Histoire ! Qui doute encore ?

Pour les amateurs d’histoire et de vérités

« La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. » François Mitterrand (Wikipédia)

Source ADNM-Live

Dans les épisodes précédents, nous avons parlé des trois premiers Reich, précisant qu’après la Deuxième Guerre mondiale, l’Empire Prussien/Teutonique s’est caché dans la finance, l’industrie multinationale, et plus particulièrement, le complexe militaro-industriel. On a aussi beaucoup parlé de leurs méthodes de guerre, comme l’infiltration, la subversion, les chantages… Globalement, on peut dire qu’ils ont été les inventeurs des “services secrets”, car ces dernières œuvrent à travers les mêmes méthodes. Pour finir, on a aussi vu qu’à partir de 1945, leurs efforts se concentraient à l’infiltration des institutions gouvernementales.

Mike Benz est un ancien fonctionnaire du département d’État chargé de formuler et de négocier la politique étrangère des États-Unis en matière de communications internationales et de technologies de l’information. Il est aujourd’hui directeur de la Fondation pour la liberté en ligne.

Avant de poursuivre, on va juste prendre conscience du nom de George Kennan :

George Frost Kennan, est un diplomate, politologue et historien américain dont les idées ont une forte influence sur la politique des États-Unis envers l’Union soviétique au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
Il est connu dans le monde politique pour avoir en partie créé le concept de “containment” (ce terme désignant des mesures pour endiguer l’expansionnisme soviétique) et comme une figure clé de la guerre froide. Un grand nombre de ses ouvrages traitent des relations entre la Russie et les puissances occidentales. Parlant l’allemand et le russe, il s’intéresse notamment aux peuples allemand et russe.

Maintenant, on peut commencer :

Introduction

Depuis les profondeurs de l’après-guerre jusqu’aux complexités du monde moderne, l’État du renseignement a joué un rôle déterminant dans la formation de la politique internationale et nationale. Les opérations clandestines, la manipulation médiatique et l’influence secrète ont été les outils d’une machine bien huilée, opérant souvent en dehors du regard du public. Ces actions ont non seulement redessiné les relations entre les nations, mais ont également affecté la façon dont les gouvernements interagissent avec leurs propres citoyens.

La compréhension de l’histoire de l’État du renseignement est essentielle pour saisir les enjeux actuels de la démocratie, de la souveraineté et des droits individuels. Des premières interventions de la CIA dans les élections étrangères aux révélations des programmes de surveillance de masse, cette histoire est un voyage à travers les zones grises du pouvoir, où la fin justifie souvent les moyens. C’est une exploration des forces invisibles qui façonnent le monde, bien au-delà des discours officiels et des apparences démocratiques.

Les prémices de l’État du renseignement

Image illustrative de l’article Département de la Guerre des États-Unis
Département de la Guerre des États-Unis

Les origines de l’État du renseignement remontent aux premières années de la fondation des États-Unis. En 1789, lors de la première réunion du Congrès, seules trois agences gouvernementales furent créées : le Département d’État, le Département de la Guerre (plus tard renommé Département de la Défense ) et le Département du Trésor. Ces institutions étaient chargées de gérer les relations internationales, la défense du pays et les finances publiques. Cependant, la nécessité d’une agence dédiée au renseignement était déjà ressentie, bien que non formalisée.

Au XIXe siècle, la doctrine Monroe de 1823 marque une étape importante. Elle déclare que toute intervention européenne dans les affaires des Amériques serait considérée comme une menace pour la sécurité des États-Unis. Cette doctrine justifie l’ingérence américaine dans les affaires latino-américaines, ouvrant la voie aux “Guerres des Bananes“, où les intérêts commerciaux dictent souvent les interventions militaires et politiques. Les entreprises américaines, en collusion avec le gouvernement, commencent à exercer une influence considérable sur les gouvernements étrangers.

