Les Arméniens quittent le Karabakh, les Azerbaïdjanais retournent dans la région

Source Observateur-Continental

Les autorités azerbaïdjanaises prévoient d’investir de l’argent dans le Haut-Karabakh, en commençant par le secteur énergétique. Des entreprises chinoises sont prêtes à fournir des sous-stations électriques dans cette région économique de l’Azerbaïdjan, qui manquait d’électricité auparavant. Plus de 100.000 Arméniens locaux ont quitté le Karabakh, qui a annoncé son auto-dissolution, et un million de réfugiés azerbaïdjanais, qui avaient fui la république non reconnue pendant le conflit de 1992-1994, prévoient d’y revenir. 

Les autorités de Bakou déclarent que la réintégration de la région se déroule bien. La mission de l’ONU qui s’est rendue sur place n’a pas encore tiré de conclusions. Kavita Belani, représentante du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en Arménie, a déclaré qu’aucun acte de violence à l’encontre des résidents arméniens quittant ce territoire n’avait été constaté. 

Cinq jours après la fin de l’opération de rétablissement de l’ordre constitutionnel au Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan, le président Ilham Aliyev a rencontré le président turc Recep Tayyip Erdogan à Nakhitchevan. Aliyev a noté: “L’acheminement de l’aide humanitaire de l’Azerbaïdjan au Karabakh pour la population arménienne locale a déjà commencé. Du carburant, y compris du diesel, de l’essence, de la nourriture, des médicaments et d’autres aides humanitaires sont fournis. Cela prouve une fois de plus que les personnes vivant dans la région du Karabakh, quelle que soit leur appartenance nationale, sont des citoyens de l’Azerbaïdjan. La sécurité, la protection et les droits de ces personnes seront assurés par l’État azerbaïdjanais.” 

Le dirigeant azerbaïdjanais a exprimé sa conviction que “le processus d’intégration de la population arménienne vivant au Karabakh dans la société azerbaïdjanaise se déroulera avec succès”. Cependant, lorsque le président de la république non reconnue a signé un décret sur sa dissolution, les Arméniens du Karabakh ont rapidement commencé à quitter leurs maisons. Le média britannique The Independent a écrit: “Le plus grand exode de personnes dans le Caucase du Sud depuis l’effondrement de l’Union soviétique a commencé.” 

Le président de l’Azerbaïdjan a annoncé le début du retour des réfugiés azerbaïdjanais au Karabakh: plus de 2.000 personnes sont déjà entrées dans la région. Aliyev a noté qu’environ un million d’Azerbaïdjanais avaient quitté le Karabakh au cours des 30 dernières années. Il a précisé qu’il y avait désormais “une sorte de file d’attente de ceux qui attendent de retourner sur leur terre natale”. “Les gens viennent de Bakou, de la deuxième plus grande ville du pays, Soumgaït, de Gandja. Ils viennent des villes dans les villages”, a ajouté le président azerbaïdjanais. 

Une mission de l’Organisation des Nations unies est arrivée au Karabakh. Les médias notent que la dernière fois qu’une mission de l’ONU y était présente remonte à environ 30 ans. La représentante du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en Arménie, Kavita Belani, a déclaré que les structures de l’ONU n’avaient pas constaté de mauvais traitements envers les résidents arméniens du Karabakh quittant ces territoires pour s’installer en Arménie. Elle a souligné que l’exode massif des Arméniens du Karabakh était dans tous les cas un grave problème humanitaire, mais les Azerbaïdjanais ne manifestent pas d’agressivité à l’égard des déplacés. 

Plus tôt, le 29 septembre, l’Arménie a déposé une plainte contre l’Azerbaïdjan devant la Cour internationale de justice des Nations unies. Selon le point de vue arménien, la raison en est la violation de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale à l’égard de la population arménienne en raison de la situation au Haut-Karabakh. Erevan a appelé la Cour à confirmer l’obligation de l’Azerbaïdjan de renoncer à des actions directement ou indirectement visant à expulser les Arméniens ethniques du Haut-Karabakh, et à ordonner l’adoption de mesures temporaires à son encontre. 

Pour rappel, le 19 septembre, le ministère de la Défense de l’Azerbaïdjan a annoncé le début d’une opération antiterroriste locale au Haut-Karabakh. Le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a déclaré que le seul moyen d’atteindre la paix dans la région était le retrait complet des forces arméniennes. Le lendemain, il a été annoncé que les parties au conflit étaient parvenues à un cessez-le-feu complet. 

En 1988, le Haut-Karabakh a annoncé son retrait de la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan. Au cours du conflit armé de 1992 à 1994, Bakou a perdu le contrôle de la région, exacerbant les tensions entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. En 2022, Pachinian et Aliyev ont signé à Prague une déclaration reconnaissant la Déclaration d’Alma-Ata de 1991, selon laquelle le Haut-Karabakh est un territoire de l’État azerbaïdjanais. Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian l’a ouvertement confirmé. Notant par ailleurs que les troupes russes de maintien de la paix au Karabakh devraient veiller à la sécurité des résidents de la république non reconnue. Cependant, les résidents ne croient pas que leur sécurité sera assurée. Le départ des Arméniens du Karabakh se poursuit. En même temps, les réfugiés azerbaïdjanais se préparent à retourner chez eux au Haut-Karabakh, ils sont un million.

Elsa Boilly

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