De la nécessité de la dictature des minorités | Par CDK

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A la lecture répétée de certains commentaires ici même, force est de constater que régulièrement, avec la conviction de posséder une vision élargie de la société, les mêmes individus sont pointés du doigt comme responsables de nos souffrances. Le franc maçon juif homosexuel riche réunirait à lui seul dans leur conviction à la fois l’infamie et la responsabilité de tous nos maux.

Il n’est pas question de débattre ici de la justesse ou des causes du propos haineux qui s’étale en rancœurs revendicatives, mais plutôt d’infléchir sur le questionnement philosophique de cette fameuse « stigmatisation ».

Les origines grecques (στίγμα ou stigma ) désignaient les marques laissées par le fer sur les esclaves fugitifs, qui en latin sont devenues «stigma», ou autrement dit « marque d’infamie ».

Dés l’origine la stigmatisation a eu cette tendance à se retourner dans son opposé. Je m’explique. Il est à la fois cette marque d’infamie pour les uns ou distinction revendicative selon le côté de la barrière où l’on se trouve. Il est donc soit une honte, soit un honneur, tout étant une histoire de point de vue. En isolant un groupe par ce processus, il est curieux de constater qu’il permet alors un traitement haineux en toute impunité intellectuelle d’un côté et une revendication et une victimisation pouvant aller jusqu’à une marche des fiertés de l’autre.

Après tout, l’ego a ceci de magique qu’il nous place toujours dans un sentiment de détenir la vérité, qu’importe la justesse de nos raisonnements.

Le stigmate, véritable Janus philosophique, nous propose deux argumentations opposée ou chacun prend les arguments de l’autre pour les tirer à son propre avantage. Cet exercice est devenu même la structure de l’actuel consensus du discours politique laissant parfois un immense sentiment de vide. Il est même devenu un courant de pensée qui revendique la mise en avant de toutes ces minorités en un tout qui devrait remplacer l’actuel paradigme. Il est question de « wokisme », comme vous l’aurez très certainement compris. Le « woke » ou littéralement « l’éveillé », pense que notre réalité est néfaste, et que l’homme blanc stigmatise tous les maux de ce monde et se doit de s’en excuser. De plus, il se donne pour mission de conscientiser les autres.

Soyons tout de même un peu plus provocateur, et demandons nous si justement nos perceptions cognitives fonctionnant par la différentiation à la norme acceptée, cette stigmatisation pointée du doigt n’établiraient pas par notre rationalisation le processus de construction de nos connaissances. Dés lors, l’ignorance n’aurait tout simplement aucune causalité au phénomène et serait un mal nécessaire.

La société dans son sens politique établit des règles et donc s’en écarter est source de peur. La résistance au changement par exemple est une notion qu’il est difficile de nier. Elle fait partie intégrante de notre système de survie et ne s’encombre pas ou peu de notion de sens. Elle permet de réunir le groupe dominant autour de ce qu’il rejette de façon « universelle ».

C’est dans les interactions de ces groupes composant la société qu’apparaît l’usage politique de la stigmatisation. L’ennemi commun rassemble, et permet de garder ou prendre le pouvoir, donc le contrôle. Elle permet la « synthèse sociale » de l’individu dans un environnement en perte de repères, son rôle et son positionnement intellectuel pour faire face au défi de la construction perpétuelle et ininterrompue de la société. Car elle évolue à chaque instant, n’est pas figée, et se doit d’être construite par chaque individu au travers de ses interactions.

S’agissant d’une opposition, ne nous choquons pas de la radicalité et de la violence de la stigmatisation. Elle est mécanique et sans aucun intérêt ici. Il est plus judicieux de mettre en relief sa répétition incessante et sa pérennité dans notre histoire. Elle est universelle dans le sens presque physique du terme, s’intégrant parfaitement dans un univers fonctionnant selon la loi d’attraction/répulsion. Elle n’est pas le tout mais une des expression de l’humanité et une composante de sa gestion des interactions sociales.

