Source Observateur-Continental
Dans un entretien à Observateur Continental, François Spoto, chef du groupe exploration martienne de l’ESA, nous explique le challenge technique et géopolitique de la mission européenne ExoMars 2022. On découvre une alliance entre les scientifiques du globe pour réaliser cette mission, mais les considérations géopolitiques ou financières peuvent très vite ralentir la réalisation de ces missions.
Quels sont les liens entre les trois missions envoyées actuellement sur Mars et les activités de l’ESA?
François Spoto: L’ESA essaie depuis un moment déjà de concevoir et de lancer des missions martiennes, soit comme prototype d’expérimentation technologique ou pour déposer sur Mars un rover et un laboratoire intégré d’analyses in situ. Le laboratoire du Rover ExoMars 2022 embarque neuf instruments et une foreuse. Initialement, cette mission dont le lancement était prévu en 2018 a été décalée en 2020, et elle table aujourd’hui de manière crédible sur un lancement en Septembre 2022. En 2013, ExoMars a vu les Etats-Unis avec la NASA se retirer officiellement du programme pour des raisons budgétaires. Mais, il n’est pas impossible que des considérations de leadership aient également conditionné ce choix. Pour les Etats-Unis, asseoir un leadership martien était probablement un objectif technologique et géostratégique de premier plan a l’époque. En l’absence de budget européen supplémentaire, Il a donc fallu identifier un partenaire suffisamment crédible et complémentaire de l’ESA afin de prendre le relai des Etats-Unis pour réaliser la mission.
Quel est ce partenaire?
– Nous avons identifié Roscosmos, l’agence spatiale russe.
Pourquoi pensez-vous que les Etats-Unis ne voulaient pas donner leurs connaissances techniques en 2013?
– J’imagine que l’attrait d’un leadership martien a beaucoup pesé dans la décision de la NASA en 2013. Certaines technologies pouvaient être utilisées dans des activités militaires, et certains Etats membres de l’ESA pouvaient être considérés comme une menace à la confidentialité des informations. Mais, ceci n’est qu’une hypothèse de ma part. Notez que les Etats-Unis ont aussi en leur temps enregistré des échecs avant de réussir une arrivée sur Mars.
Comment se présente la course entre les Nations pour l’espace?
– Les Etats-Unis ont le leadership. Ce n’est pas parce que la Chine essaie aujourd’hui d’envoyer un rover sur Mars qu’ils reprendront dès 2021 la pole position en terme de conquête martienne. Les Américains sont sur Mars depuis le rover Sejourner en 1997. Les Européens ont essayé et presque réussi en 2003 avec Beagle 2. L’essai suivant avec Schiaparelli, largué par la première mission ExoMars Trace Gas Orbiter (TGO) en 2016, a échoué. La nouvelle mission développée en coopération par la NASA et l’ESA est Mars Sample Return, pour rapporter en 2031 des échantillons martiens sur terre. Les Américains contrôlent la fonction entrée, descente et «amarsissage». Les Européens se concentrent sur la fonction capture et retour des échantillons. Trois projets en développement seront fournis par l’ESA aux Américains dans ce contexte: earth return orbiter, sample fetch rover et sample transfer arm.
Que fait TGO?
– TGO orbite autour de mars a 400 km d’altitude. Il est doté de quatre instruments scientifiques (deux européens et deux russes) qui découvrent beaucoup de nouveautés intéressantes en chimie de l’atmosphère martienne. La mission TGO fait souvent la une des plus prestigieux magazines scientifiques comme Nature. Le satellite est aussi doté d’une fonction de relai de données qui permet aux rovers et plates-formes sur Mars de communiquer avec la Terre. Le TGO de l’ESA sert 50% des besoins américains en communication entre la Terre et Mars. Mais, la seconde mission ExoMars 2022 qui tente de maîtriser la livraison d’un rover opérationnel sur Mars présente un autre niveau de complexité.
Quelles sont les opportunités de lancement sur Mars?
– La deuxième mission ExoMars de l’ESA, qui doit déposer et exploiter une plate-forme scientifique russe et un rover européen sur Mars (notre rover baptisé Rosalind Franklin, emporte également un important instrument américain. Les opportunités de lancement vers Mars ne se présentent que tous les 24 mois.
Est-ce que le rover est totalement fabriqué par des pays européens?
– Totalement. Il s’appuie sur les compétences de Thales Alenia Space en Italie, Airbus UK, Leonardo (Italie), OHB en Allemagne. Ces entreprises sont supportées par un consortium de plus de 100 entreprises. Il faut souligner que nous ne parlons pas ici d’un programme de l’UE mais de l’ESA. Les Etats membres sont légèrement différents. Les règles qui s’appliquent à la fourniture d’un projet spatial sont également différentes, avec la règle du juste retour géographique dans la construction industrielle des projets. L’Angleterre reste un des principaux membres de l’ESA en dépit de sa sortie de l’UE. La Norvège ne participe pas à l’Euro. La Commission européenne, qui est impliquée comme client final dans les programmes Galileo et Copernicus, ne participe pas aux programmes d’exploration du système solaire de l’ESA.
Comment se déroule le travail avec les Russes?
– La culture russe, en général, et au regard de la gestion de programmes en particulier est très différente de l’approche européenne ou américaine. La majorité du design russe est couverte par le secret, donc peu d’opportunités pour l’ESA de revoir les fournitures russes de manière critique, ce qui introduit un risque sur les performances de la mission. Les décisions russes sont toujours prises au plus haut niveau, ce qui occasionne une absence de délégation au niveau d’exécution. Cette approche ralentit énormément le projet et déresponsabilise le niveau exécutant. Mais plus positivement, Roscosmos et son contractant principal, l’entreprise de construction de matériel spatial NPO Lavotchkine, apportent au module de descente leurs technologies de bouclier thermique et de rétrofusées. Ces technologies sont la clef pour un «amarsissage» en douceur.
Que fait la Russie pour l’ESA?
– La Russie fournit sur ExoMars une large part du module de descente et le service de lancement, le bouclier thermique et les rétrofusées comme dit plus haut. L’ESA et son industrie européenne sont responsables de fournir le système de parachutes qui est très complexe. Dans le cadre de missions lunaires «Luna», la Russie offre à l’ESA d’embarquer des instruments européens pré-opérationnels sur certains de ses programmes. Des opérateurs de lanceurs sont contractés, sans pour autant parler de coopération internationale, qui généralement excluent les échanges de fonds.
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ha oui c’est difficile a comprendre que les Russes et les USA travaillent mains dans la mains, et dans une totale coopération sur une foule de sujets : partages du gâteau de la vente d’armes, de territoires, de ressources, de pays etc
Chaque pays usa/ruyussie font des déclarations devant le meanstream, ou medias contrôlés, pour manipuler l’opinion public, leur propre pays en premier
Et par derrière les accords se font en dehors des medias
Et aussi les medias sont utilisés pour exprimer des désaccords afin de dire a leur population ce qu’ils ont envie d’entendre
ça ferait bisard qu’ils montrent ouvertement qu’il s’entendent sur des multiples sujets alors qu’ils censé etre « ennemi »
Mais entre président ont rigole bien
https://www.youtube.com/watch?v=60gRnd_SEJs