Conférence de sécurité de Munich: «C’était une erreur d’offrir à l’Ukraine et à la Géorgie l’adhésion à l’Otan en 2008»

Par Philippe Rosenthal pour Observateur-Continental

L’Otan a commis l’erreur d’adopter une déclaration politique lors du sommet de Bucarest en avril 2008 selon laquelle l’Ukraine et la Géorgie finiraient par devenir membres de l’Alliance de l’Atlantique Nord.

Wolfgang Ischinger, président de la Conférence de sécurité de Munich, l’a déclaré dans un entretien au journal allemand Die Welt am Sonntag, publié le 13 février 2022. Wolfgang Ischinger explique pourquoi, du point de vue russe, l’Occident a provoqué la crise ukrainienne.

«C’était une erreur d’offrir à l’Ukraine et à la Géorgie l’adhésion à l’Otan en 2008. Tout le monde a compris que l’entrée de ces pays dans l’Alliance de l’Atlantique Nord serait perçue par la Russie comme traversant toutes les frontières», a déclaré Wolfgang Ischinger. Il a rappelé que le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel, étaient «catégoriquement contre une telle décision» et ont fait de sérieux efforts pour s’assurer que «des conditions spécifiques d’adhésion ne soient pas nommées».

Le président de la Conférence de sécurité de Munich a, toutefois, souligné que l’Otan ne revenait pas sur ses promesses de 2008. Répondant à une question sur la manière dont, dans ces conditions, une nouvelle aggravation des relations entre la Fédération de Russie et les pays occidentaux peut être surmontée, Wolfgang Ischinger a noté que l’Alliance de l’Atlantique Nord était confrontée à une mission très difficile.

«En ce moment, l’art de la diplomatie est de faire deux choses en même temps, qui en même temps ne doivent pas se contredire, à savoir dire: « Nous (les pays membres de l’Alliance), bien sûr, adhérons au principe du libre choix d’une Alliance »», a suggéré Wolfgang Ischinger. «Mais, nous pouvons, également, assurer que la décision sur l’entrée de l’Ukraine et de la Géorgie dans l’Otan ne sera toujours pas prise», a poursuivi le diplomate. «De plus, nous pouvons garantir que nous ne déploierons pas d’armes nucléaires et d’autres formations militaires dans ces pays», a-t-il rajouté.

Le président de la Conférence de sécurité de Munich a, également, noté que le gouvernement allemand devrait expliquer sa réticence à fournir des armes à l’Ukraine, notamment à travers sa participation au format Normandie, précisant que «le gouvernement allemand pourrait donner une bonne raison au refus car en tant que médiateur au format Normandie, Berlin ne fournira pas d’armes, comme Paris». Dans le même temps, il a noté que puisque «le niveau de confiance en l’Allemagne a sensiblement diminué en raison de Nord Stream 2», Berlin pourrait fournir au gouvernement ukrainien «des camions ou des équipements similaires». 

L’ambassadeur d’Ukraine à Berlin, Andrij Melnyk, n’arrête par d’inciter Berlin à donner des armes à l’Ukraine en usant d’un ton très pressant à la limite du langage diplomatique. Observateur Continental rapportait que l’ambassadeur ukrainien a demandé à l’Allemagne de fournir des armes à Kiev. Andrij Melnyk, avait déclaré que la démission du commandant de la marine allemande «ne suffisait pas pour rétablir entièrement la confiance en la politique allemande» alors que celui-ci avait lancé que «la Crimée ne reviendrait jamais dans l’Ukraine, que tout le monde avait besoin de la Russie contre la Chine, et c’est pourquoi il fallait « rendre hommage » à Vladimir Poutine».

Andrij Melnyk réclamait que maintenant le gouvernement allemand devait changer de politique envers Kiev et montrer un soutien véritable. Juste avant la visite du chancelier Olaf Schoz ce 15 février 2022 à Moscou, l’ambassadeur ukrainien continuait dans ces injonctions guerrières. «L’ambassadeur d’Ukraine demande à Scholz de lancer un ultimatum « clair et sans ambiguïté », écrit Die Welt ce 15 février. Il exige, rapporte Die Welt, «une attitude dure requise»: «Seul un ultimatum net et clair à [Vladimir] Poutine avec un délai pour ordonner le retour de ses hordes armées au plus tard le 16 février [2022] peut encore sauver la paix mondiale». Il a rajouté: «Si le patron du Kremlin ignorait cet ultime avertissement, des sanctions préventives extrêmement douloureuses contre la Russie devraient être introduites par étapes dès le lendemain». Olaf Scholz avait déjà déclaré lors de sa visite à Kiev lundi dernier qu’il voulait persuader le président russe de désamorcer la crise. 

Rappelons que la Conférence de sécurité de Munich devrait, du 18 au 20 février 2022, conserver pour la première fois depuis le début de la pandémie de la Covid-19 ses formats traditionnels. Mais, elle recevra moins d’invités et de représentants des média et elle aura des délégations plus petites pour assurer la santé et la sécurité des participants et du public munichois.

Philippe Rosenthal

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2 Commentaires

  1. il n’y a eu aucune erreur. c’était calculé.

  2. Bernard ouhouh? Bernard où es-tu Henry Lévy?https://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_unsure.gifhttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_scratch.gifhttps://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/plugins/wp-monalisa/icons/wpml_cool.gif

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