Par Alexandre Lemoine pour Observateur-Continental
Le soutien à l’Ukraine et ses perspectives euro-atlantiques seront les principaux sujets du sommet de l’Otan de trois jours. Celui-ci s’ouvre ce mardi 9 juillet à Washington. Ce sommet sera le premier pour l’Otan dans sa nouvelle composition, élargie cette année avec l’adhésion de la Suède, et le dernier pour le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a ajouté une intrigue supplémentaire à la discussion en visitant Moscou et Pékin avant le sommet, où il a déclaré avoir discuté de la possibilité de reprendre les négociations entre l’Ukraine et la Russie.
L’une des questions les plus importantes pour l’Otan, à savoir la candidature du futur secrétaire général de l’Alliance, a été réglée juste avant le sommet de Washington. Il a été convenu que Mark Rutte, ancien Premier ministre des Pays-Bas, succèdera à Stoltenberg en octobre, lorsque ce dernier quittera son poste. Sous la direction de Rutte, et non du politicien norvégien qui entend se concentrer sur le travail dans son pays, l’Otan devra établir des relations avec le nouveau locataire de la Maison Blanche, si le président américain sortant n’était pas réélu.
Les membres de l’Alliance ne semblent pas trop croire à la réélection de Biden. D’où le choix de Rutte, l’un des rares politiciens européens à avoir noué des relations avec Trump.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky fait partie des invités au sommet. Cela devient une sorte de tradition. Depuis février 2022, aucun sommet de l’Otan ne se passe sans discussion sur le conflit russo-ukrainien, et Zelensky en est un invité fréquent. Cet évènement marquera le point culminant de ses efforts diplomatiques des derniers mois. En marge du sommet, le 11 juillet, Zelensky rencontrera les représentants d’une vingtaine de pays avec lesquels il a conclu des accords de sécurité. Et Joe Biden en fait partie.
Cependant, avant le sommet, la direction de l’Otan a clairement défini ce à quoi Zelensky peut s’attendre ou non. Selon les propos de Stoltenberg lors d’une récente conférence de presse à Washington, l’Ukraine ne recevra ni une invitation directe ni une « feuille de route » pour rejoindre l’Alliance. La demande correspondante de Zelensky n’a pas été satisfaite. En revanche, l’Ukraine recevra un nouveau paquet d’aide que Stoltenberg a qualifié de « substantiel » et « très solide ». Il s’agit d’un soutien pour 2025 d’un montant total de 40 milliards d’euros. De plus, les participants au sommet décideront de la création d’une structure de commandement séparée, dont le siège sera situé dans la ville allemande de Wiesbaden.
Il est également possible qu’un représentant civil de l’Otan soit envoyé à Kiev. Sur place, il se chargera d’étudier les besoins de l’Ukraine, tant militaires que non militaires, que l’Alliance peut satisfaire. C’est ce que rapporte le journal The Wall Street Journal, citant ses sources. Actuellement, ce sont les autorités ukrainiennes qui demandent ce dont elles ont besoin. Cependant, toutes ces demandes ne sont pas satisfaites, et le pays ne reçoit pas toujours ce qu’il espère. Par exemple, Zelensky a maintes fois souligné la nécessité de fournir rapidement à l’Ukraine des systèmes de défense aérienne pour protéger les villes ukrainiennes. À Kiev, le rythme des livraisons de ce type d’équipement est jugé insatisfaisant. Cette question sera probablement abordée, du moins lors de la réunion du Conseil Otan-Ukraine, qui se tiendra à Washington le 11 juillet.
En revanche, il est peu probable que les plans d’arrêt des hostilités soient au centre des discussions. Ni Stoltenberg ni aucun des dirigeants des pays de l’Alliance n’ont évoqué avant le sommet la nécessité d’entamer des négociations avec la Russie. La seule exception est Viktor Orban. Ces derniers jours, il manifeste une activité diplomatique intense. Le dirigeant hongrois arrivera à Washington depuis Pékin, où il a rencontré le président chinois Xi Jinping lundi. Auparavant, il s’était également rendu à Moscou.
On ignore ce qu’Orban a concrètement obtenu à l’issue de ce qu’il a appelé sa « mission de paix ». Ce qui est certain, c’est que le Premier ministre hongrois ne déviera pas de sa position sur le conflit russo-ukrainien lors du sommet à Washington. Dans un article publié dans le Newsweek, il s’est catégoriquement opposé à l’envoi de forces de l’Otan en Ukraine. Pour rappel, le président français Emmanuel Macron avait envisagé cette possibilité. Orban a conditionné son accord pour ne pas bloquer la candidature de Rutte par la promesse de ne pas envoyer des soldats hongrois pour aider Kiev, même si l’Alliance décidait de le faire.
Alexandre Lemoine
Voir :
- Le think tank ECFR annonce la future orientation de la politique de l’EU pour l’Ukraine
- Comment l’Europe tente de résoudre le problème du « parapluie nucléaire »?
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