Guerre des Bananes

La création du Bureau of Investigation en 1908, qui deviendra plus tard le FBI, marque un autre tournant. Initialement destiné à lutter contre les crimes fédéraux, il étend rapidement son champ d’action à la surveillance des citoyens américains, en particulier pendant la Première Guerre mondiale. Les fondations de l’État du renseignement moderne sont ainsi posées, mêlant intérêts nationaux, expansion économique et contrôle de l’information.

La Seconde Guerre mondiale et la naissance de la CIA

Insigne de l'OSS, repris depuis par le United States Special Operations Command.
Office of Strategic Services wikipedia

La Seconde Guerre mondiale accélère la nécessité d’une coordination du renseignement. L’Office of Strategic Services (OSS) est créé en 1942 pour mener des opérations clandestines contre les puissances de l’Axe. Après la guerre, la dissolution de l’OSS laisse un vide que la Central Intelligence Agency (CIA) vient combler en 1947, avec la loi sur la sécurité nationale. Cette loi réorganise la structure de la défense américaine, créant également le Conseil de sécurité nationale (NSC).

George F. Kennan

La CIA est initialement conçue pour collecter et analyser des informations sur les menaces étrangères. Cependant, l’émergence de la guerre froide modifie rapidement sa mission. La crainte de l’expansion soviétique pousse les États-Unis à adopter une posture plus agressive. George Kennan, diplomate et stratège, joue un rôle clé en proposant une stratégie d’endiguement. Son mémo “L’inauguration d’une guerre politique organisée” en 1948 appelle à des opérations secrètes pour contrer l’influence soviétique, marquant le début d’une ère d’interventions clandestines.

La directive NSC 10/2, adoptée la même année, légalise un large éventail d’opérations secrètes, y compris la propagande, le sabotage et la subversion. Elle introduit le concept de “dénégation plausible”, permettant au gouvernement de nier toute implication en cas de découverte. Cette directive donne à la CIA une liberté d’action sans précédent, opérant souvent sans surveillance ni responsabilité.

Mémo historique de 1947

Pour mieux comprendre l’ambiance de l’époque, on va analyser ce mémo de 1947, que Mike Benz mentionne brièvement dans son exposé. Cela dit, l’importance de ce mémo vaut largement le détour :

Document original

1947 NSC-4 et Naissance de la CIA Télécharger

Traduction française

[Conseil de sécurité nationale]

Mémorandum du Secrétaire exécutif (Souers) aux membres du Conseil de sécurité nationale

NSC 4

Washington, 9 décembre 1947.

//Source : Archives nationales et administration des dossiers, RG 273, Dossiers du Conseil de sécurité nationale, procès-verbal de la 4ème réunion.
Confidentiel. Copies envoyées au Président, aux Secrétaires d’État, de la Défense, de l’Armée, de la Marine et de l’Armée de l’air, ainsi qu’au Président du Conseil des ressources de sécurité nationale. Pour une version antérieure de ce document, voir le mémorandum de “REN” à Souers, 25 novembre, et les deux annexes non datées (ibid.) dans le supplément.

COORDINATION DES MESURES D’INFORMATION ÉTRANGÈRES

RÉFÉRENCES
a. SANACC 304/11
b. Action NSC n° 11/1

/1/ L’Action NSC n° 11, prise lors de la réunion du NSC le 14 novembre, a renvoyé le SANACC 304/11 au personnel du NSC pour révision sur la base des commentaires formulés lors de la réunion. (Archives nationales et administration des dossiers, RG 273, Dossiers du Conseil de sécurité nationale, Registre des actions, Boîte 55)

Lors de sa deuxième réunion, le Conseil de sécurité nationale a renvoyé le SANACC 304/11 au personnel du Conseil de sécurité nationale pour révision à la lumière des commentaires formulés lors de la réunion. Le rapport ci-joint a été préparé conformément à cette directive, après consultation avec des représentants des départements d’État, de l’Armée, de la Marine et de l’Armée de l’air, ainsi que de l’Agence centrale de renseignement.

