Où sont passés les gens ?! Par Sylvain Rochex

Par Sylvain Rochex

Une vingtaine de modèles humains standardisés robotisés peuplent nos contrées. C’est comme si chacun avait eu accès à une costumerie de théâtre pour prendre un personnage autorisé, pour choisir un masque parmi un choix hyper restreint. Je vois des clones partout.

La singularité, qui faisait l’âme et la Lumière du monde, a disparu.

Je n’ai plus jamais de surprise, d’étonnement. C’est véritablement comme si les humains avaient disparu. Disparu dans le conformisme. Disparu dans l’argent, dans les maternités et paternités morbides, dans les quotidiens au service du “gros animal”. L’aventure est devenue voyage en Patagonie pour faire des photos pour Instagram.

L’originalité c’est un joli mot pour dire l’inverse du conformisme, mais ça n’existe plus. Chacun fait ce qu’il convient de faire, et dit ce qu’il convient de dire. Et chacun se laisse emporter par la chair et l’argent : divertissements, travail pour argent, tourisme, sexualité, maternité morbide, paternité morbide et consommation extrême assumée. Sur tous les visages, on lit constamment la peur de vivre, la peur de l’impromptu, de l’inconnu et de la nouveauté. Chaque existence constitue en une œuvre quotidienne pour boucher tous les trous où pourrait couler le fluide neuf, l’incroyable, l’improbable, … l’aventure…

Les humains qui n’en sont plus, sont obsédés au dernier degré par la sécurité et par le confort. Une culture de l’avachissement. Une méga-culture généralisée du chips-écran. La diversité des activités s’est éteinte au profit d’une seule sorte : le travail sur écran. La diversité des loisirs s’est également abîmée au profit du loisir sur écran. La liste des excuses concernant le fait d’avoir disparu, de ne plus être vivant, est devenue une sorte de liste officielle où chacun peut aller puiser en fonction du rôle standardisé qu’il a choisi dans la société (” Nan mais parce qu’avec les gosses…“).

Et comme je l’écrivais dans mon texte “L’organisation mondiale de la lâcheté“, on est tous solidaires les uns des autres concernant la lâcheté : « Quand le monde entier se constitue en une gigantesque et totale organisation de la lâcheté intégrale, là, c’est le bonheur, on va pouvoir être lâche à l’infini, sans honte ! Puisque l’autre est lâche aussi, ce n’est sûrement pas lui qui va nous reprocher quoique ce soit !! Chouette alors ! Nos deux lâchetés s’annulent et le signal avertisseur de la honte s’évapore instantanément ! Merci l’autre ! Merci à tous ces autres qui, en étant vicieux, aident et travaillent pour mon propre vice ! Merci ! Et maintenant, si vous pouviez tuer sans gêne et baiser des gosses, allez-y, comme ça, si vous le faites tous, si on le fait tous, j’en obtiendrais le droit moral sans avoir à lutter. Ainsi sont venus les génocides : par mimétisme et effet de meute où chacun se croit autorisé par l’autre : si l’autre le fait, je peux aussi le faire voire même je dois le faire ! Deux lâches qui s’affrontent avec une lâcheté identique sont en fait en train de s’entraider, ils se font le cadeau réciproque de se penser vaillants et homme de bien, alors qu’ils sont lâches à deux — exactement comme deux drogués, ou deux violeurs, ou deux paumés, ou deux criminels se rassurent, se valident, se confortent, se font du bien, grâce à la présence de leur alter-ego —.

Mais de deux personnes, on peut volontiers passer à 7 milliards : tous lâches, mais dont la lâcheté est rendue invisible par son universalité et son homogénéité. 7 milliards de lâchetés qui s’annulent mutuellement par leur coexistence. Bref, la lâcheté devenant norme anthropologique, mais qui donc en tant que norme n’est plus de la lâcheté, c’est … la norme ! »

Ainsi nous sommes si heureux de voir l’autre boire de l’alcool avec excès pour se sentir justifié, et nous haïssons tellement celui qui ne boit pas ou sait s’arrêter après deux verres. Mais il en est ainsi de tous les péchés, et donc de ce péché à ne pas vivre, à refuser l’aventure de la vie pour la remplacer par le conformisme. Le conformisme est autant le fait d’imiter, que d’imiter le fait de se conformer, c’est un processus à la puissance. Or, « qui veut sauver sa vie la perd », et cela est valable aussi bien individuellement que collectivement.

Pouvez-vous comprendre que mon sentiment de la disparition des humains est bien réel ? Que ce n’est pas une vue de l’esprit ? Je cherche des humains sans en trouver. Je cherche sans en trouver des gens qui n’aiment pas seulement les moutons en tant qu’idée mignonne, mais qui aiment la rusticité d’une vie avec eux. Des gens qui n’aiment pas seulement l’idée mignonne des fleurs, mais qui aiment s’occuper du fumier ou du compost, mettre les genoux par terre et les mains dans la terre pour en semer et s’occuper des semences.

