Les Brics défendront le Sud global contre l’Occident

Source : Observateur-Continental

Les dirigeants des pays Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), qui représentent environ un quart de la richesse mondiale, se rencontrent cette semaine à Johannesburg pour renforcer l’influence du groupe et obtenir des changements dans la géopolitique mondiale. 

Le président de la République sud-africaine Cyril Ramaphosa accueillera mardi prochain, en tant qu’hôte, le président chinois Xi Jinping, le premier ministre indien Narendra Modi et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva. Le président russe Vladimir Poutine se joindra également à ses homologues des Brics par visioconférence. 

Le dirigeant russe a décidé de ne pas être présent en personne car un mandat d’arrêt a été émis à son encontre par la Cour pénale internationale, que l’Afrique du Sud est théoriquement tenue d’exécuter s’il met le pied sur son territoire. Il sera représenté par le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, qui se rendra à Johannesburg. 

Représentant des milliards de personnes sur trois continents, avec des économies connaissant des niveaux de croissance variés, les Brics a une chose en commun: le mépris de l’ordre mondial qu’ils considèrent comme servant les intérêts des riches puissances occidentales, selon une publication de l’AFP

“Le système traditionnel de gouvernance mondiale est devenu dysfonctionnel, déficient et inopérant”, a déclaré vendredi 18 août lors d’un point de presse l’ambassadeur de Chine en Afrique du Sud, Chen Xiaodong, ajoutant que “les Brics deviennent une force de plus en plus solide dans la défense de la justice internationale”. 

L’intérêt pour le groupe augmente: au moins 40 pays ont précédemment exprimé leur intérêt à le rejoindre, et 23 d’entre eux ont officiellement soumis leur candidature pour rejoindre les Brics. 

Anil Sooklal, ambassadeur d’Afrique du Sud pour l’Asie et pour les Brics, a déclaré que l’une des raisons pour lesquelles les pays font la queue pour rejoindre cette union est le “monde très polarisé dans lequel nous vivons, qui est encore plus polarisé par la crise ukrainienne, et où les pays sont forcés de prendre parti”. 

“Les pays du Sud ne veulent pas qu’on leur dise qui soutenir, comment se comporter et comment mener leurs affaires souveraines. Ils sont maintenant assez forts pour défendre leurs positions”, a déclaré M. Sooklal. Selon lui, les Brics ont donné espoir aux pays cherchant à restructurer l’architecture mondiale. 

“Les marchés principaux sont maintenant dans le Sud global… Mais nous restons encore en périphérie en termes de prise de décisions mondiales”, a-t-il souligné. 

Lebogang Legodi, enseignante en politique internationale à l’Université de Limpopo (Polokwane, Afrique du Sud), est d’accord sur le fait que de nombreux États cherchant à rejoindre le groupe “voient les Brics comme une alternative à l’hégémonie actuelle dans les affaires mondiales”. 

Environ 50 autres dirigeants participeront au programme “Amis des Brics” lors du sommet qui se tiendra au centre de conférence au cœur de Sandton à Johannesburg, historiquement considéré comme le mille carré le plus riche du continent africain. Cette année, le thème de la rencontre est “Brics et Afrique: un partenariat pour une croissance mutuellement accélérée, un développement durable et un multilatéralisme inclusif”. 

Le sommet se tiendra à un moment critique. Une décision sur l’expansion des Brics est attendue à la fin du sommet. Le président Cyril Ramaphosa optimiste a déclaré lors d’une réunion du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC) à Johannesburg samedi dernier, que “nous aurons un sommet des Brics fantastique”. Il a dit que la présence de tant de chefs d’État “montre l’influence que l’Afrique du Sud a sur le monde”. 

Actuellement, les Brics représentent 23% du PIB mondial et incluent 42% de la population mondiale. Le groupe représente plus de 16% du commerce mondial. 

