Par Philippe Rosenthal pour Observateur-Continental
Les électeurs allemands montrent – pour cette année marquée par les élections européennes – une volonté de se saisir de cette occasion pour affirmer un changement radical dans la politique. La crise économique et la crise sociale ont connu une aggravation avec le conflit en Ukraine. Avec l’arrivée en masse de migrants et l’augmentation de la pauvreté, les Allemands votent pour les têtes de liste qui dénoncent l’envoi de missiles, de bombes et de munitions en Ukraine contre la Russie et qui veulent stopper l’arrivée massive des migrants. La situation en Allemagne révèle la tendance pour la France, également.
La vie a sensiblement changé ces dernières années en Allemagne et pas pour le mieux. À la question de savoir, s’ils vont aller voter pour les élections européennes, est importante pour l’establishment politique de l’Allemagne et de l’UE car c’est le pays qui a le plus grand nombre de mandats parlementaires. En outre, ce seront les premières élections au Parlement européen de l’histoire de l’Allemagne auxquelles de nombreux jeunes pourront participer puisque l’âge de voter pour les élections européennes en Allemagne a été abaissé à 16 ans.
Près de cinq millions de jeunes auront pour la première fois l’opportunité de façonner la politique européenne. Et, bien entendu, les élections européennes en cours constituent l’indicateur le plus important pour les élections au Bundestag de 2025.
«De plus en plus de jeunes se tournent vers les partis de droite. C’est le résultat d’une nouvelle étude représentative», stipulait fin avril dernier la ZDF. Et, les jeunes adultes sont de plus en plus insatisfaits, notamment en raison de l’évolution politique et économique. Ils veulent voter pour l’AfD, le parti d’extrême droite qui vient, par ailleurs, d’être classé comme parti extrémiste par l’Office fédéral pour la protection de la Constitution (Verfassungsschutz). La démocratie allemande accuse l’AfD de discrimination et d’hostilité envers la démocratie.
Les Reichsbürger (Citoyens du Reich). «Un groupe de Reichsbürger autour du prince Reuß aurait été fondé à l’été 2021», a relaté l’ARD. Les Citoyens du Reich veulent renverser la démocratie allemande et le gouvernement qui est au pouvoir actuellement. Ils ne reconnaissent pas l’entité allemande qui a été mise en place après la fin de la Seconde Guerre mondiale. En août 2021, le groupe du prince Reuß a commencé à planifier une invasion du bâtiment du Reichstag à Berlin avec un groupe armé dont des policiers et d’anciens militaires. Les autorités allemandes ont trouvé des armes et des munitions chez les Reichsbürger et elles craignent qu’il existe un lien entre les militants de l’AfD et ces derniers. Cela prouve un profond mal être en Allemagne pour une partie de la population. L’import de migrants en masse en 2015 accordé par Angela Merkel, la chute du pouvoir d’achat, l’augmentation de la précarité, des prix, des incivilités, des agressions, et la menace d’une extension du conflit ukrainien, expliquent le succès de l’AfD auprès des électeurs, même si, selon les sondages actuels, le parti classé extrémiste par l’autorité centrale serait en perte de vitesse.
Parmi le groupe de Reichsbürger arrêté se trouvait la députée AfD du Bundestag, Birgit Malsack-Winkemann. Et, elle a fait visiter le parlement à d’autres Reichsbürger. Sous le Bundestag se trouve une immense structure de tunnels qui permet de circuler entre plusieurs bâtiments administratifs et politiques dans le quartier politique de Berlin.
«Nous assistons à une transgression rapide des frontières en matière de violence d’extrème droite», rapporte le média d’extrême gauche, Luxemburg qui affirme que la situation actuelle correspond à celle de l’époque de Weimar où des milices d’extrême droite armées ont tué et frappé des opposants politiques. Un observateur, connaissant bien l’Allemagne, voit depuis les années 2000 une montée de l’extrême droite et une volonté d’en découdre avec le régime politique qui a été mis en place par les alliés après la guerre. L’OTAN et le système politique européen sont vus comme une occupation pour les patriotres et les nationalistes allemands.
Récemment, les attaques physiques contre les responsables politiques sont en augmentation. «En mai 2024, Matthias Ecke, député européen du SPD de Dresde, a été tabassé. La sénatrice de Berlin pour l’Économie, Giffey (SPD) a également été attaqué, légèrement blessée: un homme l’a agressée dans une bibliothèque. Les statistiques montrent que la criminalité à motivation politique est en augmentation», souligne Deutschlandfunk. «D’autres agressions ont eu lieu contre un homme politique des Verts à Dresde et deux députés de l’AfD au parlement du Land de Stuttgart», rajoute le média allemand, décrivant une situation à la République de Weimar où l’extrême gauche et l’extrême droite s’affrontaient dans des combats de rue sanglants. «Un discours passionné qui s’est déplacé vers la droite est à l’origine d’une violence croissante contre les hommes politiques», disent les sociologues Wilhelm Heitmeyer et Harald Welzer. En 2019, le député de la CDU au Parlement du Land de Hesse, Walter Lübcke, a été abattu. Celui-ci défendait la politique d’accueil des réfugiés décidée par la chancelière allemande. Stephan Ernst, un ancien membre du parti néonazi NPD, a reconnu les faits.
La colère est palpable en Allemagne dans le peuple et ne fait qu’augmenter. Les affrontements physiques prouvent la tendance.
Califat. Une manifestation organisée par l’organisation Muslim Interaktiv, ayant eu lieu à Hambourg, le 27 avril dernier a rajouté des arguments en faveur du vote d’extrême en ayant réclamer l’établissement d’un califat en Allemagne.
L’intérêt actuel de la population allemande pour aller voter pour les élections européennes est de 49%, selon le sondeur infratest dimap qui avertit que «l’AfD ferait mieux qu’il y a cinq ans». «La politique au sein de l’UE laisse évidemment des attentes insatisfaites. Deux tiers des électeurs sont plutôt insatisfaits de la politique au niveau européen, tandis qu’un tiers sont plutôt satisfaits», fait savoir le sondeur. «Du point de vue des citoyens, les plus grands problèmes de l’UE sont les conflits et les menaces en matière d’immigration et de politique étrangère, suivis par la protection du climat et de l’environnement et les questions économiques. Les accords sur les réfugiés, qui promettent un financement européen important si les États ralentissent les mouvements migratoires, convainquent une personne sur deux en Allemagne», continue infratest dimap.
Les partis politiques établis en Allemagne, mais aussi à Bruxelles, sont inquiets de voir le changement du paysage politique en Allemagne car, comme le sondeur l’indique, une majorité de partisans de l’AfD ne voient aucune raison de repositionner leur parti, notamment vers la Russie». L’AfD est, en effet, pour la paix avec la Russie et pour une coopération proche avec Vladimir Poutine. La victoire de la Russie sur le terrain contre l’Ukraine, qui n’est que le proxy de l’OTAN et de l’élite actuelle de Bruxelles, renforce encore plus le soutien des électeurs pour le vote de l’AfD.
Le vote allemand peut favoriser le poids politique de l’extrême droite au sein du parlement européen.
Philippe Rosenthal
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Jeunesse soyez sur vos gardes ils veulent vous envoyez au casse pipe .
Tant qu’ils croiront éternels la Wurst mit Pils ( Saucisse et bière) ils ne bougeront pas, mais si bière et saucisse devaient être remplacé par l’appel à la prière …