États-Unis: la guerre civile officiellement évoquée ?

Par Pierre Duval pour Observaureur-Continental

La nouvelle tentative d’assassinat de Donald Trump – la deuxième – qui a eu lieu ce dimanche alors que le candidat à l’élection présidentielle US jouait au golf dans son club de West Palm Beach, en Floride est vue maintenant par les observateurs, notamment en France, comme la forte possibilité de voir aux États-Unis une guerre civile arriver. 

«Dans un futur proche, une guerre civile fait rage aux États-Unis». Le film Civil War a été évoqué sur LCI ce jour pour avertir sur la menace réelle de voir une guerre civile arriver sur le sol des États-Unis. Le film d’Alex Garland sorti en avril dernier en France a donné un aperçu de la chute de la première puissance mondiale dans le chaos civil où les citoyens US forment des milices armées pour se défendre et attaquer afin d’assurer leur survie. Civil War montre l’attaque de la Maison Blanche pour tuer le président élu. Le synopsis du film, qui est maintenant évoqué par des observateurs dans des médias français, comme LCI, annonce: «Dans un futur proche, une guerre civile fait rage aux États-Unis. Les forces combinées de l’Ouest -Californie et Texas- sont sur le point de prendre Washington. Deux correspondants de guerre expérimentés, rejoints par un journaliste chevronné et une jeune photographe en herbe, se rendent de New York à la capitale pour interviewer le président barricadé à la Maison Blanche avant que l’ennemi ne l’atteigne». 

Une fracture bien réelle entre les États américains. L’historien, André Kaspi, qui est l’auteur de La Guerre de Sécession: Les États désunis, était l’invité de LCI pour savoir si une nouvelle guerre civile pouvait avoir lieu aux États-Unis. En 1861, une profonde fracture a divisé les États du Sud et ceux du Nord. Selon les observateurs, le film Civil War est une dystopie, mais cela travaille la société américaine, surtout que le titre Civil War évoque exactement la guerre de Sécession parce que quand on parle de la guerre de Sécession aux États-Unis, on emploie l’expression Civil War. Cela veut dire que ce qui se passe en 2024 ressemble à ce qui s’est passé entre 1860 et 1865. Civil War a été vu par plus de 65 millions d’Américains. Pour André Kaspi, c’est dans des conditions complètement différentes car aujourd’hui la question de l’esclavage ne se pose plus. Pour lui, cela veut dire qu’aujourd’hui si les républicains et les démocrates sont prêts à s’engager dans une lutte brutale où violente, c’est précisément sur d’autres thèmes que ceux de 1860 ou 1865. Aujourd’hui, il y a des États dans lesquels les républicains sont majoritaires et d’autres États dans lesquels ce sont les démocrates qui sont majoritaires. C’est pour cela qu’il est extrêmement difficile de créer un consensus national entre ces États qui sont très différents les uns des autres. 

Il existe une sorte de nostalgie du temps où les États du Sud formaient une confédération et où ils considéraient que les États du Nord, c’était l’adversaire. Il y a, selon André Kaspi, un esprit, par exemple dans les États du Sud qui est profondément particulariste. Jusqu’à une date récente, le drapeau confédéré restait un élément essentiel de la conscience dans beaucoup des États du Sud. 

Un grand nombre de citoyens US ne croient plus dans le bon fonctionnement des institutions. «La confiance dans les institutions américaines n’a jamais été aussi faible», stipulait en juin dernier The Guardian. «En 2022, un sondage Gallup a révélé que les Américains avaient connu une baisse significative de confiance dans 11 des 16 principales institutions américaines. La Cour suprême et la présidence ont enregistré les plus fortes baisses de confiance du public, de 11% et 15% respectivement. La confiance a également chuté dans le système médical, les banques, la police, les écoles publiques et les journaux. Les choses ne se sont pas améliorées en 2023: un sondage de suivi a révélé que les niveaux de confiance restaient faibles, aucun des scores «ne s’étant détérioré ou amélioré de manière significative», a précisé le quotidien britannique. 