Le Brésil reste le principal opposant à une expansion rapide des Brics. Cela a été rapporté au début du mois par Reuters, citant des sources au sein du gouvernement brésilien. 

Comme l’agence de presse britannique le notait à l’époque, la Chine cherche depuis longtemps à élargir l’alliance, “visant à accroître son influence politique” sur fond de tensions commerciales avec les États-Unis. La Russie saisit également cette occasion pour s’assurer le soutien de ses alliés en raison de “l’isolement diplomatique”. 

L’Afrique du Sud soutient l’intégration de nouveaux membres, bien que le président Ramaphosa ait déclaré que la formule d’expansion nécessitait une “étude plus approfondie”. 

Selon des sources, même l’Inde, qui avait longtemps craint une expansion rapide des Brics, serait désormais d’accord avec cette idée. 

Le gouvernement brésilien insistera cependant sur le fait que toute expansion de l’alliance doit être graduelle, maintenir un équilibre régional et préserver les rôles dominants de ses cinq membres permanents, selon des sources citées par Reuters

Bloomberg avait précédemment confirmé que le Brésil était opposé à une expansion rapide des Brics car il “ne souhaite pas détériorer les relations avec l’Occident”, dont les inquiétudes augmentent face aux informations sur la volonté de dizaines de pays de rejoindre l’alliance. L’Inde, quant à elle, souhaite voir des “règles d’adhésion plus claires pour les Brics”, selon l’agence. 

Début juin 2023, une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres des Brics s’est tenue au Cap. Le sommet a également invité des ministres des pays du Sud global: l’Argentine, le Bangladesh, l’Iran, l’Indonésie, le Kazakhstan, les îles Comores, Cuba, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis. 

Plus de 20 pays, à des niveaux formels et informels, ont exprimé leur intérêt à adhérer. Outre les participants à la réunion de juin, il y a l’Algérie, l’Afghanistan, Bahreïn, la Biélorussie, le Venezuela, l’Égypte, le Zimbabwe, le Mexique, le Nigéria, le Nicaragua, le Pakistan, le Sénégal, la Syrie, le Soudan, la Thaïlande, la Tunisie, la Turquie et l’Uruguay. 

Le sommet des Brics se tiendra à Johannesburg du 22 au 24 août. Le premier jour, un forum économique aura lieu, et les dirigeants des pays s’adresseront aux participants lors de la session finale mardi soir. Ensuite, les chefs d’État des Brics se rencontreront lors d’une session à huis clos. Le 23 août est le jour principal du sommet, divisé en deux sessions. La première, à huis clos, durera une heure et demie, la seconde, ouverte, environ deux heures. À la fin du sommet, les dirigeants des Brics adopteront une déclaration finale.

Alexandre Lemoine

Observateur-Continental

Volti

2 Commentaires

  1. Pour beaucoup, les BRICS représentent un espoir de justice, d’équité, et de sécurité, en opposition avec les gouvernement mondial corrompu et impérialiste actuel.

    Seulement voilà, les pays qui promeuvent ce mouvement sont loin d’être des exemples.

    Et l’histoire nous apprend que le sauveur d’aujourd’hui est souvent le bourreau de demain. La révolution française en est une parfaite illustration.

    L’occident voudrait un gouvernement mondial dont ils seraient les maîtres, et la soumission de tous les peuples. Les BRICS ne veulent pas perdre leur pouvoir personnel, ils tiennent à garder leur propre peuple soumis et exploité pour eux-mêmes.

    Dans tous les cas, dictatures locales ou dictature mondiale, c’est quand même la dictature pour les peuples.

    Actuellement, un peuple soumis à une dictature peut espérer une ingérence, venant d’un régime tout aussi pourri que le sien, mais au moins, il y a une possibilité de changement. Avec les BRICS, j’ai peur que peu importe ce qu’un dictateur fera subir à son peuple, il n’y aura aucune aide à attendre de l’extérieur.

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