Est-il urgent de régénérer la vie politique?

L’auteur parle de l’Espagne mais, l’épidémie touche tous les pays de l’U-E

Par Germán Gorraiz López, analyste politique pour Observateur-Continental

Le philosophe grec Aristote, dans son traité Politique, définit l’homme comme un «animal politique» pour indiquer que «l’homme est un être social et rationnel qui vit dans des sociétés politiquement organisées et aux affaires publiques desquelles il participe plus ou moins, avec l’objectif de réaliser le bien commun poursuivi par la politique: le bonheur des citoyens». 

Selon Wikipedia, «​un parti politique est un groupe de personnes possédant des idées politiques communes réunis en association. Il peut chercher à influencer le gouvernement en place, en le soutenant si celui-ci en est issu, ou en s’y opposant. Il nomme également ses propres candidats aux différentes élections et en tentant d’obtenir des mandats politiques». Historiquement, l’idée de parti était inhérente à la conception du pouvoir partagé (antagoniste à l’idée de pouvoir monopolistique de la monarchie) et responsable envers les différentes parties de la société qui, au fil du temps, s’est consolidée comme un moyen d’expression de la volonté citoyenne et de l’action gouvernementale. 

Initialement, la fonction première des partis était de promouvoir la participation citoyenne à la vie démocratique et de contribuer à l’intégration de la représentation nationale. Mais, les cas sanglants de corruption de la majorité des partis parlementaires, combinés à la transformation desdits partis en entités totalement réfractaires aux besoins fondamentaux des citoyens, auraient provoqué la désaffection de larges couches de citoyens. 

Ainsi, la caste politique dirigeante aurait été transformée en une clique de pouvoir (équivalent à un mini-État au sein de l’État), qui utiliserait le népotisme pour se perpétuer au sein du parti à vie et, à son tour, serait engloutie par le pouvoir, la pression des lobbies de l’establishment. De même, les partis politiques souffriraient, selon Ortega y Gasset, de «l’aristophobie ou de la peur du meilleur» puisque «la rébellion sentimentale des masses, la haine du meilleur et la rareté du meilleur dans la politique serait la véritable raison du grand échec hispanique». Comme solution, à la fin de l’essai L’Espagne invertébrée, Ortega y Gasset souligne «l’impératif de la sélection qui doit gouverner les esprits et guider les volontés et, en l’utilisant comme un ciseau, il s’est mis à forger un nouveau type d’Espagnol». 

Pour Hannah Arendt, «le gouvernement représentatif est devenu oligarchique: la liberté publique et le bonheur sont devenus le privilège de quelques-uns». Les partis politiques feraient donc partie d’un système obsolète et fossilisé, c’est pourquoi le système des conseils est préconisé comme «la seule forme d’organisation d’une grande communauté politique qui garantisse le droit à la participation de tous ses membres dans la sphère publique puisqu’ils constituent de véritables espaces politiques, aptes à servir de scènes d’action». 

En conclusion, il est urgent de renouveler les structures internes des partis politiques pour assurer une transversalité qui permette la mise en œuvre de canaux de dialogue avec les citoyens et facilite la création d’espaces disponibles pour une interaction libre. Cela faciliterait leur participation à l’élaboration des programmes électoraux des partis ainsi qu’aux listes de candidats aux différentes élections, en combinant représentation et action pour éviter que les citoyens soient condamnés in eternis à n’être qu’un «animal politique» à vie. 

Germán Gorraiz López, analyste politique 

Volti

Un Commentaire

  1. Constat effectivement international. Mais la solution de donner plus de voix et d’interactions entre citoyens ne me semble pas suffisante. Ca ressemble trop à la “démocratie participative” de S. Royal et autres marionnettes du Marché.
    Une solution profonde et efficace, à mon avis, c’est le RIC, en toutes matières. C’est bien pour ça que Embouti Majeur leur a tout refusé et leur a tapé dessus tant qu’il pouvait. Et d’ailleurs, il continue, en restreignant la distance obligatoire d’utilisation des LBD et en achetant une trentaine de chars.

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