Par Ariane Bilheran via L’Échelle de Jacob
Et si les nazis avaient sacrifié l’Allemagne, mais n’avaient pas perdu la guerre ?
Cette thèse, aussi inconcevable pour certains qu’elle est évidente pour d’autres, fut émise pour la première fois en 1945 par Hannah Arendt, la grande philosophe du totalitarisme.
En 2022, après Le débat interdit, écrit avec Vincent Pavan, et les Chroniques du Totalitarisme 2021, Ariane Bilheran suggère de revenir à ce texte d’Hannah Arendt pour mettre en perspective l’actualité du monde, et sa dérive totalitaire.
Ariane Bilheran est normalienne (Ulm, Paris), philosophe, psychologue clinicienne, docteur en psychopathologie, auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages dont certains traduits en plusieurs langues. Elle est spécialisée dans la psychopathologie du pouvoir, l’étude de la manipulation, de la perversion et de la paranoïa, du harcèlement et du totalitarisme.
Avant-propos de Slobodan Despot
Préface de Jean-Dominique Michel
EXTRAIT
LE IVÈME REICH OU LE RAFFINEMENT DU SURHOMME
La destruction sauvage de l’Europe, qui est un danger réel, et très certainement planifié, pourquoi pas à partir du foyer ukrainien, pourrait alors contraindre les peuples à se sentir coincés dans l’alternative suivante : « la domination nazie ou le chaos » ! Le projet de l’Internationale nazie est d’ailleurs présent dès l’origine : « depuis la fin des années 1920, le Parti national-socialiste n’était plus un parti purement allemand, mais une organisation internationale ayant son siège en Allemagne.
La fin de la guerre lui a fait perdre la base stratégique et les équipements d’une machinerie étatique particulière. Mais la perte d’un centre national n’a pas que des inconvénients pour la continuation de l’Internationale fasciste. Libérés de tout lien national et des inévitables préoccupations extérieures qui les accompagnent, les nazis peuvent tenter une fois encore de s’organiser dans le monde de l’après-guerre sous la forme de cette véritable et pure société secrète, dispersée partout dans le monde, qui a toujours été le modèle d’organisation auquel ils aspiraient », soulignait Hannah Arendt.
Quel serait le lieu privilégié pour établir le siège d’« une organisation fasciste internationale délivrée des problèmes d’État et de territoire » ? L’Europe. « N’ayant plus à se soucier du bien-être ou du malheur d’une nation, ils pourraient prendre d’autant plus rapidement l’apparence d’un authentique mouvement européen. Le danger existe que le nazisme parvienne à se poser comme l’héritier du mouvement de résistance européen, en reprenant son slogan d’une fédération européenne et en l’exploitant à ses propres fins.
Il ne faut pas oublier que […] le slogan d’une Europe unie s’est révélé pour les nazis l’arme de propagande la plus efficace. […] Incontestablement, le fascisme a été battu une fois, mais nous sommes loin d’avoir complètement éradiqué ce mal suprême de notre temps. » Hannah Arendt soulignait que le danger d’un tel développement s’accroîtrait d’autant plus que les démocraties n’auraient aucune stratégie à opposer à ces Internationales idéologiques.
Je pourrais ajouter le fait que les démocraties se sont crues « à l’abri » d’un retour du fascisme, et débarrassées de la Bête immonde, qui n’était donc, en définitive, même pas agonisante. Elles ont donc perdu leur vigilance, et on le voit bien aujourd’hui, devant l’impossible représentation de ce que le nazisme puisse être de retour. C’est du passé, et l’horreur du passé ne saurait revenir, ou être égalée. Erreur fatale de raisonnement !
Arendt avait également pronostiqué une augmentation des révolutions, et des guerres, entraînant une déstabilisation des territoires, avec des populations de réfugiés que l’Europe ne serait en mesure d’absorber : « Poussées hors de territoires où elles ne désirent pas ou ne peuvent pas retourner, ces victimes de notre temps se sont déjà établies comme de petits fragments de groupes nationaux dans tous les pays européens. » Cette fragilisation des cultures locales et cette atomisation des résistances locales servent d’autant mieux le retour d’une politique fasciste.
Pour Vera Sharav, survivante de l’Holocauste, fondatrice de l’organisation à but non lucratif Alliance for Human Research et militante des droits humains face aux pratiques illicites et frauduleuses de l’industrie pharmaceutique, le diagnostic est clair : « Un groupe d’oligarques mondiaux assoiffés de pouvoir, qui se compose de Big Pharma, des banques centrales et des compagnies technologiques de biosurveillance, a capturé les gouvernements de la même manière que les nazis. » De la même manière, ou s’agit-il précisément de néo-nazis ? Les néo-nazis envisagent le IVème Reich comme mettant en scène la suprématie aryenne, une suprématie de race, l’antisémitisme, le Lebensraum, le militarisme agressif et le totalitarisme.
