Dépossession par la ploutocratie supranationale. David Rouzeau.

Liliane Held Khawam, auteur du livre Dépossession, a déjà partagé des chapitres de son livre. On y découvre en détail, la stratégie de la haute finance pour s’accaparer les richesses des états et des peuples, avec la complicité des dirigeants. David Rouzeau fait la critique élogieuse de son ouvrage. C’est un beau cadeau à faire, pour ceux qui doutent encore que dans l’ombre, une caste de financiers dépossèdent les individus, états et peuples de leurs richesses.

Un ouvrage à avoir dans sa bibliothèque, c’est presque prémonitoire avec ce que l’on peut déjà constater de la vente de notre patrimoine national, du saccage de nos services publics et de nos institutions et, ça n’est que le début, ce n’est pas le banquier Macron qui pourra dire le contraire, avec son zèle pour avantager les rapaces. Ces ventes de nos bijoux de famille, rapportent tellement, que la dette publique grimpe à plus de 100% du PIB, en 2013 le Parisien nous disait que chaque français avait une ardoise de 30.000 euros et nous n’étions qu’à 95,1% du PIB .. Combien devons nous à présent ?

Ce n’est donc pas pour rembourser “la dette illégitime et irremboursable” la raison de ces ventes, on a compris que ce n’est que pour déposséder la France et la mettre à la merci des vautours apatrides de la haute finance. Et c’est partout la même chose. Voilà leur Nouvel Ordre Mondial ou plutôt de leur Nouveau Monde, qui fera de nous des esclaves ! Partagez ! Volti

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Liliane Held Khawam

Le récent essai de l’économiste Liliane Held-Khawam, Dépossession, a un sous-titre qui le résume parfaitement: «Comment l’hyperpuissance d’une élite financière met Etats et citoyens à genoux». Elle présente les processus modernes d’accaparement des richesses réalisés depuis plusieurs décennies par une caste financière mondialisée. Elle esquisse également un scénario d’avenir dès lors que cette oligarchie d’ultra-riches continue d’assujettir les individus, les peuples et les Etats.

Par les trois processus du multilatéralisme, des partenariats multipartites publics-privés et de la financiarisation, cette haute finance parvient progressivement à mettre la main sur les biens économiques de l’humanité. Le multilatéralisme permet de court-circuiter les Etats, contrôlés démocratiquement par les peuples, en conférant le pouvoir à des instances supranationales. Ce multilatéralisme va de plus intégrer les intérêts privés (lobbys des multinationales, de la finance, etc.). Enfin, tout va être financiarisé pour être contrôlé de manière globale et obéir à une logique de maximisation des profits au bénéfice des investisseurs. Ces trois contraintes sabotent les Etats.

Contrairement à la propagande assenée aux populations exigeant de la transparence, les membres de cette oligarchie ploutocratique mondiale sont quant à eux inconnus, cachent leurs identités et leurs fortunes grâce à des paradis fiscaux et à des artifices juridiques qui ne sont en rien combattus par les gouvernements. La critique du cash, par exemple,est ainsi totalement paradoxale. Elle a pour seul but de contrôler encore plus les citoyens, jusqu’à pouvoir bloquer leur argent par un seul clic. Elle n’a pas du tout l’intention d’empêcher les activités illégales et mafieuses, puisque l’argent sale est au contraire très bien intégré et apprécié parle système financier global (600-700mia$ par année, p.101).

L’inadmissible privatisation du pouvoir régalien de créer la monnaie permet d’enrichir énormément les banques privées. Ce sont elles qui créent l’argent par les crédits (90% de la masse monétaire est de l’argent-dette). Elles s’enrichissent en plus en prêtant aux Etats qui ne peuvent plus emprunter gratuitement ou à bon marché auprès de leur propre banque nationale. Les banques nationales sont devenues indépendantes, grosso modo possédées par les grandes banques privées qui en sont les actionnaires, et servent au fond intérêts de celles-ci en leur offrant surtout de l’argent à très bon compte.

Comme toujours, les bénéfices de la finance sont privatisés et les pertes sont socialisées. Les Etats se sont terriblement endettés pour renflouer des institutions «too big too fail» lors de la crise des «subprimes»de 2007. Ces banques systémiques sont elles-mêmes les créanciers principaux des Etats («primary dealers») et les tiennent sous leur coupe par ce biais. Les assouplissements quantitatifs («quantitative easing»), pratiqués de manière (1) coordonnée par les grandes banques centrales depuis une dizaine d’années, apportent énormément d’argent au système financier qui peut spéculer et qui a pu notamment construire tout un système financier de l’ombre, avec des bourses privées, des contrats de gré à gré totalement opaques. Le poids du «shadow banking» s’élèverait à 92’000 mia$ fin 2015, alors que le PIB mondial était cette année-là de 74’551 mia$ (p. 117). Par ailleurs, des effets de levier monstrueux et une quantité de produits financiers sophistiqués ont construit un immense château de carte en particulier de produits dérivés (dont le total est estimé entre 630’000 et 15’000’000 mia$, p. 132) qui pourrait s’effondrer à tout moment en entraînant la ruine de l’économie.

Notons de plus que des lois ont récemment été passées pour renflouer les institutions financières par des «bail-in» opérés avec les capitaux des épargnants eux-mêmes, s’ajoutant aux «bail-out» fournis par l’endettement des Etats.