Il est recommandé que le Conseil de sécurité nationale approuve le rapport ci-joint et autorise sa soumission au Président, avec la recommandation qu’il approuve les “Conclusions” qui y sont contenues et qu’il ordonne qu’elles soient mises en œuvre par tous les départements et agences exécutifs appropriés du gouvernement des États-Unis sous la coordination du Secrétaire d’État.

Sidney W. Souers/2/

/2/Imprimé à partir d’une copie portant cette signature dactylographiée.

Pièce jointe/3/

/3/Confidentiel. Le mot “Brouillon” en haut de la première page a été barré. La date dactylographiée du 9 décembre a été modifiée à la main au 17 décembre.

Mémorandum du Conseil de sécurité nationale

NSC 4
Washington, 17 décembre 1947.

RAPPORT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ NATIONALE SUR
LA COORDINATION DES MESURES D’INFORMATION ÉTRANGÈRES

Le problème

  1. Déterminer les mesures nécessaires pour renforcer et coordonner toutes les mesures d’information étrangères du gouvernement des États-Unis afin de favoriser la réalisation des objectifs nationaux américains.

Analyse

  1. L’URSS mène une campagne de propagande intensive dirigée principalement contre les États-Unis, en employant des mesures psychologiques, politiques et économiques coordonnées visant à affaiblir les éléments non-communistes dans tous les pays. L’objectif ultime de cette campagne n’est pas seulement de saper le prestige des États-Unis et l’efficacité de leur politique nationale, mais également d’affaiblir et de diviser l’opinion mondiale à un point tel que toute opposition efficace aux plans soviétiques ne soit plus possible par des moyens politiques, économiques ou militaires. Pour mener cette campagne, l’URSS utilise toutes les mesures à sa disposition par l’intermédiaire des régimes satellites, des partis communistes et des organisations sensibles à l’influence communiste.
  2. Les États-Unis n’emploient pas actuellement des mesures d’information fortes et coordonnées pour contrer cette campagne de propagande ou pour favoriser l’atteinte de leurs objectifs nationaux. L’extension de l’aide économique à certains pays étrangers, en particulier en Europe, est l’un des principaux moyens par lesquels les États-Unis ont entrepris de défendre leurs intérêts vitaux. La nature et l’intention de cette aide, ainsi que d’autres contributions américaines à la paix mondiale, sont mal connues ou mal comprises par une grande partie de la population mondiale. Une utilisation inadéquate des mesures d’information compromet l’efficacité de ces actions.
  3. Aucun des départements ou agences existants du gouvernement américain n’est actuellement chargé de la coordination des mesures d’information étrangères en vue de la réalisation des objectifs nationaux des États-Unis. Le département d’État a la principale responsabilité, sous l’autorité du Président, de la formulation et de l’exécution de la politique étrangère américaine et de la conduite des relations extérieures américaines.
  4. Les installations existantes dans les départements d’État, de l’Armée, de la Marine et de l’Armée de l’air dans le domaine de l’information étrangère, ou qui peuvent être utilisées dans ce domaine, sont répertoriées dans l’Annexe/4/ jointe.

    /4/ L’annexe, non retrouvée, répertorie les agences et bureaux des départements d’État, de l’Armée, de la Marine et de l’Armée de l’air impliqués dans la diffusion d’informations à l’étranger.

Conclusions

  1. La situation mondiale actuelle exige un renforcement et une coordination immédiats de toutes les mesures d’information étrangères du gouvernement américain visant à influencer les attitudes dans les pays étrangers dans une direction favorable à la réalisation de ses objectifs et à contrecarrer les effets de la propagande anti-américaine.
  2. Il est considéré que les premières étapes pour mettre en œuvre le paragraphe 6 ci-dessus doivent viser à fournir une coordination plus étroite des politiques, une intégration plus efficace des installations existantes et une intensification des mesures d’information étrangères.
  3. a. Le Secrétaire d’État devrait être chargé de formuler des politiques et de coordonner la mise en œuvre de toutes les mesures d’information visant à influencer les attitudes dans les pays étrangers dans une direction favorable à la réalisation des objectifs américains et à contrecarrer les effets de la propagande anti-américaine. Il est supposé que ces fonctions seront exercées par le Secrétaire adjoint d’État aux affaires publiques, désigné ci-après comme le Secrétaire adjoint. Le Secrétaire adjoint devrait consulter un groupe informel composé de représentants des autres départements et agences concernés.