L’essence de la stigmatisation n’est donc absolument pas morale mais bel et bien utilitaire et logique. Inutile de se flageller ou se battre pour elle, car elle permet tout simplement de nous protéger de tout ce qui nous apparaît comme un péril, soit la désorganisation et le chaos. Elle est le révélateur de l’instinct social archaïque nécessaire à la survie de l’humanité.

En effet, l’esclave marqué au fer rouge de l’infamie nous permet de nous soustraire et nous déclarer sain de corps et d’esprit. Elle a permis ainsi de supprimer ou d’isoler pour cause de dysfonctionnement, d’hérésie ou de folie les femmes lettrées, les sodomites, les templiers, les guérisseurs, les scientifiques, les tziganes, les francs maçons, les protestants ou les juifs. La liste est aussi longue que notre histoire.

Cette éviction devient alors le fondement de l’ordre social. La société dépense une énergie folle pour mener à bien sa survie par ces opérations de discriminations et de marginalisations. Elle va cimenter les groupes en opposition, construisant ainsi sa propre représentation d’elle même.

Le « wokiste » à la fois appartient et n’appartient pas au groupe, et son appartenance revendiquée comme telle structure ce groupe en faisant ressortir les points communs de l’imaginaire collectif concernant la « normalité » : blancs, jeunes, urbains, pères, hétérosexuels, BAC +4, musclé et en bonne santé. Érigé en courant de pensée, le « wokisme » admet donc le paradigme sociétal qu’il dénonce, le met en relief en s’y opposant et dans une logique messianique absurde demande à la société de s’en excuser.

Mais ces critères nous font glisser de façon pernicieuse, vers une société ou chacun de nous répondra de moins en moins aux critères pourtant bien accepté de la majorité. Peu à peu chacun de nous allons glisser vers un de ces critère discriminant. Prenons le critère du poids pour exemple. Autrefois moquées, les personnes obèses devenant par notre mode vie toujours plus nombreuses vont influer sur notre vision de la société acceptable allant même jusqu’à valoriser ce critère comme une image érotique nécessaire au désir. Même si de fait chacun de nous à sa propre notion du goût, peu importe, elle va s’effacer dans le jeu de la stigmatisation, et nous réunir comme un processus fondateur et pourra désormais jeter en commun son dévolu haineux sur les personnes maigres.

La nature ayant peur du vide, force est de constater que la stigmatisation n’échappe pas à la règle et à la disparition d’une d’entre elle, son remplacement par une autre est instantané ou presque.

Ainsi, la discrimination comme son combat sont les deux moyens pour la société de se protéger, d’amplifier et de prolonger la normalisation sociale. Mais elle empêche de fait la reconnaissance des différences. Pire, elle les caricature, leur donne du relief et se renforce ainsi.

Alors la lutte contre la stigmatisation apparaît comme l’outil privilégié du redéploiement du pouvoir de contrôle socio-politico-médiatique, ce que dénonce précisément ces critiques radicales. Les théories sont aujourd’hui partout au service d’une cause qui est celle-là même qu’elle combattait avec force et détermination. C’est bien toute l’ironie de la situation. Comme si stigmatiser la stigmatisation était le serpent qui se mort la queue, un cercle infernal anthropophage, pris au piège que nous sommes par ses réincarnations incessantes.

Alors pour conclure, n’est-il simplement pas possible de se nourrir de nos différences, de nos singularités ? Il suffit tout simplement de cesser de pointer la stigmatisation, de cesser de lutter contre elle et ainsi de l’alimenter.

Entamons plutôt un dialogue constructif, rassurant et rassembleur. Nous avons tant à perdre à écouter nos peurs entretenues par des hommes avides de pouvoir qui ont eux très bien saisi tout l’intérêt de ce processus.

