DMYTRO IAROCH, NÉONAZI ET ALLIÉ D’ISIS
Parmi les figures du néonazisme qui soi-disant n’existe pas en Ukraine, il y a Dmytro Iaroch, la figure emblématique d’un des mouvements extrémistes parmi les pires en Europe : le Pravy Sektor (Secteur Droit). Son histoire, comme celle de très nombreux autres néonazis d’Ukraine est édifiante, et parle d’elle même, de ce qui s’est passée en Ukraine depuis bien avant le Maïdan de l’hiver 2013-2014.
D’un groupuscule néonazi aux barricades du Maïdan. Né en 1971 à Dneprodzerzhinsk, non loin de Dniepropetrovsk, une ville de traditions russes, il s’engagea très jeune (1989), dans des activités militantes dans la frange dure de l’ultranationalisme ukrainien. Il milita dès ce moment dans un obscur groupuscule néonazi, puis fit son service militaire (1989-1991). Plus tard, il fut l’un des fondateurs d’une organisation se réclamant de Bandera : le Trident (1994). Il devînt l’un des dirigeants dès 1996, pour en prendre la tête jusqu’en 1999. Il fit des études supérieures, obtenant un diplôme de la Faculté de philologie puis publia un livre : La révolution ukrainienne : le XXIe siècle, où il exposa ses thèses ultras radicales, notamment en exprimant une russophobie et un antisémitisme avéré (il en publia d’autres sur le même ton). Il se lia ensuite au député Valentin Nalivaïtchenko, chef du SBU (2006-2010, puis de 2014 à 2015), membre et cadre du parti Notre Ukraine (2010-2012), et l’une des figures discrètes de la révolution du Maïdan. Iaroch fut l’un de ses conseillers, et ce puissant soutien lui mis le pied à l’étrier.
Il entra en scène durant l’Euromaïdan, et le Trident fut renommé Pravy Sektor (novembre 2013). Il indiqua dès cette époque que l’objectif de l’engagement de son organisation « n’est pas de soutenir la signature d’un traité d’intégration dans l’Union européenne, mais de faire la révolution nationale et de renverser le régime que nous appelons le régime d’occupation interne », en référence avec la supposée occupation de la Russie en Ukraine. Il proposa une épuration ethnique de l’Ukraine de gré ou de force, de ce qu’il définissait comme « la racaille russo-juive ». Durant les manifestations, ses partisans formèrent des compagnies de défense du Maïdan, s’affichant avec des drapeaux de l’UPA de Bandera et Choukhevytch. Ces fameux « héros » de l’Ukraine, n’étaient autre que des collaborateurs de l’Allemagne nazie. Le second est sans doute l’un des pires criminels de guerre de la Seconde Guerrre mondiale, ayant trempé dans dans la Shoah par balles, en Ukraine et en Biélorussie (entre 1941 et 1942). Son mouvement s’organisa à la manière des SA et SS, avec les compagnies du Pravy Sektor, véritables troupes paramilitaires, disciplinées et armées, qui se distinguèrent tristement sur les barricades du Maïdan.
Le partisan de la guerre totale, répressions et assassinats politiques. Il fit pression sur le gouvernement provisoire (février 2014) et demanda l’interdiction du Parti des régions de Ianoukovitch, mais aussi du du Parti communiste ukrainien (ce qui fut bientôt le cas pour le second). Le 16 mars, alors que la Crimée proclamait son rattachement à la Fédération de Russie, il menaça de lancer des groupes de saboteurs pour empêcher la fourniture de pétrole et de gaz de la Russie à l’Union européenne. Bientôt le Pravy Sektor fut transformé en parti politique, et il se présenta pour la présidence de l’Ukraine. Il annonça un programme qui avait pour priorité la lutte « contre le néo-colonialisme du Kremlin » et « l’agression russe ». Il réclama dès ce moment une mobilisation générale, appelant à la guerre totale, et à l’utilisation des ressources du pays pour former une armée puissante. Ces exigences antidémocratiques montèrent en puissance avec la demande de l’interdiction de certains médias jugés anti ukrainiens. Il proposa également d’organiser en Crimée une guérilla antirusse en s’appuyant sur les populations tatares et de commanditer l’assassinat des principaux chefs séparatistes russophones. Il proposa aussi une grande épuration des administrations du pays, par le remplacement des fonctionnaires par des nationalistes fidèles, mais aussi par l’instauration de structures servant à influencer et modeler la jeunesse, un peu à la façon des Jeunesses Hitlériennes. Faisant cavalier seul, il qualifia le parti National-Socialiste d’Ukraine, Svoboda, de « trop mou », mais déclara envisageable la fusion des deux partis (22 mai 2014).