b. Les départements et agences appropriés devraient être chargés de garantir la coordination et l’utilisation les plus efficaces de leurs installations appropriées pour la mise en œuvre des politiques d’information étrangères approuvées.

c. Le Secrétaire adjoint devrait être assisté d’un personnel comprenant des agents qualifiés à plein temps, détachés de chaque département ou agence concerné. Ce personnel devrait assister le Secrétaire adjoint dans la mise en œuvre des politiques et plans établis par le Secrétaire d’État en :

(1) Obtenant l’utilisation et la coordination les plus efficaces de toutes les installations fédérales d’information étrangère ;

(2) Initiant et développant, pour l’approbation du Secrétaire adjoint, des plans et programmes spécifiques visant à influencer l’opinion étrangère dans une direction favorable aux intérêts américains et à contrecarrer les effets de la propagande anti-américaine.

  1. Dans l’accomplissement des fonctions assignées au paragraphe 8 ci-dessus, le Secrétaire adjoint devrait maintenir les relations les plus étroites possibles avec le Comité de coordination État-Armée-Marine-Armée de l’air.
  2. En priorité, le Secrétaire adjoint devrait coordonner la détermination des fonds nécessaires pour assurer l’exécution des fonctions assignées au paragraphe 8 ci-dessus.
  3. Le Secrétaire adjoint devrait recevoir de la Central Intelligence Agency des renseignements étrangers coordonnés appropriés.
  4. Le Secrétaire adjoint devrait recevoir des départements concernés des informations classifiées nécessaires à l’accomplissement de ses responsabilités.


Mémorandum du Secrétaire exécutif (Souers) aux membres du Conseil de sécurité nationale

NSC 4-A

Washington, 9 décembre 1947.
//Source : Archives nationales et administration des dossiers, RG 273, Dossiers du Conseil de sécurité nationale, procès-verbal de la 4ème réunion. Top Secret.

OPÉRATIONS PSYCHOLOGIQUES

RÉFÉRENCE
SANACC 304/11/1

/1/Document 249.

  1. Lors de sa deuxième réunion, le Conseil de sécurité nationale a renvoyé le SANACC 304/11 au personnel du NSC pour révision à la lumière des commentaires formulés lors de la réunion.
  2. Le SANACC 304/11 semble avoir été conçu pour accomplir les deux objectifs suivants, qui sont liés mais distincts :
    a. Initier des mesures visant à la conduite d’opérations psychologiques clandestines destinées à contrer les activités soviétiques et inspirées par les Soviétiques.
    b. Veiller à ce que toutes les activités d’information étrangère publiques soient efficacement coordonnées.
  3. Ainsi, dans l’intérêt de la sécurité et de la clarté, le personnel du Conseil de sécurité nationale a préparé des rapports distincts destinés au Conseil de sécurité nationale, chacun conçu pour atteindre l’un des objectifs mentionnés ci-dessus. Ce rapport traite de l’objectif décrit en 1-a, tandis que le NSC 4/2/ aborde l’objectif énoncé en 1-b.


    /2/Document 252.
  4. Le projet de directive ci-joint à l’intention du Directeur du renseignement central est considéré comme une action appropriée et suffisante du Conseil en ce qui concerne les opérations psychologiques clandestines à l’étranger. Cette directive contient les dispositions souhaitables suivantes :

    a. Elle précise la raison et l’autorité de l’action du Conseil ;
    b. Elle accorde une autorité suffisante à la Central Intelligence Agency ; tout en
    c. S’assurant en même temps que la Central Intelligence Agency mènera de telles opérations d’une manière cohérente avec la politique étrangère des États-Unis, les activités d’information étrangère publiques, ainsi que les opérations et intentions diplomatiques et militaires à l’étranger.
  5. Les noms des départements et agences appropriés qui doivent être représentés au sein du groupe mentionné au sous-paragraphe 3-a seront recommandés par le personnel du NSC dans un mémorandum distinct./3/


    /3/Document 255.
  6. Il est donc recommandé que le Conseil de sécurité nationale approuve et publie la directive ci-jointe à l’intention du Directeur du renseignement central.

