Airbnb, niche fiscale et panier percé

Pour illustration/par Yoosaf Abdulla de Pixabay

En ces jours est examiné un projet de loi visant à réguler le marché de la location des meublés de tourisme. Eh oui, depuis un certain temps, le succès rencontré par ce type de location, en particulier par la plateforme Airbnb, inquiète les autorités. Pourquoi ? Le premier reproche fait à ce type de location et aux propriétaires exploitants est de déréguler le marché locatif. Celui-ci est trop contraint et nos élus pensent trouver là le coupable idéal. Evidemment, ce n’est pas en raison des lois qui surprotègent les locataires, voire les squatteurs, lorsque ces derniers ne paient pas leur loyer et/ou dégradent les logements. En face, il n’y aurait que de méchants riches propriétaires uniquement attirés par l’appât du gain qui se permettent donc aujourd’hui de louer à des touristes au détriment des gentils locataires.

Une grande partie des loueurs ne sont que des petits propriétaires ayant placé leurs économies ou investit avec des remboursements à la clé et en prenant un risque et qui ne cherchent qu’à équilibrer leur budget entre les diverses charges et impôts qui leur incombent. Ils vont une nouvelle fois se faire tondre, cette fois jusqu’à l’os, pour des grands principes éculés. C’est aussi oublier un peu vite que le tourisme représente en France le premier secteur d’apport de devises et représente plus de 4% du PIB avec plus de 75 millions de visiteurs annuels (environ 77 milliards d’euros). Par ce projet de loi, l’on s’attaque donc à ce secteur qui fait de la France un des pays les plus visités au monde.

Autre reproche fait à ce mode de location, le fait de bénéficier d’une niche fiscale et l’on sent bien là la volonté de ce Gouvernement, qui distribue les chèques à tour de bras pour tenter de trouver une paix sociale qu’il a lui-même contribué à dégrader, de trouver de l’argent par tous les moyens. Si cette niche fiscale existe, ce n’est pas par hasard. Elle a été mise en place pour favoriser le tourisme et développer ce secteur qui souffrait d’une hôtellerie en berne, en particulier dans les campagnes ou les villes moyennes. Si cela est moins le cas, le succès de ces locations profite à tout le secteur du tourisme : restaurants, cafés, sites de visites, parcs d’attraction, productions locales et commerces en général.

Mais cette niche fiscale vient aussi compenser autre chose. L’investissement du propriétaire qui doit non seulement meubler mais équiper totalement le logement et prendre à sa charge les frais (taxes, chauffage, etc) et aussi faire le ménage et la blanchisserie. Il doit aussi faire face à l’incertitude de la location liée à des facteurs très divers allant de la météo aux pandémies en passant par le contexte social et économique. Ces risques et ce travail se voyaient ainsi « compensés » par un avantage fiscal qui devrait donc disparaître au nom d’une idéologie de « justice sociale », nous y voici encore, pour que les gentils locataires puissent trouver un toit. Mais que fait l’état si ce gentil locataire ne paie plus son loyer ?

Il n’existe aucune stabilité dans ce pays et par là-même aucune perspective. Comment créer de la valeur ajoutée, comment investir dans un secteur alors que la fiscalité peut changer du jour au lendemain et tout remettre en question ? Il est grand temps de se poser la question avant de tout détricoter une nouvelle fois avec comme seul objectif d’augmenter les recettes fiscales d’un Etat qui gère son budget comme un panier percé.

Sylvain Devaux

Sylvain Devaux

Universitaire de formation (Géographie et histoire), responsable d'archives après une carrière dans le tourisme, mais aussi correspondant de presse et ancien rédacteur en chef de la Robolution (Insolentiae).

A propos Sylvain Devaux

Universitaire de formation (Géographie et histoire), responsable d'archives après une carrière dans le tourisme, mais aussi correspondant de presse et ancien rédacteur en chef de la Robolution (Insolentiae).

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