«Selon les sondeurs, cette perte de confiance [aux États-Unis] est en partie le résultat d’une politique menée depuis des décennies par les dirigeants politiques pour éroder la confiance du public dans des institutions telles que la science, les médias et le gouvernement. Et, les conséquences sont graves. Ne pas faire confiance aux forces qui gouvernent leur vie est préjudiciable à la santé et au bien-être des individus et des communautés, et rend le pays moins préparé à affronter une crise majeure», rajoute The Guardian

Les citoyens US se préparent à un événement dangereux. Pour preuve, selon The Hill, «plus de 5 millions d’armes à feu achetées au cours des 4 premiers mois de 2024». Le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis garantit le droit de porter des armes. Selon le Pew Research Center les citoyens US achètent des armes pour «la protection personnelle» qui est «une des raisons invoquées par les propriétaires d’armes à feu pour posséder une arme à feu». 

«Un grand nombre d’Américains qui ont acheté des armes au cours des quatre dernières années ou qui portent régulièrement leurs armes chargées en public sont prêts à s’engager dans la violence politique, allant même jusqu’à tirer sur un adversaire présumé, selon une nouvelle méga-enquête», a rapporté The Guardian en avril dernier. «Les chercheurs ont constaté que le risque de comportement violent augmentait considérablement chez certains sous-ensembles de propriétaires d’armes à feu», précise l’enquête. Le quotidien britannique s’inquiétait de la montée de la violence aux États-Unis: «À sept mois de la revanche présidentielle entre Donald Trump et Joe Biden, les États-Unis sont non seulement au début de ce qui promet d’être une élection enflammée, mais la prévalence de la possession d’armes à feu ainsi que les attaques massives par armes à feu atteignent également des sommets historiques. Un pays inondé d’armes et confronté à un conflit politique tendu, que les deux camps présentent comme une lutte existentielle pour l’avenir de l’Amérique, pose des défis extrêmes aux forces de l’ordre». Ce constat avait été fait avant la première tentative de meurtre contre Donald Trump et la deuxième de ce dimanche dernier.  

Le conflit en Ukraine a coulé l’économie US accentuant la crise économique et aussi sociale. The Fortune Journals constate que le conflit en Ukraine «a provoqué diverses crises politiques, humanitaires et économiques dans le monde, et les conséquences économiques sont désormais visibles aux États-Unis». Si le conflit continue, cela va concerner «les problèmes de chaîne d’approvisionnement et de ressources limitées (par exemple, le blé, le pétrole et le gaz naturel) qui pourraient accroître l’inflation», mettait en garde le même média. La durée du conflit en Ukraine «exacerbe l’incertitude, déstabilise les marchés des matières premières et l’inflation est potentiellement accrue alors que nous assistons à une hausse des prix de l’essence et des denrées alimentaires dans le monde entier», avertit The Fortune Journals. «Une récession provoquée par la guerre peut avoir des effets dévastateurs, en augmentant temporairement le prix des matières premières et des biens finis, comme le constatent la plupart des pays du monde, y compris les États-Unis», continue le média US.  

Dans ce contexte, il n’est pas surprenant de voir un grand média français évoquer le film Civil War pour analyser la menace réelle d’une guerre civile aux États-Unis, d’autant plus que ces derniers ressortent la prise du capitole par des supporters de Trump le janvier 2021.

Pierre Duval

Tous les articles, la tribune libre et commentaires sont sous la responsabilité de leurs auteurs. Les Moutons Enragés ne sauraient être tenus responsables de leur contenu ou orientation.

Un Commentaire

  1. Guerre civile aux States ? Particularité : en fait les pro-Republicans sont généralement situés AU MILIEU des États pro-Democrats qui se situent en général sur les deux côtes…. Cela risque d’être compliqué.
    https://i53.servimg.com/u/f53/11/40/28/12/zotats11.jpg

Les commentaires sont clos.