Sidney W. Souers/4/

/4/Imprimé à partir d’une copie portant cette signature dactylographiée.

Pièce jointe/5/

Projet de directive au Directeur du renseignement central
Hillenkoetter


Washington, non daté.

/5/Top Secret. Le paragraphe 3 de ce projet a été supprimé dans la version finale et remplacé par un paragraphe faisant du Directeur du renseignement central le responsable de s’assurer que les opérations de guerre psychologique étaient conformes à la politique étrangère des États-Unis. Voir l’annexe du Document 257.

  1. Le Conseil de sécurité nationale, prenant conscience des efforts psychologiques vicieux de l’URSS, de ses pays satellites et des groupes communistes pour discréditer et contrer les objectifs et activités des États-Unis et des autres puissances occidentales, a déterminé que, dans l’intérêt de la paix mondiale et de la sécurité nationale des États-Unis, les activités d’information étrangères du gouvernement américain doivent être complétées par des opérations psychologiques clandestines.
  2. La similitude des méthodes opérationnelles impliquées dans les activités psychologiques clandestines et de renseignement, ainsi que la nécessité d’assurer leur secret et d’éviter toute duplication coûteuse, rendent la Central Intelligence Agency l’agence la plus logique pour mener de telles opérations. Par conséquent, en vertu de l’autorité de la section 102 (d) (5) du National Security Act de 1947, le Conseil de sécurité nationale ordonne au Directeur du renseignement central d’initier et de mener, dans la limite des fonds disponibles, des opérations psychologiques clandestines visant à contrer les activités soviétiques et inspirées par les Soviétiques qui constituent une menace pour la paix et la sécurité mondiale, ou qui visent à discréditer et à vaincre les États-Unis dans leurs efforts pour promouvoir la paix et la sécurité dans le monde.
  3. Afin de garantir que ces opérations psychologiques se déroulent d’une manière cohérente avec la politique étrangère des États-Unis, les activités d’information publiques à l’étranger, ainsi que les opérations et intentions diplomatiques et militaires à l’étranger, le Directeur du renseignement central est chargé de :

    a. Obtenir l’approbation de toutes les directives politiques et des principaux plans de ces opérations par un comité désigné par le Conseil de sécurité nationale.
    b. Coordonner les opérations avec les représentants diplomatiques et militaires américains les plus hauts placés dans chaque région directement affectée par ces opérations.
  4. Rien dans ce document ne doit être interprété comme obligeant la Central Intelligence Agency à divulguer des détails opérationnels concernant ses techniques secrètes, ses sources ou ses contacts.


Mémorandum du Directeur du renseignement central
Hillenkoetter au Secrétaire exécutif du Conseil de sécurité nationale (Souers)

Washington, 15 décembre 1947.
//Source : Archives nationales et administration des dossiers, RG 273, Dossiers du Conseil de sécurité nationale, procès-verbal de la 4ème réunion. Top Secret.

  1. Il est fait référence au NSC 4-A (Rapport au Conseil de sécurité nationale par le Secrétaire exécutif sur les opérations psychologiques) distribué le 9 décembre 1947,/1/ en particulier à la directive proposée au Directeur du renseignement central.

    /1/Document 253.
  2. Dans le cas où le projet en question serait mis en œuvre, il est demandé de bien vouloir envisager de reformuler le paragraphe 3.b. de la directive proposée au DCI comme suit :

    “b. Le représentant diplomatique américain le plus haut placé dans chaque région, et le commandant militaire dans chaque zone occupée, seront tenus informés des opérations psychologiques menées dans les zones sous leur juridiction.”
  3. Nous estimons que la reformulation suggérée satisfera l’intention du texte original et permettra :

    a. D’assurer une plus grande sécurité à nos opérations clandestines organisées, et
    b. De suivre l’accord interministériel existant selon lequel le représentant américain le plus haut placé dans chaque région étrangère est responsable de la coordination de toutes les activités de renseignement ouvertes.