Aux élections, il ne remporta que 0,7 % des voix (environ 320 000 voix) et annonça « qu’il soutiendrait toutes les actions du président nouvellement élu Petro Porochenko pour unir et préserver l’Ukraine et rétablir l’ordre dans l’Est du pays ». Il avait lancé un appel le 12 avril précédent, pour que les membres du parti s’engagent dans des unités paramilitaires afin d’aller combattre les insurgés républicains de l’Est de l’Ukraine. Son parti fonda une unité de vétérans du Maïdan, baptisé « bataillon spécial Donbass ». Il déménagea dès lors à Dniepropetrovsk, où ses partisans se livrèrent à des opérations de terreur contre les populations russophones. Des expropriations, des enlèvements, des meurtres et des persécutions furent signalés notamment contre le Parti communiste local et contre les habitants réputés opposés au nationalisme ukrainien. Ses miliciens pratiquèrent le rapt, les réquisitions de force, les intimidations musclées, allant jusqu’aux meurtres et aux tortures. Les exactions commises par le bataillon Donbass prirent une telle ampleur qu’un mandat d’arrêt international fut lancé contre lui par Interpol, à la demande de la Russie (25 juillet 2014).
De son ascension politique, aux menaces explicites « contre les traîtres ». Le mandat international resta lettre morte, et il fut bientôt élu triomphalement à la Rada d’Ukraine (26 octobre 2014). Sûr de lui, il menaça à plusieurs reprises le président Porochenko, de se retourner contre Kiev avec les bataillons de représailles agissant dans l’Est, « si ce dernier déviait la révolution de son cours ». Il protesta souvent contre la mauvaise réputation de son parti néonazi, accusant la propagande russe, et tentant de séduire les nationalistes russes en affirmant qu’il autorisait et respectait quant à la lui la langue russe. Essentiellement pour se distinguer du parti Svoboda partisan de l’interdiction pure et simple de la langue russe, mais aussi pour attirer de Russie des volontaires. Dès le 12 avril 2014, il avait appelé à la mobilisation de tous les « patriotes » de son mouvement, pour aller combattre « l’invasion russe » dans l’Est de l’Ukraine. Jugeant les autorités trop faibles, il tira à boulets rouges sur le gouvernement, déclarant même « que si pendant la guerre le pouvoir ne peut-être critiqué, qu’il convenait de rappeler que durant cette dernière, les traîtres seraient abattus… ». Son ordre de mobilisation illégale de ses militants, mis le feu aux poudres dans une ville martyre du Donbass : Slaviansk. Ses partisans assassinèrent six opposants dans la ville (20 avril), mais durent s’enfuirent devant l’insurrection générale qui en découla. Ces meurtres bientôt couplés aux massacres d’Odessa (2 mai), puis de Marioupol (9 mai), embrassèrent le Donbass dans l’instant. La situation devenant critique, il demanda au Ministre de la Défense d’armer les populations… et son bataillon de volontaires, affirmant pouvoir lever à Dniepropetrovsk au moins 10 000 militants. Il fit pression pour que d’autres bataillons de représailles soient formés, et pour que la prise d’otages se systématise, pour ensuite échanger des prisonniers ou faire taire des militants antimaïdan (28 avril).
