L’effondrement des prix du gaz liquéfié pourrait avoir des conséquences inattendues

Source : Observateur-Continental

Image geralt pour Pixabay

L’approvisionnement en gaz américain GNL de l’Europe est menacé. Les prix du GNL chutent alors que les pays européens, visant les sanctions contre la Russie, ont misé sur cette énergie US. L’impact pourrait être important. Pour l’Europe, cela mettrait en péril un équilibre fragile du marché après que les nations aient renforcé leur sécurité d’approvisionnement à la suite des troubles qui ont suivi le début du conflit en Ukraine.

De nombreux pays risquent de stopper l’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) américain. Les prix spot du GNL en Asie sont désormais en baisse de 85% par rapport aux prix record de l’an dernier. Ils sont en baisse depuis plusieurs mois maintenant et sont actuellement tombés au plus bas de mai 2021. La situation n’est guère meilleure en Europe où les prix se sont effondrés de 70% au second semestre de l’année dernière. Bloomberg a rapporté que les négociants se sont réunis la semaine dernière à Essen, en Allemagne, à la foire internationale annuelle E-World energy pour évoquer comment l’effondrement des prix et une forte baisse de la demande affecteront la réponse de l’industrie du gaz par rapport à l’approvisionnement, c’est-à-dire à l’offre de gaz. 

Si les prix continuent de baisser, il n’y aura pas beaucoup de sens économique à exporter du GNL des États-Unis. Selon György Domokos Vargha, directeur de la société de négoce suisse MET International AG, le marché est sur le point d’annuler les exportations américaines de GNL. Comme le rapporte The American Journal of transportation, citant György Domokos Vargha, «le marché n’est pas si loin des annulations de cargaisons de GNL aux États-Unis», rajoutant: «Nous ne sommes pas si loin du fond».

Si la forte baisse des prix du gaz se poursuit, alors en septembre, lorsque les installations de stockage de gaz en Europe seront remplies à pleine capacité, les acheteurs de GNL américain pourraient refuser de recevoir des approvisionnements immédiats afin d’éviter de lourdes pertes financières. Une situation similaire s’est produite en 2020 lorsque les acheteurs ont refusé des dizaines de cargaisons de gaz et payé des millions d’amendes.

Cette fois, la situation pourrait être plus difficile qu’il y a trois ans car le gaz restant en Amérique fera chuter les prix du gaz déjà aux États-Unis. Il pourrait y avoir une menace claire pour la sécurité énergétique de l’Europe alors qu’ils ont travaillé si dur à la renforcer l’année dernière.

À l’heure actuelle, la marge de prix en Europe et en Asie est encore suffisamment importante pour justifier économiquement l’approvisionnement en gaz américain à l’étranger. Les calculs montrent que les compagnies gazières américaines feront des bénéfices au moins jusqu’en novembre. Toute perturbation de l’approvisionnement, comme celles causées par la saison des ouragans dans l’Atlantique, pourrait maintenir les prix relativement abordables pour les exportations.

L’annulation des approvisionnements américains en GNL est probable alors que les prix du gaz au comptant chutent à un chiffre, a déclaré Kazunori Kasai, chef du bureau de Singapour de JERA Global Markets Pte. Ltd., l’un des plus gros acheteurs au monde. Kazunori Kasai n’envisage pas encore d’annuler ses propres approvisionnements.

Les collègues de Kazunori Kasai s’accordent à dire que la «ligne rouge» sera évidemment de 5 dollars par million d’unités thermiques britanniques (175 dollars par millier de mètres cubes de gaz). Maintenant, les prix sont au niveau d’environ 9 dollars, et en août de l’année dernière, ils ont grimpé en flèche à 71 dollars.

Le plus souvent, les contrats stipulent que l’acheteur doit notifier au vendeur l’annulation de la cargaison de GNL au plus tard deux mois à l’avance. Par exemple, dans les contrats de Cheniere Energy Inc. cela est le 20 du mois civil. Les pays refusant l’achat du gaz US doivent ainsi refuser les livraisons de septembre jusqu’au 20 juillet. La dynamique de l’évolution des prix du gaz en Europe indique que les approvisionnements pourraient devoir être abandonnés à la fin de l’été.

Bien que les experts discutent de la possibilité d’arrêter les exportations américaines de GNL, les mêmes considérations s’appliquent aux fournisseurs de GNL d’autres pays. 

«Comme les prix baissent si fortement, je me demande s’il y aura un moment où les fournisseurs de GNL commenceront à réduire leur production?» a déclaré, selon The American Journal of transportation, Andy Sommer, responsable de la recherche chez Axpo Solutions AG, dans un entretien à Essen. «Ce sont, bien sûr, des fournisseurs américains, mais les mêmes considérations peuvent s’appliquer aux fournisseurs d’autres pays», a-t-il rajouté.

Pierre Duval 

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21 Commentaires

  1. la baisse des prix du gaz va faire s’effondrer le marché et donc augmenter les prix.
    MDR. https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_yahoo.gifhttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_yahoo.gif

  2. Je suis plutôt neuneu en matière économique aussi je vais dire sans doute une bêtise: si les prix baisse, la consommation pourrait augmenter, non ?
    Là, ça revient trop cher de générer ce gaz, alors ce n’est plus rentable pour les sociétés ? C’est ça ? Elles ne se font plus assez de pognon ? https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_mail.gif

    • Ben, si le prix du gaz diminue, c’est que la demande diminue !
      Et si la demande diminue, c’est que l’économie va très mal ! CQFD https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_unsure.gif
      En gros, on fout l’économie européenne en l’air pour emmerder la Russie !
      Mais la Russie s’en contre fout, lol https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_unsure.gif

    • « les prix baisse, la consommation pourrait augmenter, non ? »

      Pourquoi…, toi tu chauffes en été parce que c’est pas chère ?https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wacko.gif

      • L’inverse est vrai, beaucoup chauffent moins parceque c’est plus cher!!! Sinon on se poserait pasd de question sur l’envolee des prix des produits petroliers. Perso, si l’essence coutait moins cher, je roulerais plus et plus loin, chose que je ne peux plus me permettre.

