Le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous, citait Aristote (et la SNCF !). Les autoroutes, bradées à des concessionnaires à l’éthique parfois douteuse, mettent en place progressivement les péages en « flux libre ». Cela signifie que vous n’aurez plus à vous acquitter de la somme due au péage mais, ne rêvez pas, vous devrez toujours vous acquitter de votre obole dans les 72 heures. Comment ? En vous rendant sur le site Sanef (qui inaugure le système) et payer en ligne de deux façons. La première en enregistrant votre paque et vos coordonnées de carte bancaire et vous serez prélevés automatiquement (avec les risques liés au piratage des données personnelles). La seconde, en payant de la même façon au coup par coup. Tout cela dans les 72 heures maximum sinon c’est l’amende à 90 euros. Si chaque concessionnaire fait de même cela va être un brin compliqué ! Reste enfin la possibilité d’un badge en télépéage…dont l’abonnement est payant !
L’on peut imaginer les avantages de ce système sur la fluidité aux barrières de péage, à condition qu’il soit fiable. Mais ce progrès a aussi ses revers, en dehors même du coût des installations qu’il faudra financer, certainement avec un tarif encore revu à la hausse, il y a tous ceux qui vont se rendre en séjour dans un lieu sans réseau (si, si, il y en a encore) qui ne pourront pas se connecter dans les 72 heures. Et puis il y a ceux qui n’ont pas internet, tout simplement, ou qui ne sont pas à l’aise avec la navigation. Pour ceux-là, il faudra se rendre dans un bureau de tabac agréé…toujours dans les 72 heures. A condition qu’il existe et qu’il ne soit pas trop éloigné du domicile ou du lieu de villégiature.
J’imagine bien les personnes âgées face à cette problématique qui va une nouvelle fois les exclure un peu plus. Cette « fracture numérique » que l’Etat disait vouloir réduire ne fait que s’accroître dans une société qui ne veille plus sur ses plus fragiles mais continue à les exclure sans vergogne, sans aucune humanité. Ce « progrès » n’est pas partagé par tous, loin de là.
Sylvain Devaux
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Bien vu Sylvain. Clair et net, c’est de la discrimination. Je dirais … involontaire, car dans l’esprit de ces « gens-là », il n’est pas pensable que tout le monde n’ait pas un ordi, une connexion internet, une carte bancaire, et les moyens de se servir de tout ça. Et comme tu le dis justement, a minima une maison des services pas trop loin. C’est hors de leur contexte, de leur capacité intellectuelle. Quant au cœur …
Et si les gens décidaient de ne plus prendre l’autoroute ?
Absolument ! Mais en période de vacances, il va être difficile de le leur faire comprendre … Il suffirait d’un boycott de quelques jours pourtant…
Par l’accoutumance, c’est surtout la première étape vers le retour des routes payantes.
Ce serait une idée excellente que j’applique déjà car j’ai horreur sincèrement des autoroutes. De plus, une société qui exclut ses « vieux » d’un service autoroutier pour juste faire des économies de personnel alors qu’ils risquent de se faire dérober leur code bancaire par inexpérience ou devoir trouver un débit de tabac habilité….c’est vraiment écoeurant de rapine . Et ce gouvernement qui ne régit rien de ses devoirs envers des citoyens avec ou sans internet et qui s’en lave les mains.
Les vieux ne doivent plus voter – puisque l’on dit que certains d’entre eux font partis de leur électorat – pour des personnalités politiques qui n’en ont rien à faire de leur adaptabilité ou non à ce système vérolé.
L’Espagne encore une fois est à la pointe, quelques tronçons payants mais la plupart des autoroutes sont GRATUITES et en BON ETAT. Décidément, cette France est en voie de tiers-mondiatisation pour toutes ses infrastructures et sans respect pour ses anciens. Le boycott, la population n’a pas l’air de connaître et pourtant il est bien efficace.
excellente idée