RH Hillenkoetter
Contre-amiral, USN



Mémorandum du Secrétaire exécutif (Souers) au Conseil de sécurité nationale
Washington, 16 décembre 1947.

//Source : Archives nationales et administration des dossiers, RG 273, Dossiers du Conseil de sécurité nationale, procès-verbal de la 4ème réunion. Top Secret.

OBJET
Représentation au sein du groupe recommandé dans NSC 4-A/1/

/1/Document 253.

Il est recommandé que le groupe mentionné au paragraphe 3-a du projet de directive dans NSC 4-A soit composé d’un représentant de chacun des départements suivants :

  • Département d’État
  • Département de l’Armée
  • Département de la Marine
  • Département de l’Armée de l’air

Sur la suggestion du Général Gruenther, il est également recommandé que l’État-Major interarmées, Comité des chefs d’état-major, soit invité à désigner un représentant qui siégera avec le groupe susmentionné en tant qu’observateur.

Sidney W. Souers

Mémorandum du Secrétaire Exécutif aux Membres du Conseil de Sécurité Nationale (en anglais)

Les premières interventions et l’expansion de l’influence

L’élection italienne de 1948 est la première opération majeure de la CIA. Craignant une victoire communiste, les États-Unis investissent massivement pour soutenir les partis démocrates-chrétiens. Des fonds sont canalisés vers des politiciens, des campagnes médiatiques sont orchestrées, et des menaces sont proférées concernant l’aide financière si le “mauvais” candidat est élu. Cette intervention réussie encourage la CIA à répéter ces tactiques ailleurs.

Dans les années 1950, la CIA orchestre des coups d’État en Iran (1953) et au Guatemala (1954), renversant des gouvernements démocratiquement élus perçus comme hostiles aux intérêts américains. Ces opérations renforcent la conviction que les interventions secrètes sont un outil efficace de politique étrangère. La guerre politique devient une stratégie clé pour maintenir et étendre l’influence américaine dans le monde.

Parallèlement, la CIA développe des programmes pour influencer l’opinion publique mondiale. Sous la direction de Frank Wisner, l’agence crée des médias comme “Voice of America” et “Radio Free Europe” pour diffuser la propagande américaine derrière le rideau de fer. L’agence infiltre également des organisations culturelles et intellectuelles, utilisant la musique, l’art et la littérature comme armes dans la guerre idéologique contre le communisme.

L’État du renseignement sur le front intérieur

Les activités de l’État du renseignement ne se limitent pas à l’étranger. À mesure que les mouvements sociaux se développent aux États-Unis dans les années 1960, les agences de renseignement commencent à surveiller et à infiltrer des groupes domestiques. Le FBI lance le programme COINTELPRO pour neutraliser les organisations considérées comme subversives, y compris les mouvements des droits civiques, les groupes anti-guerre et les activistes politiques.

La CIA, bien que légalement interdite d’opérer sur le sol américain, participe également à des opérations domestiques telles que l’Opération CHAOS , visant à surveiller les militants anti-guerre. Ces programmes impliquent la surveillance illégale, la diffusion de fausses informations et l’utilisation d’agents provocateurs. Les droits civils et les libertés individuelles sont souvent sacrifiés au nom de la sécurité nationale.

Ces actions reflètent une expansion de l’État du renseignement dans la vie quotidienne des citoyens américains. La distinction entre menaces étrangères et domestiques s’estompe, justifiant des mesures de plus en plus intrusives. La notion de “sécurité nationale” devient un prétexte pour étendre le contrôle gouvernemental, remettant en question les principes démocratiques fondamentaux.