Des gens qui n’aiment pas seulement manger de la crème de châtaignes devant la télé, mais qui aiment s’occuper des arbres, ramasser des châtaignes et faire soi-même la crème. Je n’en trouve pas. Des gens qui n’aiment pas seulement le pesto d’ail des ours, mais qui aiment se perdre dans des bois pentus pour en ramasser. Je n’en trouve pas. Des gens qui n’aiment pas seulement lire devant un bon feu dans l’âtre (en payant un chalet de tourisme avec du bois déjà prêt), mais qui aiment aussi bucheronner, fendre, transporter et mettre à sécher soi-même du bois. Des gens qui aiment boire des infusions, mais qui aiment aussi partir avec un panier pour réaliser des cueillettes et organiser ensuite le séchage… etc. etc. etc. etc.
Peuple d’avachis. Tellement avachis qu’un néant s’est formé sur leurs séants, tel un trou noir, dans lequel ils ont véritablement disparu.

Les gens sont tous morts. Morts à ce travail de merde sur écran pour gagner de l’argent dans le but de ne pas vivre et de juste consommer en restant avachis. J’en parlais ici : “L’argent, ce moyen en or pour ne pas vivre” : «Vivre est quelque-chose d’intense, de risqué, de troublant quand on possède une conscience, c’est pourquoi les humains ont développé cet objectif : comment puis-je ne pas vivre ? C’est-à-dire être vivant sur le plan organique mais vivre le moins possible sur le plan de l’expérience.» et je disais aussi : « Si j’ai 100 euros dans ma poche, je dispose là d’un potentiel de valeur 100, non seulement pour dominer mon prochain, mais surtout me voilà assuré d’une valeur de 100 points de vie en moins. Tout simplement car l’argent me permet d’atteindre instantanément ce qu’il m’aurait fallu atteindre en m’épanouissant, en réalisant, en vivant. (…) L’argent est ce qui tue le temps de vivre, en nous permettant d’obtenir directement ce qui aurait demandé du temps.»

Je m’interroge et ça brûle : que valent tous les propos de soi-disant amour pour la nature alors que ce qui est aimé n’est que le fruit à consommer, la fleur à contempler, la bête à caresser ? Les gens n’aiment pas la vie et la nature et n’en aiment que les représentations ou les sensations parfaitement douces et chaudes. C’est pourquoi ils la veulent tous avec une distance entre elle et eux. La nature est un objet de divertissement et de plaisir qu’on rejoint uniquement en fonction de la météo. C’est un objet extérieur à soi, un objet de consommation dont on veut disposer à sa guise. Et en prime, on exige des chemins balisés, des loups tués, des télécabines, des restaurants, et des secours en montagne… Les gens sont des tyrans.

Qu’il est laid cet anthropos débile d’aujourd’hui qui veut le fromage de la brebis avec son argent, mais qui est absolument terrifié (je n’exagère pas), par le fait de devoir gérer l’accouplement et la descendance de la bête, de les nourrir, de les traire, de les soigner, de leur faire les pieds, de faire des parcs, de nettoyer l’étable, et de faire le fromage. Et dans les excuses principales celle-ci : “ce n’est pas mon métier, chacun son métier, certains aiment faire ça, ce sont des agriculteurs, je les soutiens, je mange bio et local“. Le paysan c’est toujours l’autre, jamais soi.Qu’il est affreusement laid cet homme gorgé d’excuses du matin au soir, toute l’année, et pendant des décennies, pour demeurer un esclavagiste à frigidaire, et ne jamais vivre.

Sylvain Rochex, 25 décembre 2020.

Volti

11 Commentaires

  1. Les gens, il y en a quelques uns ….. quand on en trouve , c’est un soleil que de partager avec eux , de vivre à côté d’eux. On pourrait les inscrire sur la liste des espèces en voie de disparition alors réjouissons-nous d’en croiser encore…
    Merci Sylvain !

  2. Bon___jour___BIP !
    https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wink.gif

  3. C’est parce que nous vivons dans un société qui s’est éloignée de la culture de l’essentiel pour la culture du paraitre, du consumérisme, de l’avoir, comme si notre avoir était la seule source de bonheur à notre existence.

    Et les gens travaillent parfois sans grande passion pour pouvoir s’acheter ce qui leur procurera un semblant de bonheur illusoire qui passera aussi vite qu’il est arrivé car le bonheur ne se trouve pas à l’extérieur d’eux.