Des défaites cuisantes dans le Donbass au bras de fer avec le gouvernement de Porochenko. Il fut bientôt clair qu’il s’était lié à l’oligarque et mafieux, Igor Kolomoisky, dont il devînt un allié. Il prit la tête de ses hommes et participa aux opérations de représailles, et aux exactions dans le Donbass. Piètre commandant militaire, son unité fut étrillée à la suite de ses ordres incohérents (17 août 2014), dans le secteur de Donetsk (32 tués et un nombre inconnu de blessés abandonnés sur place). Il participa à la célèbre bataille de l’aéroport de Donetsk, où ses « cyborgs » furent quasiment anéantis, lui-même fut blessé (21 janvier 2015). La bataille ayant été perdue, ainsi que celle de Debaltsevo, on lui intima l’ordre de remettre sous le commandement des forces armées ukrainiennes, toutes les unités du Pravy Sektor (janvier-avril 2015). Il s’y refusa catégoriquement, mettant le pays au bord d’une nouvelle guerre civile. Il négocia finalement un accord secret, où il fut nommé conseiller du chef d’État-major de l’armée, Victor Mougenko, et les troupes du Pravy Sektor furent officiellement retirées du front (avril 2015). L’incident du Moukatchevo (juillet 2015), où des militants du Pravy Sektor furent impliqués dans une fusillade meurtrière contre la police ukrainienne, vînt finalement affaiblir sa position.
Devant les sanctions judiciaires mises en œuvre contre eux, Iaroch mobilisa ses milices dans tout le pays, appelant à des actions de protestations dans tout le pays. Il menaça de nouveau le gouvernement (17 juillet), demanda l’amnistie de ses hommes, et affirma « qu’une guerre d’information avait été lancée par le gouvernement contre lui et son mouvement ». Ce fou dangereux, disposant de milliers de combattants armés et de paramilitaires surexcités, demanda alors un référendum de défiance contre le gouvernement, l’annulation des accords de Minsk, le blocus total du Donbass et de la Crimée et la légalisation des bataillons de représailles (21 juillet). Ses demandes s’accompagnèrent d’une manifestation de forces avec 2 000 néonazis sur la place du Maïdan. Ayant été trop loin, les crimes de guerre de ses unités pesants très lourds dans la balance, et du point de vue du financier officiel du Maïdan, les États-Unis, il se retrouva bien vite isolé. Les défaites cinglantes des bataillons dans le Donbass, le conduisirent finalement à la démission de la présidence du Pravy Sektor (11 novembre 2015).
De l’alliance avec ISIS à l’organisation d’assassinats. Il annonça bientôt vouloir rassembler tous les « patriotes » et nationalistes de tous les bords politiques, dans un mouvement plus rassembleur (février 2016). Toujours très médiatisé malgré l’échec de cette dernière annonce, il déclara même être en contact avec la police politique du SBU, afin de former une unité de sabotages, devant se livrer en Russie à des actions et à l’assassinat de personnalités politiques et de « criminels de guerre ». Nous noterons quant à nous, que cela fut réalisé, avec les assassinats des commandants insurgés Mozgovoy (23 mai 2015), Motorola (16 octobre 2016) et Givi (8 février 2017), puis du président Zakhartchenko (31 août 2018). Ils démontrent à eux seuls, la nature du régime ukrainien. Notons également le démantèlement à plusieurs reprises de groupes subversifs ukrainiens, comme l’arrestation de cet ancien homme de main de Iaroch, Alexander Shumkov. Passé en Russie en août 2017, ce dernier avait disparu de la circulation le mois suivant, avant qu’il soit connu qu’il avait été arrêté en Russie et condamné à quatre ans de prison pour ses activités sur place pour le Pravy Sektor (procès à Briansk, 4 décembre 2018).
Iaroch pris ensuite fortement position dans les médias, lors du démantèlement du réseau mafieux de Kolomoisky (2019-2020), affirmant avoir été menacé par des perquisitions le visant lui et son entourage. Ce qui ne fut suivi de rien de concret du fait de ses protections puissantes (SBU). Iaroch s’était aussi illustré dans des déclarations de soutiens aux salafistes et islamistes combattant la Russie en Tchétchénie et en Syrie (mars 2014). C’est pour ces raisons que des fanatiques islamistes ont servi dans les rangs ukrainiens, notamment pendant la bataille de l’aéroport de Donetsk, les républicains s’étant même emparés d’un drapeau de ISIS. Recherché en Russie pour ses liens ténus avec les terroristes tchétchènes, l’Arménie avait aussi suivi le mouvement (15 mars 2014), en ouvrant une procédure pénale contre lui et le Pravy Sektor (suite à une propagande développée par son mouvement en Arménie pour s’attaquer à la Russie et à la Crimée).
