Par Christelle Néant pour Donbass-Insider
Le 20 mai 2023 dans l’après-midi, Evgueni Prigojine a publié sur Telegram une vidéo le montrant avec ses soldats, portant des drapeaux russe et ceux du groupe Wagner dans les ruines d’Artiomovsk (Bakhmout), dans laquelle il annonce la libération officielle de la totalité de la ville. Le symbole est d’autant plus fort, que cette date coïncide avec l’anniversaire de la fin de la reddition des soldats ukrainiens qui s’étaient retranchés à Azovstal (Marioupol), le 20 mai 2022.
224 jours de combat. C’est le temps qu’a duré la bataille pour la libération d’Artiomovsk. Le temps durant lequel les soldats du groupe Wagner ont méthodiquement broyé les forces armées ukrainiennes (j’inclus dans ce terme l’armée régulière, les bataillons néo-nazis, la garde nationale, et les bataillons de mercenaires étrangers) dans la ville d’Artiomovsk.
Une ville qui n’est plus que ruines après huit mois de combats. Mais d’après les témoignages que j’ai recueillis auprès de réfugiés d’Artiomovsk (les derniers seront publiés bientôt), l’écrasante majorité des destructions subies par la ville est le fait des forces armées ukrainiennes. Soit de par leurs bombardements contre les maisons et immeubles, soit de par l’utilisation de ces derniers comme point de tir ou de déploiement, soit encore par le minage pur et simple des immeubles lors de leur retraite.
Et si aucun chiffre précis n’est actuellement disponible, certaines estimations des pertes de l’armée ukrainienne à Artiomovsk parlent d’environ 30 000 soldats tués, et plus de 100 000 au total en comptant les blessés. Une véritable boucherie, qui justifie pleinement le surnom de « hachoir à viande de Bakhmout » qui a très vite été donné à cette bataille.
Or, c’est exactement ce que le commandement russe voulait faire à Artiomovsk : une guerre d’attrition, non pour conquérir au plus vite un maximum de territoire, mais un grignotage lent pour détruire au maximum le potentiel militaire de l’Ukraine. Et cela a fonctionné. De mon point de vue, les « dissensions » (trop) ostensibles entre Wagner et l’armée russe ont attiré les forces armées ukrainiennes dans un piège mortel, où ses soldats, son armement et son équipement ont été méticuleusement broyés, détruits, annihilés. Et Zelensky élaborant sa stratégie plus en fonction de l’impact médiatique que de la logique militaire, il est clair qu’il tentera une contre-offensive dans cette direction, qui lui coûtera encore de nombreux soldats et pièces d’équipement.
Comme à Marioupol, les forces armées ukrainiennes ont commis de nombreux crimes de guerre contre les civils, allant de la destruction d’immeubles avec des gens à l’intérieur, en passant par le vol de leurs effets personnels dans leurs appartements et maisons, et le bombardement de leurs habitations. Il faut y rajouter les actions du SBU et des unités type « Anges blancs » et « Phénix » qui raflaient respectivement les habitants pro-russes, et les enfants.
Et au vu de ce que m’ont raconté des habitants d’Artiomovsk, les journalistes et la Croix-Rouge ne seraient pas en reste en matière de crimes et de violation de l’éthique.
Après presque un an de combat, Artiomovsk n’est plus qu’un champ de ruines. Le niveau de destruction excède très largement celui de Marioupol, et il faudra beaucoup de temps et d’investissement de la part de la fédération de Russie pour faire revivre ce qui est aujourd’hui une ville morte. Une ville rayée de la carte par la tactique des forces armées ukrainiennes qui ont installé leurs lignes défensives au beau milieu d’Artiomovsk, sans aucun égard pour les gens qui y habitaient.
Mais au milieu de ces ruines, les soldats de Wagner ont trouvé de nombreux habitants, qui ont préféré tout risquer, y compris leur vie, pour rejoindre la fédération de Russie, plutôt que d’être forcés à évacuer vers l’Ukraine. Plusieurs m’ont dit avoir hâte de rentrer chez eux, peut importe l’état de la ville. Ce sont ces habitants héroïques qui ont survécu à ces longs mois de combat, de privations et de conditions de vie terribles, qui permettront à Artiomovsk de renaître de ses cendres. Mais pour cela il faut d’abord éloigner la ligne de front de la ville, et ça c’est une autre histoire, une autre bataille que la Russie livrera, et que je vous raconterai au jour le jour.
Christelle Néant
Que de vies perdues pour les délires des « bouchers » de ce monde !
Et quand on voit que les hommes sont carrément kidnappés par les soldats pour les enrôler de force, c’est à pleurer.