Par H16

Dans les années 70, la France pouvait s’enorgueillir de finances saines et se contentait de perdre la 7e Compagnie. Cinquante ans plus tard, elle n’a toujours pas retrouvé la 7e Compagnie et perd, avec elle et beaucoup d’autres choses, plus de 6 milliards d’euros dans sa protection sociale.
Comme l’explique un récent communiqué de la Cour des Comptes, si le reste des comptes de la Sécurité sociale française est globalement certifiable et certifié, il n’en va pas de même pour la « branche famille » (i.e. la CAF) dont les versements de prestation comporte de nombreuses erreurs – représentant tout de même 8% du montant total des prestations. L’institution souligne en particulier que « plus d’un quart des montants versés au titre de la prime d’activité est entaché d’erreurs. »
Cependant, détendez-vous : ces 6,3 milliards ne sont bien évidemment pas perdus pour tout le monde, puisqu’ils proviennent des « erreurs commises par les allocataires lorsqu’ils remplissent leurs déclarations de ressources », ce qui est une façon pudique d’expliquer que des milliards d’euros s’envolent suite à un mélange de fraudes, ou, dans le meilleur des cas, suite aux erreurs de remplissage des formulaires et autres cerfas véritablement abscons d’une institution qui ne fait qu’empiler bureaucratie et tubulures législatives chromées dans tous les sens.
Mieux encore : comme le délai de régularisation de 24 mois est passé, cet argent ne sera jamais récupéré.
En outre, cette absence de certification n’est pas la première. On se rappelle qu’en 2022 et en 2023, la même Cour des Comptes avait noté le foutoir que constituait les sprinklers à pognon de la branche famille. Pour les autres branches, il va de soi que ce n’est que très marginalement meilleur, puisque, comme les années précédentes, la Cour certifie les comptes « avec réserves » : « une indemnité journalière nouvellement attribuée sur quinze est erronée » pour la branche maladie, « le montant estimé des erreurs affectant les règlements de frais de santé se dégrade par rapport à 2023 et atteint 3,3 milliards d’euros, contre 3,1 milliards en 2023 », et concernant les retraites, « une prestation sur dix attribuée à d’anciens salariés comporte une erreur financière ».
C’est parfaitement consternant mais l’opacité des calculs, des droits, des versements et à la fin, des comptes de la Sécu, qui constitue de fait un État dans l’État, ne devrait cependant surprendre personne puisque c’est à dessein : cette illisibilité permet toutes les largesses, toutes les bidouilles, tous les détournements. Elle autorise les arrosages et, en échange, elle transforme l’argent public en huile indispensable dans les rouages d’une société qui s’appauvrit et s’épuise mais qui, grâce à ces arrosages, dépend toujours un peu plus de l’État.
Néanmoins, 6,3 milliards d’euros en goguette, voilà qui fait tache lorsque le gouvernement prétend chercher des dizaines de milliards d’économie : les mêmes principes et les mêmes méthodes étant en place tant côté État central que côté Sécurité sociale, on se doute que les mêmes gabegies sont monnaie courante dans tous les ministères.
Il suffit d’ailleurs de revenir sur le véritable sketch du budget 2025, avec un trou de 100 milliards d’euros « découvert » par ces deux renflements bruns de Bruno Le Maire et de Gabriel Attal, et qui avait permis de donner une idée assez précise de l’ampleur du foutage de gueule de la gestion des finances publiques par nos élites auto-proclamées.

Et lorsqu’on gratte un peu les derniers rapports de la même Cour des Comptes, on se rend compte que les problèmes, loin d’être concentrés dans quelques postes un peu complexes, se retrouvent partout, depuis des années. Par exemple, les reports de charges de l’armée explosent des records en 2024, avec 8 milliards d’euros, ce qui signifie clairement que les prochaines années vont être difficile pour l’armée française, au moment même où les saltimbanques européens, guignol français en premier, entendent pourtant relancer l’activité militaire.
Ces colonnes (et d’autres) sont régulièrement l’occasion de plonger dans l’un ou l’autre rapport de la Cour des Comptes et, d’années en années, le constat est toujours le même : les trous sont différents, les dérapages aussi inventifs que répétés, mais tout démontre que l’ensemble du système comptable de l’État française n’est qu’une suite de bidouilles de plus en plus hardies, de plus en plus grossières et – en creux – de moins en moins légales.
À chaque fois qu’elle le peut, la Cour informe, explique et avertit que ces triples saltos arrières dans la comptabilité publique française ne peuvent durer. À chaque fois, quelques articles émaillent la presse lorsqu’elle se fend d’un rapport ou d’un communiqué. À chaque fois, les montants, oscillant entre le dodu et l’obèse, font frémir les contribuables français qui voient la dette et les prélèvement augmenter avec une rapidité de plus en plus inquiétante. Et à chaque fois, on n’écoute pas trop l’institution.
Pire, les autorités officielles se foutent ouvertement de son avis. Ainsi, l’absence de certification du budget de l’État n’effraie ni Bercy ni l’Élysée et les menaces récente de la Cour de ne plus du tout certifier le budget de l’État si on ne tient pas plus compte de ses remarques ressemblent plus à du théâtre qu’à une vraie prise de conscience qu’on court droit à la catastrophe.
La désinvolture de nos politiciens vis-à-vis des finances publiques et leur indifférence aux gesticulations de la Cour des comptes montre qu’il n’y a plus aucun désir, de la part de l’Exécutif et même des administrations elles-mêmes de contenir les finances publiques dans une enveloppe maîtrisée – oubliez même « raisonnable », on ne fait pas dans la fiction.
Tout indique que le pillage, déjà particulièrement dynamique les années passées, atteint maintenant des niveaux jamais vus : très concrètement, plus personne ne sait exactement où part l’argent, la plupart s’en foutent et quelques uns – du bon côté de la distribution – s’en réjouissent même. Inévitablement cependant, cet argent public va venir à manquer, d’un coup.
Et là, ce pays sera foutu.
H16
Tous les articles, la tribune libre et commentaires sont sous la responsabilité de leurs auteurs. Les Moutons Enragés ne sauraient être tenus responsables de leur contenu ou orientation.
Pas étonnant !
Et après cela, on va exiger des petits et des sans-grade de se serrer la ceinture, encore et toujours. Pourtant, nous avons les solutions, nous les « petits et sans-grade ». Alors on nous fait fermer notre gueule car, tous ensemble, nous serions vraiment trop dangereux pour eux.
Inflation, Choose France, Épargne : Attention aux arnaques !
https://youtu.be/RtMPkAhAscw
Pour ceux que ça intéresse,bien sûr..
10000 VUES EN 2 H !
6 milliards de versements indus en 2024 pour la CAF
4,25 de fraude potentielle sur le RSA,la prime d’activité et sur l’APL
Tout est bien géré,effectivement !