CDK

Volti

5 Commentaires

  1. bon , tant que l’assemblée nationale est approvisionnée , le reste n’est que secondaire

  2. https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_bye.gifhttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_good.gif Je suis presque d’accord avec tes propos. Mais tu as oubli” les druides.
    être druide de nos jours c’est super dur. On est stigmatisé.
    Et ce que l’on vous montre c’est de l’opéra-bouffe Avec des toges en blanc et tout le patraque.
    Je vais JAMAIS vers ces personnes, qui peuvent être gentils à la base mais qui se trompent et/ou se sont fait tromper.

  3. Salut à toi @Delphinus 😉 . Comme les druides, les shamans, les ”sorcières” ,… Enfin bref, tous ceux qui ont des donts de soins non conventionnels, qui ont été éradiqués, dénigrés voir éliminés, tous ceux qui sont contre ou différents de la doxa n’ont pas de raison d’être. Ici je sais que je ne peux parler qu’en étant approximatif, mais si tu causes des druides tu dois savoir que ce sont des enseignements beaucoups plus importants que ce qui en est dit. D’ailleurs la série ”obélix ,astérix ans co” ont été une des manières de se moquer de ce que sont les druides ; gardiens des savoirs de la nature, des plantes et du bien être.

    • Un peu tardif, je me réveille et je pensais pas que quelqu’un allait répondre car on évite le sujet en général. Autour de moi, ma famille adoptive, si je dis je suis druide, pour eux, je suis fou.
      Et je déteste “Asterix et Obelix” … qui a fait beaucoup de fric et de mal sur les celtes. les dépeignants mmmm grrrrr je vais pas dire.
      Et puis le barde à chaque fois on lui ferme sa gueule !
      Ches nous, les celtes, il y a trois forme de shamanisme.
      Les druides (science, savoir, philo, éducation), les bardes (musiciens qui enchantent) et les ovates (les guérisseurs, ceux qui font la potion magique qui te soigne avec les éléments naturelles).
      Je ne suis pas ovate même si j’ai un peu des dons de magnétiseurs.
      Je suis plus barde et surtout druide. Mais version 5.1.
      C’est pas le tout de le dire mais faut aussi le faire.

      **MODÉRATION**
      Je laisse passer puisque tu réponds à un intervenant
      mais tu te disperse encore entre le druidisme (dont tu
      te revendique ??) et les fractales qui sont, comme chacun le sait,
      la botte secrète des druides, pour voyager dans le temps, porter
      le kilt avec ou sans slip, pratiquer tous les arts martiaux où tu excelles (tu le dis),
      faire ton vaisseau spatial pour sauver l’humanité, prier Ganesh, méditer
      etc etc etc.. Avec toutes ses activités, tu fais concurrence à Mathusalem
      Et tu t’étonne ??

      Moi je m’amuse à faire des objets (fractales) unique au monde.
      Je veux dire que chaque objet est unique !
      J’en ai fait une spéciale pour ma mère adoptive (une croix fait de milliers de croix) , une autre en bronze recouvert d’or pour mon Père adoptif (une pyramide où tu peux lire son jour de naissance quand tu sais lire) et une autre unique pour ma marraine (encore des croix en milliers mais différentes).
      Maintenant j’ai augmenté le niveau de complexité et de simplicité.
      Et ça me coute du fric t’imagines pas.
      Et souvent on me demande : ça sert à quoi ?…
      Si je suis de bonne humeur je répond que c’est une œuvre d’art géo-mathématique auto symétrique sur plus de 3 axes.
      Sinon je réponds c’est un détecteur de con, et il marche bien…https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_cool.gif

  4. Ceci n’est qu’une réflexion purement philosophique. Elle est donc par définition dans l’espace du mental. De la représentation que l’on se fait du monde. Je vous laisse le soin d’explorer votre spiritualité selon votre intuition. Je n’aime pas trop non plus les tuniques blanche, surtout celles avec de longues manches qui finissent dans le dos.https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wacko.gif

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