Dangereuse situation, qui ne préoccupe pas autant qu’elle le devrait.
La probabilité d’un conflit dans le Donbass était déjà élevée, et l’escalade actuelle ne fait que renforcer cette impression. Des organisations internationales et des médias tentent d’attirer l’attention sur les mouvements des forces russes sur le territoire russe, une chose pour laquelle la Russie n’a de comptes à rendre à personne. Cependant, cela fait plus d’un mois qu’ils refusent de voir les mouvements des forces ukrainiennes, qui non seulement s’accumulent sur la ligne de contact, mais déploient également une infrastructure, c’est-à-dire enfreignent de facto les accords de Minsk. Cela donne l’impression que l’Occident et l’Ukraine, d’après les médias et les déclarations de responsables, attendent un « raté » de la part de la Russie.
Des médias européens disent que « le risque d’un conflit direct et ouvert entre la Russie et l’Ukraine demeure clairement », tout en espérant que « la projection des forces russes ne signifie pas l’inévitabilité d’une guerre mais un chantage ». Voici un exemple de telles réflexions: « Est-ce que cela signifie que la guerre est inévitable? La réponse est plutôt non. Si la Russie se prépare ouvertement à envoyer des troupes sur le territoire ukrainien, par exemple sous la forme d’une opération de maintien de la paix, cela n’arrivera pas avant mai 2021. » Qu’arrive-t-il en réalité?
L’Ukraine
Sur le front diplomatique Kiev continue de torpiller ouvertement les accords de Minsk. Tel que prédit plus tôt, l’Ukraine profitera de la situation en Biélorussie pour gagner du temps et exiger de changer la plateforme de négociations, ce qui est un prétexte étrange pour renoncer aux négociations au format de Minsk.
Leonid Kravtchouk, chef de la délégation ukrainienne dans le groupe de contact trilatéral pour le Donbass, a commenté la décision de Kiev de renoncer aux négociations à Minsk ainsi: « Je suis convaincu qu’un pays qui mène une lutte aussi compliquée contre l’opposition, qui recourt à des méthodes imprévoyantes et des répressions, un pays qui se trouve sous l’influence de la Russie ne peut pas être une plateforme pour régler un problème tel que la lutte pour la paix ou l’établissement de la paix et la fin du conflit. » Et d’ajouter que les autorités ukrainiennes doivent choisir pour de telles négociations un pays neutre et « très autoritaire » en Europe. Il ne semblait pas y avoir de réclamations par rapport à ce format jusqu’à récemment, sauf que les choses n’ont toujours pas avancé d’un point mort. Par conséquent, le problème ne réside pas dans le format.
De plus, l’Ukraine s’efforce de s’assurer le soutien militaro-politique de l’Otan. Le 6 avril, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré lors d’un entretien téléphonique avec le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg: « L’Otan est la seule solution pour mettre un terme à la guerre dans le Donbass. »
L’Europe et les Etats-Unis
Le politologue allemand Alexander Rahr a clarifié la situation: « Les Américains ont déjà pris l’initiative entre leurs mains, ils dirigent l’Otan, parlent à l’Ukraine qui ne fait plus attention à l’Europe. L’Amérique sous Biden écarte les Européens de la politique de défense extérieure. Alors que l’UE ne peut et ne veut rien faire. […] J’espère que l’Europe expliquera aux Américains que l’Ukraine est une question de politique de sécurité européenne, et non de géopolitique américaine. Mais les Américains sous Biden se comportent plus agressivement et instamment que sous Trump. Ils ne tiennent pas compte de l’avis de l’Europe, et c’est une situation très dangereuse. »
Voici un autre exemple de regard lucide sur la situation, cette fois américain. Dans un commentaire au Foreign Policy un ancien haut responsable du Pentagone estime que l’aggravation dans le Donbass conduirait à la défaite des forces ukrainiennes, c’est pourquoi l’escalade du conflit n’est pas bénéfique pour Kiev. Les lance-missiles antichars américains Javelin reçus par l’armée ukrainienne ne pourront pas renverser la situation au profit de Kiev.
La Russie
La position de la Russie quant au sabotage par Kiev des accords de Minsk et à la rhétorique agressive envers la Crimée et le Donbass reste inchangée: les mouvements des forces russes sur le territoire russe ne doivent pas inquiéter les autres pays parce qu’ils ne les menacent pas. Les événements dans le Donbass restent un conflit ukrainien intérieur auquel les forces russes n’ont jamais participé.
