Poésie : L’Ombre, par Zénon

Notre ami Zénon m’a envoyé ce magnifique poème, que je partage avec vous tous. Vous pouvez le retrouver et le télécharger gratuitement, Les Chroniques de Zénon et dans la bibliothèque de PDF de JBL1960. Merci Zénon

Image de JBL1960

L’Ombre
Tu me regardes sans voir
Chaque fois que tu marches,
Chaque fois que tu fermes les yeux,
Et chaque fois que tu parles.

Je loge au creux de tes pensées,
Dans le repli de ton cœur.
Je suis le monologue insensé
Que l’inconscient reprend en chœur.

Je suis la fièvre et l’insomnie.
La sève des failles intimes.
Je suis l’orfèvre de l’agonie
Au seuil de l’extase ultime

Je suis le serpent lové dans tes reins,
L’artisan de tous tes désirs.
Je suis la graine, l’eau, le terrain
De tes passions et de tes délires.

Tu chemines jusqu’à la mort
Sans te douter de ma présence,
Jusqu’à ce qu’une fleur d’oxymore
Me révèle à ta conscience.

Tu te découvres alors une double vie :
Celle des croyances et celle de l’être,
Et tu n’as dès lors qu’une envie :
De mourir pour mieux renaître.

Nous nous rencontrerons ici
Ou à la porte de l’autre monde
Si tu préfères le sursis
Qu’affronter mon reflet immonde

Mais sache que je ne grandis
Que quand la lumière s’étend,
Et que ma sinistre comédie
N’est qu’un signe des temps.

Zénon – 8 octobre 2023



3 Commentaires

  1. Un peu interloqué je suis : personnellement je ne peux faire des vers qu’en alexandrins, question de rythme. Sinon bien sûr c’est très beau.

  2. Le bonjour et merci mille fois. De la poésie, mais évidemment. J’adore celle-ci qui me rappelle un bout d’une mienne vieille d’un paquet d’années :
    Je suis ici
    Comme j’aurais pu ne point l’être
    Je suis portion
    Je suis néant
    Je suis
    Une syllabe de l’atome
    Je suis
    Le réflexe de l’accent circonflexe
    Qui chapeaute l’univers et ses complexes
    Le meilleur du bon tout aux poètes et à la poésie !

  3. La dualité de notre pauvre monde… On nous apprend que l’ombre et la lumière ne sont que les deux faces d’une seule pièce. Mais il existe, au plus profond de nous, un espace sans ombre …

Les commentaires sont clos.