Un habitant accuse les journalistes d’avoir payé Secteur Droit et Azov pour qu’ils bombardent Artiomovsk

Par Christelle Néant pour Donbass-Insider

Deux jours après notre rencontre avec Ioulia, une jeune maman rescapée d’Artiomovsk, nous avons réussi à retrouver et interviewer Sergueï, un des autres occupants du sous-sol que les soldats ukrainiens ont fait exploser lors de leur retraite au 16 de la rue Levanevski. Lors de l’interview, Sergueï confirme les propos de Ioulia sur les enlèvements d’enfants par les « Anges Blancs », et sur le bombardement de la ville par les soldats ukrainiens alors même que les Russes étaient encore loin. Mais surtout, il explique qu’Azov et Secteur Droit (organisations extrémistes interdites en Fédération de Russie) menaient de tels bombardements contre Artiomovsk car ils étaient payés pour cela par les journalistes ukrainiens et étrangers en manque d’images chocs à attribuer à des bombardements russes.

Lorsque nous entrons dans sa chambre d’hôpital, avec la journaliste canadienne Eva Bartlett, je suis frappée par le visage de Sergueï, d’une grande douceur mais où se lit une grande souffrance. Deux jours après l’interview que nous a accordée Ioulia, nous avons pu retrouver et rencontrer Sergueï, l’homme qui a eu la hanche cassée lors de l’explosion du sous-sol où il se cachait avec toute sa famille.

Si le fils et le beau-père de Sergueï ont réussi à survivre à l’explosion, sa femme et sa belle-mère n’ont pas eu cette chance. L’évocation de leur mort amène Sergueï à plusieurs reprises au bord des larmes, et nous avec.

Il nous raconte comment les forces armées de Kiev ont miné l’immeuble où ils se trouvaient, en sachant parfaitement que des civils se trouvaient au sous-sol, confirmant ainsi le témoignage de Ioulia. Il nous a informées qu’un enfant se trouvait parmi les sept personnes qui sont mortes lors de l’explosion de l’immeuble. Le petit Matveï, sept ans, qui est mort avec toute sa famille. Il confirme aussi que les « Anges Blancs » ont emmené des enfants de force sans le consentement de leurs parents, sur base d’un décret signé par Volodymyr Zelensky.

Nous parlons aussi avec lui des bombardements menés par les soldats ukrainiens contre Artiomovsk, alors que les Russes en étaient encore loin. Sergueï confirme ce fait énoncé par Ioulia, et nous donne l’explication qui manquait pour comprendre ce qui justifiait ces bombardements : le régiment Azov et Secteur Droit (organisations extrémistes interdites en Fédération de Russie) étaient payés par les journalistes ukrainiens et étrangers pour bombarder Artiomovsk, afin qu’ils puissent filmer ensuite les dégâts qu’ils attribuaient aux forces armées russes !

Il semble que faute de vrais bombardements russes contre les civils d’Artiomovsk, certains journalistes peu scrupuleux aient décidé de payer des néo-nazis ukrainiens pour bombarder la ville afin d’obtenir les images nécessaires à leur narratif. En entendant cela, nous nous regardons effarées avec Eva, qui m’expliquera plus tard avoir vu le même genre de méthode en Syrie !

Sergueï nous raconte aussi avoir été arrêté par le SBU suite à une dénonciation, car il regardait des chaînes russes. Après plusieurs heures d’interrogatoire, les officiers du SBU l’ont relâché non sans lui avoir fait signer un procès verbal qu’il n’a même pas eu le droit de lire !

Alors que nous concluons l’interview, Sergueï nous apprend que c’est l’anniversaire de son fils, et que ce dernier le fête pour la première fois sans ses parents. Nous décidons avec Eva d’aller le voir deux jours plus tard, afin de lui offrir un beau cadeau d’anniversaire (vidéo à venir). Sur place nous rencontrons le beau-père de Sergueï qui nous a transmis plusieurs vidéos et photos de leur vie dans le sous-sol de leur immeuble à Artiomovsk, dont une photo de Sergueï avec sa femme et son fils, ainsi que l’accouchement de Ioulia, que j’ai incluses dans la vidéo de l’interview.

Regarder l’interview de Sergueï sous-titrée en français :

J’espère que Sergueï, son fils et son beau-père se remettront des horreurs qu’ils ont vécues pendant plus d’un an à Artiomovsk, et surtout de la perte de deux de leurs êtres chers. Et surtout j’espère que ceux qui sont responsables de leur mort (ceux qui ont miné leur immeuble) paieront pour ce qu’ils ont fait à la famille de Sergueï, et à celle du petit Matveï.

Christelle Néant