Par Jean Neige pour France-Soir
TRIBUNE/OPINION – Où s’arrêtera le « whatever it takes », ce « quoi qu’il en coûte » de Joe Biden et de l’OTAN dans la politique de soutien militaire à l’Ukraine ? De cette question dépend non seulement le sort de l’Ukraine, mais le sort du monde, plus que jamais au bord de la Troisième guerre mondiale.
Le dernier sommet des pays de l’OTAN désireux de soutenir militairement l’Ukraine s’est tenu le 20 janvier sur la base américaine de Ramstein, en Allemagne.
Après quelques réticences au sujet de la livraison de chars lourds “Léopard 2”, le chancelier allemand Olaf Scholz a cédé aux pressions, notamment celles de la Pologne et des Pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), mais aussi celles des Anglo-Saxons.
Il a ainsi autorisé la réexportation vers l’Ukraine de ces chars vendus initialement à d’autres pays. Outre l’Allemagne, au moins 8 pays occidentaux ont promis des “Léopard 2” à l’Ukraine (Pologne, Espagne, Portugal, Pays-Bas, Norvège, Finlande, Grèce, Canada).
La liste des matériels promis pour 2023 comptait plus de 340 chars au 7 février quand on y ajoutait les Abrams américains, mais aussi les chars de technologie soviétique promis par les Polonais et les Tchèques, et les vieux “Léopard 1”.
À cela s’ajouterait la fourniture par le Maroc à l’Ukraine d’un nombre inconnu de chars de conception soviétique, selon un média algérien. Mais des sources marocaines ont démenti. Le Maroc aurait juste accepté de fournir des pièces détachées. Il est possible que les uns ou les autres jouent sur les mots ici. Quant à l’Espagne, après avoir annoncé l’envoi de 53 chars, elle se limiterait à un nombre entre 6 et 10.
Quoi qu’il en soit des chars marocains, les chars lourds promis par les pays occidentaux s’ajoutent aux 40 chars légers à roue AMX-10 RC, aux 20 véhicules de transport de troupes Bastion et aux 12 canons Caesar supplémentaires que la France s’est engagée à livrer (dès le mois de février pour les AMX-10), ainsi qu’aux centaines de blindés d’infanterie, pièces d’artillerie et autres systèmes d’armes que les Etats-Unis et d’autres pays ont promis.
La liste, qui ne cesse de s’allonger, impressionne. Et ces armements que fournit l’OTAN à l’Ukraine en manque de matériels sont de plus en plus sophistiqués.
Poussée par la dynamique globale, la France réfléchit même à fournir ses propres chars Leclerc, peut-être les meilleurs au monde, fleurons de la technologie militaire française.
À peine les promesses de livraison de chars lourds étaient annoncées que le président Zelensky demandait des avions de chasse, des missiles de longue portée et même des sous-marins.
Comme on ne refuse rien à l’Ukraine, ni à celui qui n’était encore qu’un amuseur public, pour ne pas dire littéralement un bouffon, il y a seulement 4 ans, on se sera pas surpris qu’il obtienne quasiment tout ce qu’il demande, à un moment ou à un autre.
D’ailleurs, Mike Pompeo, ancien directeur de la CIA et ex-Secrétaire d’Etat, assène : “Nous devons faire tout ce que les Ukrainiens nous demandent de faire”.
Et Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères, avance que “nous sommes en guerre avec la Russie”. Et comme pour enfoncer le clou dans le cercueil du pacifisme allemand, le nouveau ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, se fait photographier en tourelle d’un char “Léopard 2” prêt à être envoyé en Ukraine.
“C’est de la folie, et personne n’a l’air de s’en soucier”, commente l’éditorialiste américain Tucker Carlson sur Fox News. Et Les Pays-Bas ont déjà annoncé qu’ils étaient prêts à fournir des F-16, que les Américains annoncent tester 2 pilotes ukrainiens sur des F-16 en simulateur et étudier l’installation de leurs missiles sur des Mig-29 ukrainiens, quand les Britanniques annoncent former des pilotes ukrainiens sur leurs avions Phantom.
Même la France réfléchirait à fournir ses Mirage. L’OTAN montre qu’elle est prête à vider ses arsenaux pour l’Ukraine et repousse sans cesse ses limites. Où cela s’arrêtera-t-il ?
Dans quel but ?
L’objectif officiel de l’Ukraine est de récupérer tous ses territoires, Crimée comprise, dans les frontières de 1991. Le changement de régime en Russie fait aussi clairement partie de l’agenda, puisque le président Zelensky a interdit par décret toute négociation avec le président Poutine.
Ces objectifs maximalistes étant totalement inacceptables pour au moins les trois quarts des Russes, ils ne pourraient être remplis que si la Russie était affaiblie au point de devenir un pays du tiers-monde, au point de ne plus pouvoir se défendre avec des armes conventionnelles, et d’être à la merci non seulement d’un changement de régime, mais d’un démantèlement – hypothèse sur laquelle des think tanks travaillent très sérieusement. Des cartes circulent. Et de plus en plus d’internautes, de Tallinn à Kiev, en rêvent. Le conseiller de Zelensky, Mikhail Podolyak, appelle même ouvertement à bombarder Moscou, Saint-Petersbourg et Ekaterinburg.
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