Macron : les élites globalistes ne peuvent se permettre la paix avec la Russie

Par Karine Bechet-Golovko pour Russie politics via Mondialisation.ca

L’allocution télévisée de Macron hier soir n’a finalement rien apporté de nouveau. Et c’est bien ce qui est significatif. Macron est l’une des figures des élites globalistes et c’est à ce titre qu’il parle, plus qu’à celui de Président des français. Ainsi, il s’agit toujours de la « Russie-ennemi-menace », de l’envoi de troupes occidentales en Ukraine après la signature d’un putatif accord avec la Russie, d’un réarmement de la France et des pays de l’UE, dont le parapluie nucléaire doit à lui seul protéger l’Europe. Tout est mis en place, pour que la Russie ne signe aucun accord de paix, qui ne puisse être entendu comme une trahison de ses élites. Les globalistes, dans leur ensemble, n’ont pas besoin d’une paix équitable avec la Russie, ils ont toujours besoin de sa capitulation.

Emmanuel Macron a tenté la sobriété pour mieux faire passer et les mensonges éhontés, et des buts peu louables.

Voir l’allocution

Macron réécrit le monde à l’aune de la « vérité globaliste »

Les petits mensonges, quand ils sont répétés, sont censés devenir une forme de vérité. Mais pour mentir aussi ouvertement, il faut n’avoir aucune morale. Nous en relèverons cinq des plus importants.

Ainsi, apprend-on qu’en 2014 la Russie aurait d’un coup d’un seul envahi l’Ukraine. Pas de Maïdan avec défilés des politiciens américains et européens, pas de « garants » européens pour un accord de Yanoukovitch avec les putschistes, pas de soulèvement populaire dans l’Est face à l’envoi de l’aviation ukrainienne, des chars et de l’armée ukrainienne contre les habitants. Rien de cela n’est évoqué, au contraire la Russie aurait décidé tout à coup d’arriver en Ukraine.

Et dans le discours globaliste, malgré les déclarations contraires de Merkel et de Hollande, c’est la Russie qui serait responsable de l’échec des Accords de Minsk. Rappelons, que plusieurs dirigeants européens ont déclaré que ces accords avaient été conclus pour tromper la Russie et gagner du temps.

Nous apprenons enfin que la Russie truque les élections, en Moldavie et en Roumanie. Amusant, surtout après la diffusion des documents confirmant l’implication de l’USAID.

La Russie aurait rendu la guerre en Ukraine « mondiale », avec les fameux Nords-Coréens, tellement nombreux, qu’ils ne sont jamais filmés, ni blessés, ni tués. Silence total sur les « formateurs » des pays de l’OTAN, les « mercenaires » de ces pays, la Légion étrangère (qui n’est formellement pas au courant de la présence de ses membres sur le front), de l’utilisation du renseignement des pays de l’OTAN (et pas uniquement américain), de Starlink, l’armement massif, etc. etc. etc. Sans parler de l’accélération des programmes de l’OTAN formant l’armée ukrainienne depuis le Maïdan ou des programmes individuels, comme celui du Canada. Qui a rendu ce conflit mondial ? Les globalistes.

La Russie, enfin, présenterait une menace pour l’Europe et pour la France, étant sous-entendu que suite au renforcement de son armée, elle serait prête à s’attaquer à nos pays après l’Ukraine. Trembleeez dans vos foyers ! A la vitesse à laquelle la Russie avance en Ukraine, la France aurait quelques siècles devant elle, si jamais la Russie en avait eu, comme le fantasme Macron, réellement l’intention … Plus sérieusement, la Russie ne présente pas une menace pour la France ou l’Europe, dans le sens où Macron veut le faire croire, la Russie présente une menace réelle pour les élites globalistes gouvernantes, en France comme en Europe. Et c’est à ce titre que Macron s’exprime, et ce sont ces intérêts que les Français sont sommés de défendre.

Le réarmement de la France et la sécurité européenne

La France, pour faire face à cette soi-disant menace, doit se réarmer et les pays de l’UE être militairement plus indépendants, notamment des Etats-Unis, dont le soutien deviendrait soi-disant moins certain. En principe, si véritablement il s’agissait de développer l’indépendance de la France et des pays européens, nous ne pourrions qu’applaudir. Et d’ailleurs, cette mesure a été largement plébiscitée par les Français et elle fut la seule :

D’après le sondage Toluna-Harris Interactive réalisé pour LCI ce mercredi soir, 68% des Français se disent favorables à l’augmentation du budget français consacré à la défense

L’idée d’un retour de la France, de sa puissance est bien dans le coeur d’une grande partie de nos concitoyens et Macron joue cette carte. Pour cela, le plafonnement du déficit ne doit pas tenir compte de l’investissement dans l’armée. Même si ce tour de passe-passe budgétaire devrait être validé à Bruxelles aujourd’hui, ça ne règle pas la question du financement de cette décision.

Produire en France est un moyen de relancer l’économie et donc de stabiliser la société. En ce sens, une « bonne guerre » est toujours la recette pour sortir d’une « bonne crise ». Mais la réalité demande plus de temps, que celui d’un discours télévisé.

