L’Otan persiste à ne pas voir son agression contre la Russie

Par Pierre Duval pour Observateur-Continental

Le conflit en Ukraine a provoqué le point de rupture frontal jamais vu entre l’Occident et la Russie, mais l’Otan continue de faire chauffer la ligne de front à blanc en affirmant, par la voix de son secrétaire général, Jens Stoltenberg, que le renforcement du contingent américain en Europe est motivé par la nécessité d’endiguer la Russie et ne viole pas l’acte fondateur de 1997 signé par l’Otan et Moscou.

Au lieu de jouer la carte de la fine diplomatie, l’Otan, comme Emmanuel Macron l’avait jugé, semble bien être en état de «mort cérébrale» car elle continue d’actionner son bras de fer en jouant les gros bras en violant les accords. 

L’acte fondateur de 1997. Comme un rapport publié sur le site du Sénat le résume, «dès la fin de la guerre froide, il est apparu que le processus d’élargissement [de l’Otan] devait avoir pour corollaire la mise en place d’une relation étroite entre l’Otan et la Russie, afin d’éviter que ne se développe, chez cette dernière, un sentiment d’isolement ou, a fortiori, d’affaiblissement de sa sécurité». Ainsi, «en 1991, la Russie a adhéré au Conseil de coopération nord-atlantique, devenu depuis Conseil de partenariat euro-atlantique. Et, l’élément majeur de cette nouvelle relation est intervenu le 27 mai 1997 avec la signature de l’Acte fondateur sur les relations, la coopération et la sécurité mutuelles entre la Fédération de Russie et l’Otan».

Le texte publié par le Sénat précise: «L’Acte fondateur Otan-Russie de 1997 a clairement affirmé que les deux parties ne se considèrent pas comme des adversaires et a établi des mécanismes de consultation et de coopération» et «l’Otan s’est engagée à ne pas déployer d’armes nucléaires sur le territoire des nouveaux pays membres. Elle a par ailleurs précisé qu’elle privilégierait l’intégration et l’interopérabilité des capacités militaires de préférence au stationnement permanent de forces de combat supplémentaires en Europe». 

L’Otan en état de mort cérébrale. Dans un entretien au Monde, Jens Stoltenberg, vient d’affirmer: «Le renforcement du contingent américain en Europe est motivé par la nécessité d’endiguer la Russie et ne viole pas l’Acte fondateur de 1997 signé par l’Otan et Moscou». Pour le patron officiel de l’Otan, le déploiement de plus de 100.000 militaires américains en Europe n’est pas un casus belli (un cas de guerre) et ne serait pas une violation de l’acte fondateur de 1997. Celui-ci continue d’expliquer qu’en envoyant ces troupes, nous fournissons une dissuasion crédible et cela n’a pas pour but de provoquer un conflit, mais de l’empêcher et d’assurer la paix. 

Trahison de l’Otan. Le respect de la signature de l’Acte fondateur de 1997 a été ouvertement trahi en 1999 avec l’entrée de la Pologne, de la Hongrie, de la République tchèque dans l’Otan, ensuite par l’arrivée de l’Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Roumanie, Slovaquie, Slovénie en 2004, de la Croatie, de l’Albanie en 2009, du Monténégro en 2017, de la Macédoine du Nord en 2020. La Russie avait signé un accord qui considérait un contexte géographique et géopolitique de 1997.

En juillet 2020, Observateur Continental signalait le débarquement américain à La Rochelle pour envoyer des forces militaires sur la Pologne comme «une erreur politique» car officiellement l’armée américaine débarquait à La Rochelle «pour renforcer la défense européenne», «pour renforcer le flanc est de l’Europe face à la Russie». L’action belliqueuse était actée, assumant la violation de l’Acte fondateur sur les relations, la coopération et la sécurité mutuelles entre la Fédération de Russie et l’Otan. Les exemples de ces violations de l’Otan sont légion.

En mai 2020, Washington a menacé de déployer son arsenal nucléaire en Pologne. «Les armes nucléaires américaines pourraient se retrouver en Europe de l’Est si l’Allemagne refuse de les installer sur son territoire, avait, de nouveau, déclaré le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg en novembre 2021. 

