Il y a dix ans de cela, la Russie organisait une réunion sur la dédollarisation.
Depuis lors, il ne se passe pas un jour sans que l’on assiste à un changement, modeste ou pas, vers un monde dans lequel la monnaie américaine (entièrement militarisée après février 2022 pour que le monde entier puisse la voir et la craindre) n’est plus la réserve mondiale.
La journée du 31 mars 2023 n’a pas fait exception à la règle.
Selon le gouvernement brésilien, la Chine et le Brésil sont parvenus à un accord pour commercer dans leurs propres monnaies, en abandonnant totalement le dollar américain comme intermédiaire, a rapporté l’AFP.
Cet accord permettra à la Chine et au Brésil d’effectuer leurs échanges commerciaux massifs.
Ceux-ci s’élèvent à 150 milliards de dollars par an.
Ils pourront donc échanger des yuans contre des reals et vice versa, sans passer par le dollar américain.
Ce qui signifie que la Chine étend ses accords bilatéraux d’exemption du dollar au-delà de pays tels que la Russie, le Pakistan et l’Arabie saoudite, pour y inclure désormais la puissance exportatrice latino-américaine.
L’agence brésilienne de promotion du commerce et de l’investissement (ApexBrasil) a déclaré dans un communiqué :
«Nous espérons que cette mesure permettra de réduire les coûts… de promouvoir un commerce bilatéral encore plus important et de faciliter l’investissement. ».
La Chine est le premier partenaire commercial du Brésil, avec un commerce bilatéral record de 150,5 milliards de dollars américains l’année dernière.
L’accord fait suite à un accord préliminaire conclu en janvier et a été annoncé à l’issue d’un forum commercial de haut niveau entre la Chine et le Brésil qui s’est tenu à Pékin.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva devait initialement participer au forum dans le cadre d’une visite très médiatisée en Chine, mais il a dû reporter son voyage pour une durée indéterminée, après avoir contracté une pneumonie.
« La Banque industrielle et commerciale de Chine ainsi que la Banque de communications BBM seront chargées d’exécuter les transactions », ont déclaré des responsables.
Banque Industrielle et Commerciale de Chine
Certes, nous sommes encore loin du remplacement du dollar américain par le yuan en tant que devise de réserve mondiale, quoique le doute soit permis au regard des rapports récents de Zoltan Pozsar (Crédit Suisse).
Mais l’oiseau semble faire son nid. Même des sceptiques ardents de Bretton Woods III tels que Michael Every de Rabobank, commencent à réaliser qu’ils ont peut-être eu tort.
BW3 peut vendre des produits de base à la Chine ; mais à moins qu’ils n’absorbent les exportations que la Chine envoie maintenant vers l’Occident, ou que la Chine enregistre des déficits commerciaux comme les États-Unis,cela ne peut pas se produire.
Au lieu de cela, nous retournons tous au mercantilisme mondial – qui se produit, qui est inflationniste, et qui convient finalement aux États-Unis – mais pas à Wall Street (que ce soit en termes de mercantilisme ou de politique monétaire).
Lorsque les acteurs de BW3 ne détiennent plus leurs économies officielles et non officielles en actifs libellés en dollars américains (s’il ne s’agit pas de bons du Trésor d’agences ou d’actions ou de biens immobiliers), et veulent cacher de l’argent à Moscou pour prendre leur retraite en Chine, alors les choses changent.
Hélas, au rythme où le régime actuel des États-Unis détruit la foi et la confiance du monde non seulement dans le dollar, mais également dans leurs idéologies, il est fort à parier que nous ayons encore peu de temps à attendre avant que la corde ne cède.
Bien que les États-Unis restent une grande puissance militaire, elle se transforme jours après jours en une république bananière du tiers monde.
La dernière nouvelle de l’inculpation de Trump pour des raisons politiques étant la cerise sur le gâteau.