Les scandales des années 1970 et les tentatives de réforme

Les années 1970 sont marquées par une série de révélations qui exposent les abus de l’État du renseignement. Les enquêtes journalistiques et les lanceurs d’alerte dévoilent les opérations illégales menées par le FBI et la CIA. Le scandale du Watergate exacerbe la méfiance du public envers le gouvernement, conduisant à une demande accrue de transparence.

Le Congrès réagit en créant le Comité Church en 1975, chargé d’enquêter sur les activités des agences de renseignement. Les audiences publiques révèlent des programmes choquants, comme l’assassinat de leaders étrangers, l’expérimentation sur des citoyens sans leur consentement (projet MK-Ultra ) et l’ingérence dans les médias nationaux. Ces découvertes provoquent l’indignation et conduisent à des appels à la réforme.

Des mesures sont prises pour encadrer les agences de renseignement. La Foreign Intelligence Surveillance Act (FISA ) de 1978 établit un tribunal spécial pour superviser les demandes de surveillance intérieure. Des comités de surveillance sont créés au Congrès pour assurer une plus grande responsabilité. Cependant, ces réformes sont souvent critiquées pour leur inefficacité ou leur portée limitée.

Le retour en force et l’adaptation de l’État du renseignement

Malgré les scandales et les réformes, l’État du renseignement connaît un renouveau dans les années 1980. Sous l’administration Reagan, la lutte contre le communisme reprend de l’ampleur. La création du National Endowment for Democracy (NED) en 1983 permet de poursuivre des activités similaires à celles de la CIA, mais sous une apparence légitime de promotion de la démocratie.

“Fondation nationale pour la démocratie – Soutenir la liberté dans le monde entier”

La CIA continue de mener des opérations controversées, comme le soutien aux Contras au Nicaragua, menant à l’affaire Iran-Contra . Les agences apprennent à opérer avec plus de discrétion, utilisant des organisations non gouvernementales et des entreprises privées pour mener des actions indirectes. Cette période voit également une collaboration accrue avec des alliés étrangers dans le partage de renseignements et les opérations conjointes.

L’effondrement de l’Union soviétique en 1991 modifie le paysage géopolitique, mais l’État du renseignement s’adapte rapidement aux nouvelles menaces. Le terrorisme international, la prolifération des armes et la cybercriminalité deviennent les nouvelles priorités. Les agences élargissent leurs capacités technologiques, investissant dans la surveillance électronique et les opérations cybernétiques.

L’ère moderne et les défis contemporains

Au XXIe siècle, l’État du renseignement opère dans un monde de plus en plus interconnecté. Les attaques du 11 septembre 2001 déclenchent une expansion massive des pouvoirs de surveillance. Le Patriot Act permet une collecte de données sans précédent sur les citoyens américains et étrangers. La création du Department of Homeland Security (DHS) centralise de nombreuses fonctions de sécurité intérieure.

Le président George W. Bush lors de la signature du USA PATRIOT Act
Programme de surveillance PRISM

Les révélations d’Edward Snowden en 2013 sur la surveillance de masse menée par la NSA soulèvent des inquiétudes mondiales. Les programmes PRISM et autres démontrent l’ampleur de la collecte de données personnelles sans consentement. Ces actions suscitent un débat sur l’équilibre entre sécurité et vie privée, remettant en question les limites de l’État du renseignement.

Par ailleurs, la montée des technologies numériques offre de nouveaux outils pour la manipulation de l’information. Les réseaux sociaux deviennent des terrains d’opérations pour l’influence étrangère et domestique. Les agences de renseignement doivent faire face à des acteurs non étatiques, des cyberattaques et à la désinformation, complexifiant davantage le paysage de la sécurité nationale.

Conclusion

Toutes ces information révèlent l’importance capitale des services secrets sur l’évolution de la carte géopolitique. Des influences secrètes que les gouvernements ne peuvent pas avouer est une réalité FACTUELLE, vérifiable facilement, et pas une “théorie de complot farfelue”.

L’influence “teutonique” des méthodes des services secrets est évidente. Dans les deux cas, on parle d’infiltration, subversion, chantages, et autres méthodes obscures.

