L’UE accélère sa production de munitions

Source Observateur-Continental

L’UE assume de porter l’effort de guerre de l’Ukraine en lui livrant de manière ininterrompue des obus. Les plus petits pays de l’UE, comme la Lituanie, ont décidé de participer à cet effort de guerre, sans oublier la France ou l’Allemagne qui traversent une grave crise sociale et économique.
 
La loi sur l’action de soutien à la production de munitions (ASAP), élaborée dans l’UE pour augmenter la production de munitions et de missiles, est entrée en vigueur pour l’Ukraine en ayant été publiée au Journal officiel de l’UE. L’objectif d’ASAP est d’augmenter la capacité de production afin que l’approvisionnement en munitions de l’Ukraine se déroule ​rondement. Mais, augmenter la production d’armes du jour au lendemain n’est pas une chose facile pour l’Europe. 

L’ASAP est un élément clé du plan de l’UE visant à fournir des munitions à l’Ukraine, et il a été présenté en mars dernier par le chef de la diplomatie européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell. Le plan lui-même comprenait trois parties. Le premier prévoyait l’allocation d’un milliard d’euros du Fonds extrabudgétaire européen pour la paix avec «The European Peace Facility» (EPF) pour indemniser les États de l’UE qui transfèrent leurs munitions à l’Ukraine.
 
La deuxième partie visait à développer une approche commune pour l’achat de munitions afin de réduire leur délai de livraison. Cela a été partiellement réalisé: 25 pays de l’UE, ainsi que la Norvège, ont conclu un accord sur la production et l’achat conjoints de munitions pour l’Ukraine sous les auspices de l’ Agence européenne de défense (AED).
 
Et, maintenant, la mise en œuvre de la troisième partie, la plus difficile, du plan a commencé. Il s’agit d’augmenter des capacités de production des pays de l’UE. L’objectif ultime de l’initiative de Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, mais aussi chef de l’Agence européenne de défense, est de fournir à l’Ukraine un million de munitions d’artillerie en un an. 
 
Son adoption modifie considérablement la situation dans l’UE. Auparavant, un seul pays de l’UE –la Pologne- avait annoncé une forte augmentation de la production de munitions destinées à l’Ukraine. En mars dernier, le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, avait lancé que son pays, en particulier le fabricant polonais d’obus d’artillerie Dezamet, qui fait partie de l’entreprise publique Polska Grupa Zbrojeniowa (PGZ), augmentait plusieurs fois sa capacité de production. Il était soutenu par le ministre polonais de la Défense Mariusz Błaszczak. 
 
L’activité des Polonais dans l’approvisionnement de l’armée ukrainienne ne s’explique pas seulement par des raisons politiques et la présence d’un puissant complexe militaro-industriel dans leur pays qui fait, d’ailleurs, rougir de honte tous les membres de l’UE. La Pologne est indemnisée de ses dépenses. Par exemple, les armées remplacent rapidement ce qui a été envoyé à l’armée ukrainienne. Les approvisionnements vers la Pologne proviennent de nombreux pays, y compris hors d’Europe. Un excellent exemple est la Corée du Sud. En 2022, ce pays a considérablement augmenté l’approvisionnement de ses munitions en Pologne: «L’année dernière, les exportations d’armes de la Corée du Sud ont augmenté de 140% pour atteindre un record de 17,3 milliards de dollars, y compris des accords d’une valeur de 12,4 milliards de dollars pour vendre des chars, des obusiers, des avions de combat et plusieurs lance-roquettes à la Pologne». La réticence de nombreux pays à soutenir l’ASAP était due au fait qu’ils n’étaient pas sûrs de l’état de préparation de l’UE et s’ils allaient être rapidement indemnisés pour les dépenses de défense de l’Ukraine. 
 
De nombreux pays européens ont des plans assez sérieux à cet égard. Par exemple, le Conseil de la défense nationale lituanien a approuvé lundi dernier un plan triennal d’assistance militaire à l’Ukraine. Les principales orientations du soutien sont l’achat de moyens létaux et non létaux, la formation et l’entraînement militaires, les contributions financières aux fonds de soutien, la réparation du matériel militaire en Lituanie et la formation du personnel pour un total de 200 millions d’euros sur la période 2024-2026. 
 
A titre de comparaison: selon la loi de finances pour 2023, les revenus de l’Etat lituanien devraient être de 15 milliards d’euros. Le ministre lituanien de la Défense, Arvydas Anusauskas, a annoncé que le plan serait financé par le Fonds européen pour la paix (FEP). Dans le même temps, les dépenses militaires du pays augmenteront fortement. La Lituanie a annoncé cette semaine vouloir acheter des chars d’assaut pour 2 milliards d’euros. Le vendeur n’a pas encore été sélectionné, mais cela sera probablement l’Allemagne. «Ce sera l’une des plus grosses acquisitions non seulement de l’armée, mais aussi de la Lituanie en particulier», souligne le média lituanien. 
 
Il est important de faire savoir que les responsables de l’UE annoncent ouvertement vouloir envoyer de manière ininterrompue des munitions à l’Ukraine afin de lui assurer un long conflit avec la Russie. L’opinion la plus radicale a été exprimée au dernier sommet de l’Otan à Vilnius par le président tchèque Petr Pavel. Il a admis qu’entre autres, en raison de l’incapacité de l’Occident à assurer le rythme actuel d’approvisionnement de l’Ukraine, «la nécessité [d’avoir des] négociations pour mettre fin aux combats» car l’Ukraine devait cette année «reconquérir le plus de territoire possible à la Russie sinon cela deviendra plus difficile de monter de nouvelles opérations et les alliés commenceront à souffrir d’une fatigue de la guerre». «La victoire dans un monde idéal pour l’Ukraine serait définie par la pleine restauration de la terre ukrainienne», a-t-il, certes, martelé, pour finalement avouer: «Je pense, de manière réaliste, que la situation sera légèrement différente et que nous verrons la situation lorsque l’Ukraine sera prête à entamer des négociations une fois qu’elle aura épuisé toutes les possibilités pour pouvoir avancer». 

Olivier Renault

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Volti

2 Commentaires

  1. Mais l’EUROPE, n’était-ce pas la prospérité, la paix ?

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