    Le bonheur est dans les petites choses simples de la vie mais nous l’avons oublié car notre société exige de paraitre, d’amasser, d’avoir, si nous n’avons pas un emploi, si nous n’avons pas d’argent, si nous n’avons pas de statut nous ne sommes rien, un raté alors que la vie nous demande d’être, d’avoir la foi, de lui faire confiance, de lâcher prise pour nous ouvrir au courant de la vie, de partager, de créer, de nous émerveiller de tout ce que l’on voit comme le ferait le petit enfant.

    Le Christ disait: occupé vous d’abord de la connaissance et tout le reste viendra de surcroit. Mais nous avons oublié de nous connaitre, nous avons oublier de récréer le lien avec notre âme qui hurle de nous voir perdre autant de temps à courir en tout sens pour l’avoir sans prendre le temps de nous interroger, de nous aimer, de partager.

    Et l’éloignement avec la nature n’a rien arrangé, nous nous sommes éloigné de notre nature profonde en nous pour des bonheurs matériels et illusoires mais heureusement il y en a qui ont le courage de suivre leurs rêves et de montrer l’exemple.

    L’histoire de ma vie – Du rêve à la réalité

    https://www.youtube.com/watch?v=-wFsYY71wyk

  4. De la lumière libre de l’écran vers le retour au carcan de l’obscurantisme religieux ?

  5. Ben, plutôt d’ accord avec ce texte…..

    Il y a 40 ans, je n’ avais que des amis ….avec lesquels nous vivions en liberté et avec insouciance
    Aujourd’ hui, je dois me méfier de tout le monde…Menteurs, tricheurs, délateurs, faux culs en tous genres….
    https://www.hc-gaia.com/etresoimeme
    https://www.hc-gaia.com/les-faux-amis

    Même dans ma famille, je vais être mal considéré pour ne pas porter le masque et refuser de me faire vacciner….

    Alors, que faire ?

    Faire semblant de se soumettre ?
    Faire semblant de participer à des réjouissances fictives et partager un rêve virtuel avec des individus standardisés ?
    Vivre en ermite , loin d’ une civilisation factice ?

    Les problèmes, on les connait…mais quelle solution ??

    • Il est évident qu’il faut prendre du recul et s’entourer le plus possible de gens qui pensent autrement, vivre en fonction de nos ressentis, de nos aspirations, nous ne pourrons jamais être aimé de tout le monde, il faut l’accepter afin d’avoir le courage de nous affirmer tel que nous sommes et montrer un exemple. Rien ne t’oblige à rien, à part toi même.

      Le Christ disait: vivez dans ce monde mais ne vivez pas de ce monde. Il sous entendait qu’il fallait vivre à partir de l’esprit, de l’âme et que tu peux vivre dans ce monde tout en étant hors de ce monde par l’esprit, devenir un Maverick, un marginal, celui qui est capable de s’extraire de cette conscience collective conditionné pour s’affirmer tel qu’il est même si ça ne plait pas aux autres, c’est une force et un courage d’accepter d’être soi en toute situation mais c’est le seul chemin vers la liberté.

  6. @leveilleur

    Le Christ et le bon Dieu sont bien gentils…et je leur souhaite un joyeux Noël….
    Mais, avant de penser à m’ élever spirituellement , je dois faire avec le quotidien….sur terre , et pas au ciel !
    Et passer son temps à remplir des papiers, à être confiné sans pouvoir voyager et voir sa famille, à se méfier de tout le monde ( notamment des femmes qui sont toutes des menteuses ), à battre des oeufs en neige qui ne veulent pas monter;..!!!

    • Je n’ai pas dit qu’il fallait fuir son quotidien et ses responsabilités mais trouver un équilibre entre matériel et spirituel. Je sens comme de l’amertume dans tes mots comme si tu mettais toutes les femmes dans le même panier, toutes les femmes ne sont pas des menteuses mais peut être que celles que tu rencontres ont quelque chose à te faire comprendre sur toi ?

      • @leveilleur

        Je n’ ai aucune amertume…hihihi
        Les femmes ont aussi leur bon coté !https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_rose.gif

        N’ empêche que la première femme ( d’ après les cathos ), c’ est EVE !
        Et cette garce a non seulement croqué la pomme !!
        Mais elle a menti au bon Dieu
        en disant que ce n’ était pas elle qui avait croqué le fruit de l’ arbre défendu !!!

        Ca a mis le bon dieu en pétard, et du coup, on se retrouve tous à travailler comme des cons, au lieu de profiter du paradis !!!

    • Pour une femme qui doit assurer la survie de sa progéniture ça se comprend ce besoin de confort matériel. Elle devient plus exigeante et cherche toujours à se rassurer.
      Tu verras presque toujours une femme en couple lorgner vers un autre homme de remplacement au cas ou son partenaire vient à disparaître.

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