        • Bonjour Demeter,
          – Primo, le prix à la pompe dépend très peu du cours tellement il est taxé.
          – Secundo, sous prétexte que beaucoup se privent de chauffage l’hiver pour cause de prix élevés, ils devraient se rattraper l’été quand les prix baisses ! https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wacko.gif, ….vraiment il y a un truc qui m’échappe totalement dans ce type de raisonnement.

  3. @Biquette & Thierry
    Je crois que le problème se situe au niveau des acheteurs en gros et intermédiaires qui si les prix sont en baisse devront revendre le produit acheté maintenant à perte d’ici quelques mois. Il est vrai que cela n’est malencontreusement pas expliqué dans l’article. Cz.

    • Pourquoi vendraient’ ils à perte vu qu’ils garderont toujours une marge sur leur prix d’achat ?
      Ce sont les stocks existants de gaz qui perdent de la valeur, pas les flux de gaz !
      De la spéculation, rien que de la spéculation ! 😉

      • Par « à perte », il faut comprendre : avec un bénéfice insuffisant.

      • Faux.
        Il n’y a pas un robinet sur les gisements en exploitation.
        Le gaspard https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wink.gif et sort, quoi que fassent les exploitants.
        Si tu n’as pas d’acheteur en face, tu vas jusqu’à vendre à perte. Voir tu payes pour que l’on te le prennehttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_cool.gif
        …comme ce fut le cas pour le pétrole en 2020.
        Voilà voilà…

        Ps : https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/petrole-le-brut-americain-devisse-en-asie-1196311
        Cette conjoncture n’a que deux ans d’âge et elle est facilement transposable au gaz. D’autant plus qu’il est évident, mon cher Kalon, que le gaz est bien plus difficile à contenir, aussi bien dans les gisements que dans le stockage.

        • Pas tout a fait vrai !
          si tu n’as pas besoin d’extraire le gaz, tu fermes la vanne 🙂
          Même chose pour le pétrole.
          Ces vannes s’appellent des « arbres de Noël » dans le jargon pétrolier
          https://fr.wikipedia.org/wiki/Arbre_de_Noël_(puits_de_pétrole)
          Ça me rappelle le film « le sucre » avec Picolli et Depardieu: il n’y a plus de sucre ! et puis, il y a trop de sucre ! lol
          La vente à perte qu’on a connu ne venait pas de là mais de l’obligation de prendre livraison des commandes venant à terme, sauf à payer des indemnités conséquentes pour rupture de contrat, alors qu’il n’y avait pas d’acheteurs finaux.
          Dans ce cas, il valait mieux stocker n’importe ou et, même, de vendre en dessous du prix de revient.

          • Peut-on totalement fermer le puit, ou bien faut-il laisser un certain débit. Arrêter le puits totalement ne demande-t-il pas des investissements importants, de même que le remettre en service ?
            « Le sucre » est un film excellent. Avec Piéplus aussi.

            • Bonjour Cazimir,

              Tout à fait !
              Les puits qui sont sous pression vont chercher à ailleurs à évacuer leur surplus de pression ce qui occasionnent de gravent dégâts technique et environnementaux.
              « Ces arbres de Noël » servent surtout pour des arrêts de courtes durées ou d’urgence, pour la maintenance en aval.

      • Comment seraient-ils certains de garder une marge si les prix continuent à baisser?

      • Il s’agit donc bien d’un problème pour les intermédiaires, dont les stocks se déprécient. D’ailleurs pourquoi n’y-a-t’il pas d’acheteurs alors qu’il nous faut en Europe reconstituer les stocks pour l’hiver prochain ? Parce qu’ils attendent que cela baisse encore ?

        • – Beaucoup de contrats longue durée de gaz naturel(non-liquidehttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_wink.gif)transitant par l’Ukraine pour l’Europe n’ont pas étaient dénoncés.
          De plus, un cheminement s’est mis en place via le Turk-Stream prolongé par le Tesla-Pipeline.

          – Il faut bien comprendre que le prix des énergies vendus aux consommateurs finaux ne reflète plus le prix d’achat réel des combustibles négocié par les états(souvent: fixe inflation), mais uniquement le prix fixé par la bourse d’obédience totalement privée.
          …L’Union Européenne, en détruisant les liens étatiques, nous a vendu volontairement à l’intermédiaire historique, …comme d’hab !

          – ARGENT ou PETROLE, toujours les mêmes « intermédiaires historiques » qui entrainent l’Europe vers sa destruction !!!

  4. A méditer :
    La guerre est engagée par chaque groupe dirigeant contre ses propres sujets et l’objet de la guerre n’est pas de faire ou d’empêcher des conquêtes de territoires, mais de maintenir intacte la structure de la société.

    • Pas nécessairement. C’est essentiellement le cas des guerres du passé, mais là on assiste à une guerre visant à transformer brutalement les structures sociales: grand reset, dictature verte, wokisme.

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