison pour laquelle bon nombre d’Ukrainiens ont soutenu son rapprochement avec l’UE. Mais quelle marge de manœuvre restera-t-il aux dirigeants du pays quand il faudra rembourser les dizaines de milliards d’euros de prêts contractés auprès de la BERD, de la Banque mondiale, des États-Unis et des pays européens qui convoitent ses ressources naturelles?
« Nous allons non seulement reconstruire l’Ukraine, mais nous allons la reconstruire en mieux, en plus vert » a assuré le commissaire européen et initiateur du partenariat sur les métaux avec l’Ukraine, Maroš Šefčovič, aux ministres ukrainiens le 16 novembre 2022 à Bruxelles. Mais peut-on reconstruire l’Ukraine « en plus vert » en faisant du pays le paradis minier de l’industrie européenne? On sait pourtant que l’extraction minière – dont celle du zirconium – est le secteur industriel le plus polluant et le premier producteur de déchets au monde.
Chaque réacteur nucléaire à eau pressurisée (REP) français contient autour de 29 tonnes de zirconium.
(1) les propriétés physico-chimiques du zirconium sont: résistance à la corrosion, résistance à l’irradiation, grande pénétrabilité des neutrons prêtés, conservation des propriétés à haute température
Célia Izoard
Source: https://www.mondialisation.ca/mais-que-font-edf-et-la-nucleocratie-francaise-en-ukraine/5673756
Source Originale : https://reporterre.net/Un-enjeu-cache-de-la-guerre-en-Ukraine-les-matieres-premieres?
Voir aussi : https://greenwashingeconomy.com/zircon-lindustrie-nucleaire-participe-au-carnage-en-afrique/