La réindustrialisation demande de relancer, voire de récréer, l’industrie et de former des personnes compétentes. Une société industrielle est une société ancrée dans le réel, une société « lourde », ce qui est fondamentalement incompatible avec le wokisme, dont il va falloir désintoxiquer les sociétés européennes, comme Vance l’a fait comprendre. Et tout cela demande beaucoup de temps – ou un pouvoir de type totalitaire.

Et dans la foulée, la France propose de mettre les pays européens sous le parapluie nucléaire français, tout en gardant le contrôle.

Le problème politique, qui se pose en vérité, est celui de l’absence d’élites gouvernantes nationales. Nos élites sont globalistes, elles défendent les intérêts globalistes et utilisent à cette fin les ressources étatiques. L’arrivée de Trump n’a strictement rien changé à cela.

Donc à qui et à quoi va servir le réarmement de la France et des pays européens ?

L’impossible pacification des relations entre les globalistes et la Russie

En tant que représentant des élites globalistes, Macron a fait clairement comprendre que les conditions auxquelles la Russie pourrait accepter de signer un accord de paix ne sont pas acceptables pour elles.

Au minimum, la question du contingent militaire occidental présent sur le sol ukrainien après la signature d’un certain accord est un élément rejeté par Moscou, qui y voit à juste titre un danger pour sa sécurité. Sans oublier que ces élites ne reconnaîtront jamais juridiquement les nouvelles frontières.

Stratégiquement, alors que la Russie cherche une normalisation des relations avec l’Occident, Macron fait clairement comprendre que la « Russie de Poutine » ne pourra jamais être acceptée. Elle est l’ennemi et elle ne pourra être acceptée, que lorsqu’elle ne sera plus ennemie, lorsqu’elle sera « pacifiée » dit-il. Autrement dit, lorsqu’elle aura capitulé.

La dernière question qui reste en suspens est bien celle de savoir comment est coordonné le travail de ces élites globalistes européennes avec les élites américaines, qui n’ont pas disparu par l’arrivée de Trump. Elles sembleraient plus jouer au gentil policier (les élites américaines trumpiennes) et au méchant policier (les élites européennes). Car pour l’instant, la « paix » dont parle Trump se réduit à l’accord sur les minerais ukrainiens, la Maison-Blanche déclare encore une fois que si Zelensky se met sur la voie des négociations de paix (c’est-à-dire sur les minerais), il recevra un soutien militaire des Etats-Unis et des garanties de sécurité.

Les élites européennes sont utilisées comme repoussoir, afin de pousser la Russie dans les bras de Trump, qui n’a pas de paix équitable à proposer, qui ne remet pas en cause la globalisation américano-centrée, qui veut simplement la « rationaliser » pour la rendre plus efficace. La Pax Americana renouvelée, son monde global pacifié.

A priori, la seule véritable rencontre à ce jour, celle de Riyad, a fait comprendre qu’un échange loyal ne sera pas à l’avantage des globalistes. Ils s’adaptent et les globalistes européens jouent le jeu. Macron tient son rôle.

Karine Bechet-Golovko

La source originale de cet article est Russie politics

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7 Commentaires

  1. Reste une solution : repérer leurs adresses, et agir sur chacun

  2. Quand on ne maîtrise plus la situation intérieure on va chercher l’aventure à l’extérieur, c’est vieux comme le monde, ce n’est pas Jean Michel qui nous contredira !

    Ceci étant, que pèse MACRON face à POUTINE ?

    Avec ses missiles inarrétables, la RUSSIE n’aurait aucunement besoin d’utiliser l’arme nucléaire, allez trois ou quatre pelots arrivant à plus de 5000 KM/H quelques parts en FRANCE, démonstration faîte que ferait le tocard de la finance ?

    Il y a assez de gens en FRANCE qui ne considère aucunement la RUSSIE comme une menace, le fanfaron élyséen ferait bien de s’en souvenir ….

  3. « 68% des Français se disent favorables à l’augmentation du budget français consacré à la défense. »

    Si ce sondage est vrai, j’entends déja ces gens là hurler quand ils vont voir leurs impôts augmenter. https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_whistle3.gif

    • Qui va croire cette connerie de « sondage » ? C’est comme les 60% de jeunes qui sont prêts à partir défendre l’Ukraine… Les médias préparent l’opinion à en baver, ça c’est sûr ! Mais tous ces gens favorables savent-ils les sacrifices qu’il va falloir faire ? Ils croient que ça va continuer avec frigo plein et tout (presque) à volonté comme à présent ? Les jeunes iront en jeans, cheveux bleus et smartphone pour faire des selfis sur le front ? Pauvre humanité en perdition, corvéable et manipulable à loisir. On leur met le trouillomètre à zéro, pour éviter qu’ils voient la réalité en face et prennent les fourches contre tous ces corrompus manipulateurs.

      • Bonsoir Volti,https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_bye.gif

        Détrompes toi, cela dépend comment les questions furent posées. Ces sondeurs sont des vicieux professionnels qui travaillent la réalité pour la travestir en fonction des attentes de celui qui commande(paie) le sondage.

        Il y a une quarantaine d’années, par téléphone je fut sondé par la Sofres.
        Résultat, mes convictions ne purent absolument pas s’exprimées. A cause de l’orientation dictatoriale des choix, qui au final exprimèrent l’inverse de ma pensée profonde.
        Ce jour là, je me suis juré que plus jamais je n’accepterais de répondre à quelque sondage qu’il soit.

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