L’argent, ce moyen en or pour ne pas vivre…

Sylvain Rochex, nous invite à une réflexion dont il a le secret. Vos avis sont les bienvenus. Partagez ! Volti

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Auteur Sylvain Rochex pour Déscolarisation.org

L’argent est cet absurde bout de papier, qui permet à celui qui le possède de dominer celui qui ne le possède pas. On est quelques-uns à le savoir.
On est beaucoup moins à prendre compte la chose suivante : l’argent est l’outil qui nous permet de ne pas vivre. Le travail étant notre moyen de gagner de l’argent, les deux notions se superposent, sont identiques dans cette occurrence. Le travail et l’argent sont ce qui nous permet de ne pas vivre.

Vivre est quelque-chose d’intense, de risqué, de troublant quand on possède une conscience, c’est pourquoi les humains ont développé cet objectif : comment puis-je ne pas vivre ? C’est-à-dire être vivant sur le plan organique mais vivre le moins possible sur le plan de l’expérience.

Ils ont donc inventé le travail et l’argent. Le travail correspond à la dépense d’énergie la plus basse possible. C’est pour cela qu’il est spécialisé et mono-tâche. C’est pour cela aussi qu’au XXIème siècle, il prend souvent la forme du travail sur ordinateur (assis en bougeant juste les doigts). Car nous avons aussi développé l’objectif qu’il serait tout aussi avantageux que même pour la dépense d’énergie minimale, on pourrait là aussi ne pas vivre. On vit – dans le sens d’une inscription dans la matière – juste ce qu’il faut pour ne pas vivre le reste du temps.

On pourrait tout aussi bien se tuer directement, mais le but du travail et de l’argent est de se maintenir sur ce fil ténu qui fait qu’on ne vit pas tout en restant vivant sur le plan organique (même si y’ aussi a le cas fréquent de ceux qui se détruisent continuellement tout au long de la vie par toutes sortes de procédés).

Si j’ai 100 euros dans ma poche, je dispose là d’un potentiel de valeur 100, non seulement pour dominer mon prochain, mais surtout me voilà assuré d’une valeur de 100 points de vie en moins. Tout simplement car l’argent me permet d’atteindre instantanément ce qu’il m’aurait fallu atteindre en m’épanouissant, en réalisant, en vivant. Pour ce dernier emploi du mot “vivant”, il faut détailler encore un peu : “vivant” dans le sens d’une réalisation dans la matière, dans le sens d’un choix, d’un choix d’une certaine quantité de temps dirigé dans une certaine direction.  L’argent est ce qui tue le temps de vivre, en nous permettant d’obtenir directement ce qui aurait demandé du temps.

Celui qui veut plus d’argent veut réduire sa vie d’autant. C’est bien évidemment la même différence qu’il y a entre la consommation et la vie. Avec l’argent, je me fais servir, sans l’argent, je sers le monde, la vie. Et en servant le monde et la vie, je vis, dans le sens où je me déploie, je me frotte au réel, je compose, j’intègre, j’apprends.

On a trop insisté pour dire que l’argent sert à dominer et pas assez pour dire que le riche ne vit pas. Je vois bien que certains aficionados de la lutte des classes doutent un peu et pensent que malgré tout le riche s’éclate bien dans la vie. C’est ne pas bien savoir ce qu’est être réellement vivant. Car peu le sont véritablement. Et l’individu de classe moyenne intéressé par la lutte des classes est bien souvent quelqu’un qui ne vit pas plus que les autres et qui passe sa vie, lui aussi, à dépenser de l’argent pour ne pas vivre.

Les exemples abondent dans tous les sens : pour la nourriture, pour le voyage, pour l’amour et la sexualité, pour l’habitat,… pour tout, on peut démontrer que celui qui paie ne vit pas.

Celui qui mange un poisson pêché par lui-même ce matin, ou celui qui mange un poisson acheté ce matin  : il y a en un qui vit et l’autre non, je suis désolé.Le premier vit. Le deuxième travaille et gagne de l’argent afin, précisément, de NE PAS ALLER A LA PÊCHE et donc de ne PAS vivre, puisque la vie de l’Être générique qui veut manger du poisson sera toujours de le pêcher.

Il en sera toujours ainsi. Celui qui veut manger du poisson et qui le pêche : vit. Celui qui veut manger du poisson et qui cherche n’importe quel moyen de ne pas aller le pêcher (travail, argent, esclavage) est un MORT-VIVANT.

C’est pour cela que tout mouvement révolutionnaire digne de ce nom doit exiger et rapter les moyens de vivre : TERRE, EAU, AIR, FEU. Et non de l’argent pour vivre encore moins. C’est pour cela que les Gilets Jaunes ne sont pas encore sortis de l’auberge avec leurs perpétuelles revendications pécuniaires.

Sylvain Rochex, 31/01/2019

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