Par Mikhail Gamandiy-Egorov pour Observateur-Continental
Le Sommet des BRICS de cette année en Russie sera très largement suivi aux quatre coins du monde. Y compris en raison de l’intérêt toujours plus grand pour l’organisation internationale multipolaire de la part des nations de la majorité mondiale, notamment du Sud global. Nombreux sont d’ailleurs les pays d’Afrique qui aspirent à rejoindre le bloc, au moment où les BRICS comptent déjà trois pays membres représentant le continent africain.
Nombreux sont ceux qui attendent le début du Sommet des BRICS 2024, qui aura lieu dans la ville de Kazan, capitale du Tatarstan et troisième capitale officielle de la Russie. Et ce n’est pas un hasard. Les analystes et observateurs des pays de la majorité globale s’attendent à des décisions très importantes et déterminantes lors du sommet en terre russe, aussi bien pour la suite du développement de l’organisation internationale que pour le monde multipolaire de manière générale.
Il y a également de grandes chances à ce que le sommet de cette année soit aussi historique à l’instar de celui de l’année dernière à Johannesburg, en Afrique du Sud, et à l’issue duquel la première étape d’élargissement des BRICS avait été décidée. En effet, de nombreux observateurs de la majorité mondiale attendent avec impatience l’annonce des prochaines étapes d’élargissement de l’une des principales organisations de l’ordre mondial multipolaire contemporain.
Jusqu’à présent – il n’est pas encore clair si de nouvelles invitations d’adhésion seront officialisées lors du sommet de cette année. Néanmoins, une feuille de route pourrait certainement être annoncée, tout comme les divers types de partenariat et d’interaction des BRICS avec les nations intéressées par cette interaction. Comme par exemple, des partenariats de dialogue ou d’observation au sein du bloc, à l’instar de ce qui existe déjà dans l’autre grande organisation internationale pro-multipolaire – l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).
Une chose est sûre – nombreux sont les pays ayant déclaré vouloir se joindre et/ou activement travailler avec les BRICS. Et ce – dans toutes les parties du monde représentant la majorité globale de l’humanité – Asie, Afrique, Amérique latine. Concernant précisément l’Afrique – et à l’heure où l’organisation compte déjà trois pays membres du continent africain, en l’occurrence l’Afrique du Sud, l’Ethiopie et l’Egypte – plusieurs autres Etats africains aspirent à devenir soit des membres à part entière, ou au moins dans un premier temps à être des partenaires privilégiés de l’organisation internationale.
Parmi ces pays – il y a le Nigéria ayant déjà déclaré son intérêt à rejoindre l’alliance. Etant l’une des principales puissances du continent africain, le pays doit néanmoins et certainement adopter une ligne plus claire en ce qui concerne son positionnement vis-à-vis de l’ordre multipolaire international, de même que dans ses relations avec plusieurs pays voisins – ayant, eux, clairement fait le choix en faveur du véritable panafricanisme et de la multipolarité.
En parlant justement de ces pays – le Burkina Faso, pays membre de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel (AES, composée également du Mali et du Niger) – a ouvertement déclaré sa volonté à faire partie des BRICS. Une candidature très intéressante et importante compte tenu du partage des valeurs communes entre le pays et plus généralement l’AES avec celles promues par le bloc des BRICS. A ce titre, le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, avait récemment déclaré que parmi les objectifs d’une telle adhésion se trouve la nécessité à résister à la domination du dollar et de l’euro afin de parvenir à un commerce international plus équitable.
L’autre pays africain résolument tourné vers le panafricanisme et l’ordre mondial multipolaire étant la Guinée équatoriale. Ainsi, le président du pays, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, a récemment soutenu la mise en place d’un système de paiement indépendant et le commerce en devises nationales sous l’égide des BRICS. Déclaration faite en marge de la 7ème Semaine de l’énergie russe à Moscou.
«Je crois que les BRICS, c’est l’espoir des pays du Sud d’atteindre un niveau économique élevé dans les transactions, d’accélérer les échanges commerciaux et économiques, les transferts ». Soulignant qu’il existe déjà une banque au sein des BRICS, le chef de l’Etat équato-guinéen a proposé la création d’une monnaie convertible (des BRICS) à l’échelle internationale, à même de devenir un contrepoids au dollar et à l’euro. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo s’est également dit complètement opposé aux sanctions unilatérales de l’Occident. Le président de la Guinée équatoriale a également affirmé la volonté de son pays d’accueillir le Sommet Afrique-Russie de 2026, y compris en tenant compte de la grande expérience du pays à organiser des événements majeurs d’envergure régionale et continentale.
Une chose est sûre – quelque que soient les décisions qui seront prises lors du Sommet des BRICS de Kazan de cette année – la relation stratégique avec les nations africaines sera l’une des orientations prioritaires de l’organisation internationale du monde multipolaire. Et à cet effet, il est aujourd’hui indéniable qu’il faut privilégier la relation avec les pays de l’Alliance-Confédération des Etats du Sahel et tous les Etats africains qui se revendiquent clairement des valeurs panafricaines et de l’ordre mondial multipolaire. Barrant ainsi la route à toutes les tentatives de l’extrême minorité planétaire des nostalgiques de l’unipolarité à nuire aux processus clés du monde contemporain.
Mikhail Gamandiy-Egorov
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