Le 30 mars, le président russe Vladimir Poutine s’est entretenu en visioconférence avec son homologue français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel, où il a exprimé sa préoccupation concernant la déstabilisation de la situation dans le Donbass par Kiev.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Andreï Roudenko a déclaré: « Je suis convaincu que les discussions concernant un conflit imminent entre l’Ukraine et la Russie sont l’exemple d’un nouveau fake propagé avant tout par les autorités ukrainiennes. La Russie ne souhaite aucun conflit avec l’Ukraine, qui plus est armé. »
Il s’agit de déclarations stratégiques déterminant dans l’ensemble la position de la Russie. Le chef adjoint de l’administration présidentielle russe Dmitri Kozak s’est exprimé en détail concernant la réaction éventuelle de Moscou à la situation dans le Sud-Est de l’Ukraine. Il a noté que la Russie serait forcée de défendre ses citoyens dans le Donbass en fonction du niveau d’agression. Il a également averti que le déclenchement d’activités militaires de grande envergure dans le Donbass par les autorités de Kiev serait le début de la fin pour l’Ukraine.
Il s’est arrêté en détail sur la situation relative aux négociations au format de Minsk. La Russie prône la transparence des négociations de Minsk sur le Donbass et la publication de documents à ce sujet. D’après Dmitri Kozak, c’est avant tout l’Ukraine qui exige l’opacité des négociations, et l’Allemagne avec la France suivent cette ligne: « Cette confidentialité est illusoire, conditionnelle. Nous avons également essayé de la respecter, mais elle est unilatérale, elle n’est nécessaire que pour que l’Ukraine domine dans l’espace médiatique et mène sa ligne. C’est uniquement ce qu’ils font – désinforment leurs citoyens. »
L’Ukraine est-elle prête pour une phase armée du conflit? L’évaluation du moral et de la préparation des forces ukrainiennes est controversée. D’un côté, il n’y a pas l’entrain révolutionnaire de 2014. De l’autre, les forces ukrainiennes ont acheté et obtenu des partenaires étrangers des armes, du matériel et des munitions. Les sentiments agressifs sont présents, il existe aussi une certaine volonté de faire la guerre. Mais tout en sachant que dans l’ensemble le pays n’est pas du tout prêt pour une guerre. Les stratégies et les plans de « désoccupation », les marches et les démarches des nationalistes, les déclarations des chefs militaires, des centaines de Hummers américains et de véhicules blindés britanniques, les drones turcs – c’est de l’entourage décoratif, pas une capacité de faire la guerre. Le gouvernement ukrainien lui-même n’est pas prêt pour une guerre, pour qui, en la personne de Zelensky, cela représente d’immenses pertes politiques. Car la guerre peut être perdue…
Il se pourrait que Washington et ses alliés veuillent absolument semer la confusion en Russie, provoquer une colère populaire par rapport à la décision de Moscou de participer au conflit s’il se déclenchait. Selon eux, le Donbass convient on ne peut mieux pour cela – l’exécutant en la personne de l’Ukraine est docile et armé. Mais, premièrement, c’est une idée impitoyable vis-à-vis de l’Ukraine en tant qu’Etat, et on voudrait croire que Kiev en est conscient. Et, deuxièmement, la Russie se tient fermement debout, et tout l’Occident est loin d’être d’accord qu’il faut entrer en conflit avec elle. Surtout à cause de l’Ukraine.
Denis Batourine, politologue
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On comprend Poutine de ne pas vouloir d’armes nucléaires à sa frontière, ce que veulent les USA avec l’OTAN…?
Pour enrayer une incendie, il existe une technique consistant à allumer un contre-feu
M’est d’avis que si risques sérieux de dérapage il y avait en Ukraine, avec internationalisation du conflit, ça tomberait à point nommé pour virer par dessus bord cette mascarade sanitaire à double objectif eugéniste et dictatorial.
A tout malheur quelque chose n’est-il pas bon, non ?
D’après cette analyse saisie sur Agoravox et ci-dessous, toute cette opération consistant à nous faire croire qu’il pourrait y avoir sous peu une confrontation majeure avec le prétexte des tensions en région du Donbass ne serait que du bluff, ou presque.
Question que je me pose, selon toute logique de cohérence, le véritable atelier pour l’instauration d’une dictature à l’échelle mondiale ne pourrait pas être stupidement stoppé par un conflit de grande ampleur, non ? J’ai dit une connerie ?
Donc la question qui mériterait d’être posée devrait être du pourquoi ?
Regardez moi doigt ici, et du coup ne prêtez pas trop d’attention à mon autre doigt que je vous mets bien profond ailleurs……non, plutôt ??
Restons circonspects en matières d’analyses car nous sommes dans un monde où la véritable guerre qui se pratique tous les jours à l’échelle de la planète est celle de la DESINFORMATION.
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/mer-noire-ce-qui-attend-les-232374