On comprend aussi qu’à partir du moment ou la “cible” est fixée (pays à infiltrer), tout devient un outil pour les services secrets, des institutions religieuses aux institutions étatiques, en passant par les ONG, le cinéma, et la culture en général.

Tout ceci révèle également l’ancienneté du complot, mené par les services secrets qui œuvrent ensemble, loin des yeux du public, et avec la complicité du milieu politique et médiatique.

Maintenant on comprend mieux le pourquoi du comment du Framework DISARM, qui nous montrait que gouvernements, institutions publiques ou privées, ONGs, et médias (entre autres), œuvrent ensemble pour contrôler et protéger un certain narratif…

Rapport de la Commission Church

Les années 1970 sont marquées par une série de révélations qui exposent les abus de l’État du renseignement. Les enquêtes journalistiques et les lanceurs d’alerte dévoilent les opérations illégales menées par le FBI et la CIA. Le scandale du Watergate exacerbe la méfiance du public envers le gouvernement, conduisant à une demande accrue de transparence.

Le Congrès réagit en créant le Comité Church en 1975, chargé d’enquêter sur les activités des agences de renseignement. Les audiences publiques révèlent des programmes choquants, comme l’assassinat de leaders étrangers, l’expérimentation sur des citoyens sans leur consentement (projet MK-Ultra ) et l’ingérence dans les médias nationaux. Ces découvertes provoquent l’indignation et conduisent à des appels à la réforme.

Des mesures sont prises pour encadrer les agences de renseignement. La Foreign Intelligence Surveillance Act (FISA ) de 1978 établit un tribunal spécial pour superviser les demandes de surveillance intérieure. Des comités de surveillance sont créés au Congrès pour assurer une plus grande responsabilité. Cependant, ces réformes sont souvent critiquées pour leur inefficacité ou leur portée limitée.

Le retour en force et l’adaptation de l’État du renseignement

Malgré les scandales et les réformes, l’État du renseignement connaît un renouveau dans les années 1980. Sous l’administration Reagan, la lutte contre le communisme reprend de l’ampleur. La création du National Endowment for Democracy (NED) en 1983 permet de poursuivre des activités similaires à celles de la CIA, mais sous une apparence légitime de promotion de la démocratie.

Tous les articles, la tribune libre et commentaires sont sous la responsabilité de leurs auteurs. Les Moutons Enragés ne sauraient être tenus responsables de leur contenu ou orientation.

3 Commentaires

  1. les preuves sous le nez le mouton préfère regarder ailleurs et accuser son voisin.

  2. Par The Economist le 23.09.2024 à 06h30, mis à jour le 23.09.2024 à 10h40.

    L’Europe est bien plus corrompue qu’on ne le croit.
    « C’était du style rétro », s’amuse Ruta Kaziliunaite, coordinatrice du service spécial d’enquête de Lituanie (STT), la police anticorruption du pays. En novembre dernier, l’ancien chef du parti Mouvement libéral a été reconnu coupable d’avoir reçu des pots-de-vin d’un cadre de MG Baltic, un conglomérat commercial et immobilier. Il ne s’agissait pas de transferts cachés vers des sociétés écrans, mais de vieilles liasses de billets : la STT a trouvé 242 000 euros cachés dans la maison et la voiture du député.

    En matière de lutte contre la corruption, la Lituanie est l’un des meilleurs élèves de l’Union européenne. La corruption est difficile à mesurer ; elle est par nature secrète. Mais Transparency International, une ONG basée à Berlin, évalue la perception de la probité des pays, et la Lituanie est passée du 48e rang mondial en 2012 au 34e rang en 2023. Le Centre européen de recherche sur la lutte contre la corruption et le renforcement de l’État (ERCAS), un organisme universitaire qui mesure l’intégrité et la transparence publiques, classe la Lituanie parmi les 20 premiers pays dans ces deux domaines.

    La corruption ronge une partie des pays de l’Est

    https://www.challenges.fr/monde/l-europe-est-bien-plus-corrompue-qu-on-ne-le-croit_905725

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