Discrimination quand tu nous tiens

Dans la société bienpensante, tout est discrimination. Au point que même « genrer » un objet est devenu presque intolérable. L’on prend fait et cause pour tout et pour rien, toujours prêt à défendre la veuve et l’orphelin, et parfois aussi tout et son contraire. Aujourd’hui, et depuis le 24 février 2022, la Russie attaque l’Ukraine en menant une « opération spéciale ». Pas de doute, la Russie est l’agresseur. En dehors de toute la propagande de guerre tant côté Russe qu’Ukrainien, oui, il ne faudrait pas l’oublier, les Etats membres de l’Otan ont mis en place des mesures coercitives à l’encontre de la Russie.

Si une bonne partie de ces mesures a surtout une fâcheuse tendance à se retourner contre nous, une est particulièrement perverse. Elle vise les oligarques russes dont les biens et avoirs sont purement et simplement confisqués, en bafouant la loi s’il le faut. Selon le Robert, un oligarque est un membre ou un proche d’un Gouvernement qui a un grand pouvoir économique. Si l’on ne fait dans ce cas aucune distinction entre les oligarques approuvant l’opération militaire du Kremlin et ceux qui y seraient plutôt opposés, cela a aussi de curieuses et pathétiques répercussions.

La discrimination des Russes à l’étranger est devenue très préoccupante. Dans un petit article récent dans le journal « Marianne » il est décrit comment un ressortissant d’origine Russe, en France depuis trente ans, s’est vu refuser du matériel de bricolage par une enseigne au prétexte de ses origines. Cet homme a-t-il une quelconque responsabilité dans ce conflit ? Cette haine débridée trouve son point d’orgue sur les réseaux sociaux où les messages les plus infectes en direction de la population russe ne sont, volontairement, pas censurés. Tous les russes, même ceux expatriés depuis des années seraient donc responsables de ce conflit ?

Le silence assourdissant des bienpensants n’est toutefois pas une surprise. Il y a des causes plus « nobles » et « faciles » à défendre pour ceux qui sont bien souvent les pires auteurs de discrimination. Le fameux « amalgame », si souvent dénoncé dans d’autres circonstances, fait ici son retour en force sans que cela ne froisse qui que ce soit, bien au contraire. Mais une fois encore, ce n’est pas réellement une surprise, malheureusement.

Sylvain Devaux