L’encombrant fantôme ultranationaliste de l’Ukraine. Sous la pression des USA, Iaroch a finalement été retiré de la liste des terroristes et des recherches d’Interpol (janvier 2016). En errance politique, il n’eut pas les moyens de se faire réélire à son poste de député, où il s’était signalé aux abonnés absents (juillet 2019). Il apporta son soutien aux élections présidentielles à Rouslan Kochoulynsky, du parti National-Socialiste ukrainien Svoboda (1,62 % des voix, mais 7 % dans l’oblast d’Ivano-Franko et 5 % dans celui de Lvov, terres propices au néonazisme ukrainien). Il réussit un éphémère retour en scène, en étant nommé conseiller du général en chef de l’armée ukrainienne (2 novembre 2021), avant qu’il soit débarqué le mois suivant, sans doute sous des pressions politiques américaines soucieuses de garder une image propre de cette armée ukrainienne. Le grand mensonge occidental depuis lors se poursuit. Les bataillons de représailles ont été transformés en unités régulières (2015-2017), mais les hommes qui les constituaient n’ont pas changé. Certains bataillons sont devenus des régiments et des brigades et les cadres néonazis et ultranationalistes se sont répandus dans toute l’armée depuis lors.
Comme d’autres cadres, Iaroch a bénéficié d’un nettoyage d’Internet en profondeur. Il reste actif sur Facebook et ne semble pas avoir le courage de retourner au front, sans doute de peur d’être pris par les Russes. Il a annoncé dernièrement (21 avril 2022), que la seule façon pour l’Ukraine de gagner cette guerre, serait l’entière dé-russification du pays : ethnique (éliminations des Russes ethniques), politiques (liquidations des « traîtres »), linguistique (interdiction du russe), culturelle (liquidation de la culture russe et son interdiction), spirituelle (persécution des orthodoxes), économique et financière (confiscation de tout ce qui appartient aux Russes ou à des personnalités considérées comme pro-russes), et enfin historique (réécriture complète de l’histoire de l’Ukraine, révisionnisme, négationnisme). Ennemi avéré de Zelinsky par son antisémitisme forcené, il est dangereux pour la propagande occidentale de nier l’importance d’hommes comme Iaroch. Quand bien même son influence se limiterait seulement à quelques centaines de milliers d’Ukrainiens, c’est un peu comme si les groupes néonazis français, comme le GUD, se retrouvaient soudainement armés, avec des représentants politiques et une importante fenêtre médiatique. Avec l’opération spéciale en cours, la guerre est en train de justifier de nouveau « ces héros de l’Ukraine ». Le nettoyage des réputations des néonazis ukrainiens par les médias français et occidentaux, normalisent dès lors leur idéologie, leur présence politique et leurs actions, sans parler qu’ils se déshonorent devant notre pays et devant l’histoire.
Si le mensonge est grand, il annonce l’écroulement définitif de la crédibilité des médias en question, des gouvernements qui soutiennent cette désinformation et de toutes les personnalités qui se sont mouillés en affichant les symboles de l’Ukraine nationaliste : comme le fameux trident, ou en beuglant le cri des collaborateurs de l’Allemagne nazie, lancé par Bandera : « Slava Oukraïni ». Ce cri a été repris par des députés européens du parti d’Emmanuel Macron et toute la France officielle s’est lâchement parée de drapeaux ukrainiens… ceux des massacres dans l’Est de l’Ukraine, dans le Donbass, des ignobles prisons politiques secrètes et des assassinats sans fin de gens qui avaient refusé de tomber sous le joug du Maïdan, des États-Unis et de l’Union européenne. Car oui c’est le droit de tout un chacun, de tous les peuples de vouloir décider par eux-mêmes de ce qui est bon pour eux.
Laurent Brayard pour le Donbass Insider
https://www.donbass-insider.com/fr/2022/05/15/dmytro-iaroch-neonazi-et-allie-disis/