En juillet 2021, les experts constataient que les exercices de l’Otan s’éternisaient en Ukraine. En février dernier Observateur Continental relayait  un article relatant «l’expansionnisme de l’Otan en Europe». 

Au delà de l’Acte fondateur sur les relations, la coopération et la sécurité mutuelles entre la Fédération de Russie et l’Otan, Observateur Continental a apporté la preuve, citant le média allemand, Der Spiegel, de l’existence d’un document qui prouve que l’Otan ne devait pas s’élargir vers l’est après la chute du mur de Berlin. Pourtant, le 17 mars dernier à Berlin, Jens Stoltenberg, affirmait: «L’Otan a déjà renforcé sa dissuasion et sa défense, en particulier dans la partie orientale de l’Alliance. Nous avons maintenant des centaines de milliers de soldats en état d’alerte renforcée dans toute l’Alliance. Nous avons 100 000 forces américaines, des soldats, en Europe – cela a augmenté de plusieurs milliers juste au cours des dernières semaines. Et puis nous avons 40 000 soldats sous le commandement direct de l’Otan, en particulier dans la partie orientale de l’Alliance».

Que cela soit avant l’entrée de l’armée russe en Ukraine ou après, l’Otan n’a pas changé son discours et son programme de conquête de nouveaux pays et n’a jamais montré sa volonté de respecter l’Acte fondateur sur les relations, la coopération et la sécurité mutuelles entre la Fédération de Russie et l’Otan.

Pierre Duval

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4 Commentaires

  1. Ce qu’il y a de bien avec les hommes en uniforme des autoproclamés « États Unis », qui ne sont pas unis, c’est qu’ils arrivent par milliers quelque part sans qu’on le leur demande, avec leur laisser-aller, leur arrogance, et qu’ils se considèrent en pays conquis. Pour citer un exemple ailleurs, autour de leur immense base d’Okinawa (Japon) fleurissent vols, viols, parfois meurtres, et que malgré les très nombreuses réclamations du gouverneur de l’île rien n’est fait pour améliorer les relations avec les habitants.
    En 1970 dans la ville allemande où j’étais en garnison, un petit centre de repos d’une trentaine d’hommes dont certains revenaient du VietNam voyait les GI’s parader dans des voitures interminables, qui se moquaient des Français avec leurs vieilles jeeps et leurs GMC hors d’âge. En revanche, en ville, alors que les bidasses étaient très bien vus, on constatait bien que la population méprisait ces imports mal embouchés.
    Plus fort, on m’a rapporté que certains se posaient la question « Mais pourquoi nous haïssent-ils ? » alors qu’ils considéraient apporter leur lumière et leur protection. Pas un ne s’est interrogé « Nous considèrent-ils comme des envahisseurs ? », et pourtant c’est le cas. On remarquera que les réactions étaient très semblables, par exemple en Inde, vis-à-vis des militaires de sa majesté, et pour des raisons peut-être encore pires de morgue envers « ces sauvages ».

    • Oui mais le lavage médiatique des cerveaux a œuvré très vite.
      Et le syndrome de Stockholm aidant, 10 ans après la chose était déjà totalement inversée.
      (..j’y fus stationné à Trèves de 80 à 87.)

    • – Pour Okinawa,
      Il faut savoir que l’ile fut sous forte dominance culturelle chinoise. Et qu’elle fut officiellement annexé par le Japon en 1879.
      Mais le Japon est le pays le plus suprématiste du monde. Ainsi l’élite japonaise considère encore et toujours (bien qu’elle s’en défende), les Okinawaïens comme des « sous-hommes ».
      Alors le pouvoir centrale de Tokyo se fiche bien des nuisances occasionnées aux autochtones. Tant que cela sert leurs intérêts, le reste ils s’en foutent.

  2. ça parle de l’OTAN depuis 1997 mais c’est depuis sa création que cette organisation terroriste sévit, Etats Unis à sa tête.
    Les Etats Unis s’enrichissent de part la multitude des conflits partout dans le monde car ça leur permet de vendre des armes, de flatter leur égo, de tenter de controler le monde.
    Sauf que la situation en Russie pourrait leur être fatale…sauf en sacrifiant leurs alliés soit la moitié de l’UE…

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