Notons que Vera Sharav a perdu son fils adolescent à la suite d’une prescription médicamenteuse, et présente ce point commun avec feue Judith Reisman, qui elle aussi avait perdu sa fille, de se battre en mémoire de leur enfant, afin que les enfants cessent d’être sacrifiés sur l’autel des intérêts pervers de petites corporations de puissants.
L’Internationale nazie, de Ariane Bilheran.
102 pages, août 2022 – ISBN : 979-10-359-5897-8
Le principe de :
– « L’homme-race » dit supérieur, choisi par dieu(x) ou par la nature appelant à la distinction homme/sous-homme,
– La supériorité par la filiation de « sa race »,
– La supériorité de « sa morale » sur tout autre, au point de définir la vie d’autrui sans importance,
– la terre promise, concise et son annexion,
– les camps d’internements, de concentration, pour ceux qui sont de trop,
…n’y aurait-il pas une idéologie bien plus ancienne, qui sévirait encore de façon tout aussi décomplexée et par laquelle le nazisme ne serait que sa manifestation matérielle ?
Cette idéologie appliquée depuis fort longtemps ne repose pourtant que sur la manipulation, la peur.
« L’éducation ce n’est pas seulement de retenir que hit.ler a fait tuer 6 millions de ju.if.s,
l’éducation c’est de comprendre comment des millions d’allemands ordinaires furent convaincus que c’était nécessaire. »
Il y a 75 ans, il a été demandé à Hermann Goering lors du procès de Nuremberg, comment les allemands avaient pu accepter tout cela.
Il a répondu:
» C’est très facile, et ça n’a rien à voir avec le nazisme; cela a à voir avec la nature humaine.
Vous pouvez le faire dans un régime nazi, socialiste, communiste, dans une monarchie ou une démocratie: la seule chose dont un gouvernement à besoin pour transformer les gens en esclave est la peur.
Si vous pouvez trouver quelque chose pour les effrayer vous pouvez leur faire faire tout ce que vous voulez. »
Le rapport ?
La peur n’explique pas le sentiment de supériorité et tout ce qui va avec.
…Par contre, une idéologie enseignée, si.
Quand j’écris » Cette idéologie appliquée depuis fort longtemps …. », si elle est appliquée c’est qu’elle est enseignée. Ou alors je me suis mal expliqué ? ça paraissait pourtant assez clair !
Bon bin du coup, je retourne sur l’article
https://lesmoutonsenrages.fr/2022/08/28/moins-de-mots-plus-de-maux/
Peut-être que j’en trouverai de meilleurs !
D’ailleurs, j’avais abordé légèrement ce sujet il y a un peu plus d’un an sur mon blog:
VIVRE la liberté – la racine de nos maux, des mots pour arracher la racine
http://www.lesmysteresdarkebi.com/archives/2021/02/16/38819627.html
Ce n’est pas clair, du moins pour moi.
Etre séduit par une idéologie, n’a rien à voir avec être contraint à adhérer à cette idéologie.
– Je parle du fondement de l’idéologie et toi du consentement plus ou moins fort à suivre cette idéologie par le recours à une manipulation mentale appelée peur.
Dans ce cas, la croyance est infiniment plus faible. Que la contrainte cesse, que « les avantages » de la soumission prennent fin et les « convertis » s’évaporent en masse.
@ engel dimanche 28 août 2022 à 10 h 45 min
Plus précisément ?
@paulau dimanche 28 aout 2022 à 18h 15 mn
Plus précisément quoi ?
je vais relire « le matin des magiciens » avec le mythe de Thullé , la terre creuse et la secte du soleil noir !!! le fantôme de himmler doit encore planer chez les teutons
Peu de gens on conscience que la déstabilisation de l’Europe a commencé après la chute du mur de Berlin et les premières guerres de l’ex- Yougoslavie, la Slovenie voisine de l’Allemagne de de l’Autriche à été le première suivi de la Croatie qui je ne dois pas le rappeler soutenais le régime teuton.
…Et que c’est le régime teuton de l’époque 90 qui poussa la Slovénie et la Croatie à faire sécession.
…Ce qui déclencha la guerre dite de Yougoslavie.
Exactement mon cher Engel ;-)Je me rappel très bien le moment ou tout à basculé à l’époque on avait encore une certaine presse libre et indépendante qui publiait des articles 2 ans avant que cela explose, d’un point de vue personnelle nous traversions chaque année la Yougoslavie pour nous rendre en Grèce et nous avons vu de nos yeux la situation se dégrader cela a commencer après la mort de Tito.
Pour ceux qui ont de la mémoire tous les événements s’enchaîne à merveille à partir de ce moment c’était la fin des 30 glorieuses…1950 – 1980 😉
Oui,
Vu que c’est Tito, d’obédience communiste, qui d’une main de fer créa de toute pièce cette grande Yougoslavie.
De plus, il l’emmena au haut standard du niveau de vie européen (jeu olympique de Sarajevo), fait totalement insupportable pour une occident oxydée.