Par tous ces moyens, les ploutocrates cherchent à contrôler l’humanité dans un Système-monde organisé grâce aux nouvelles technologies permettant de gérer, de surveiller et de punir (internet, identité numérique, big data, blockchain, etc.). Cette oligarchie parasitaire est servie par une alliance banco-financière réunissant les banques commerciales, les banques centrales et les gestionnaires d’actifs («assets managers»). Ces derniers détiennent notamment beaucoup de pouvoir dans les assemblées générales d’actionnaires où ils imposent des politiques néolibérales cherchant le seul profit financier au mépris de tout le reste.

L’auteur pronostique que les prochaines étapes seront de chercher à financiariser et privatiser encore plus de biens, comme les services publics subsistants, les petites et moyennes entreprises indépendantes, les propriétaires particuliers dont les classes bourgeoises locales. Ce sont les prochaines cibles. Vous êtes les prochaines cibles. Et tous les moyens seront mis en œuvre pour y parvenir: propagande via des médias serviles, car possédés, utilisation machiavélique de tous les idiots utiles qui, à chaque époque, sont légions, lobbying intensif auprès de politiciens mous et corruptibles, etc. Enfin, ce seront ensuite toutes les ressources qui pourraient être accaparées, privatisées, financiarisées, comme l’eau, l’air, etc.

Alors que faire pour résister? Au vu de l’analyse opérée dans ce livre, on voit que tout ce qui va contre ce système d’asservissement est positif. Tout ce qui humanise est bon, car la dépossession esclavagisante de l’oligarchie financière est par essence inhumaine et déshumanisante. Il sera bien de privilégier les entreprises locales ou nationales à taille humaine non contrôlées par des capitaux transnationaux, des relations humaines directes de confiance entre les acteurs économiques.

Il faut défendre l’usage du cash et même chercher à restaurer l’utilisation de l’or et de l’argent comme monnaie. Cela n’est pas incompatible avec une pratique mesurée de nouveaux moyens de paiement numériques. Il faut aussi que les Etats reprennent le dessus sur les multinationales quitte à exiger le démantèlement de certaines.

Ce sont aux Etats démocratiques de dicter les règles. Nous avons besoin de vrais serviteurs de l’Etat et non pas de politiciens corrompus travaillant au fond pour les intérêts privés de ce microcosme financier mondialisé. Nous avons besoin de médias vraiment indépendants et pluralistes, ce qui n’est pas le cas dans nos démocraties contemporaines. Le système financier doit aussi être repensé et la spéculation doit reculer.

Les banques centrales doivent revenir sous le contrôle des autorités élues. En plus de maintenir une inflation limitée, elles doivent chercher à favoriser l’économie du pays, être au service du peuple, et non pas des banques commerciales. Il faut aussi lutter pour maintenir des communautés politiques à taille humaine, comme l’est notre pays de Vaud.

Tous les processus centralisateurs et uniformisateurs, ainsi l’Union européenne ou le centralisme fédéral en Suisse, sont négatifs. Ils dépossèdent les citoyens de leur pouvoir. Ils le transfèrent à des castes de technocrates au service in fine de la caste oligarchique mondiale. On ne peut que conseiller la lecture de cette brillante analyse qui montre que nous sommes face à des périls terribles. Les citoyens n’ont plus le choix. Ils doivent maintenant hausser leur niveau de compréhension pour agir de manière pertinente. Ils doivent ouvrir les yeux s’ils ne veulent pas être transformés petit à petit en esclaves.

David Rouzeau, enseignant et contributeur du bi-mensuel de La Ligue vaudoise, La Nation

Liliane Held-Khawam, Dépossession, Ed. Réorganisation du monde, 2018 (disponible notamment à la Librairie du Valentin

1 Nous exprimons les montants nécessairement évoqués pour traiter ce sujet en milliards de $ ou d’euros, abrégé par «mia.». La notion de «trillion»(1’000 milliards) paraît trop abstraite pour le citoyen contemporain.

A lire également sur le sujet :
Comment on vous dépouille de votre argent… puis de votre liberté. Le Drone de Antipresse

Ce qu’en pense Antipresse : «LHK» fut l’un des premiers «désinvités» de l’Antipresse (n° 17 du 27.3.2016). L’entretien que nous avions réalisé alors au sujet du détournement des institutions publiques et des coutumes héritées vers un nouveau modèle, transversal et transnational, de pouvoir et de «gestion» de la masse humaine avait marqué les esprits. L’éminente analyste des stratégies financières globales revient aujourd’hui avec un livre impressionnant, Dépossession (éd. Réorganisation du Monde) où elle dresse un tableau dense et argumenté du «hold-up» planétaire sur l’ensemble des moyens dont disposent les peuples et les individus.

Volti

2 Commentaires

  1. Il faut surtout que les états s’octroient le droit de rebattre monnaie pour devenir indépendant de ces vautours de la haute finance.

    Quand on lit ce texte, ça fait froid dans le dos car on comprend que cette oligarchie financière n’a aucune morale pour arriver à ses fins, comment nos dirigeants peuvent marcher avec ça et se faire les complices de cette finance si ce n’est de constater qu’eux aussi ont enterré toutes morales ?

    C’est être inconscient ou suicidaire que de marcher dans cette folle finance destructrice, mais combien sont-ils ? Une minorité au vu de la population mondiale ! Ils jouent avec nos vies mais les gens ne se laisseront pas mourir et pourraient bien se retourner un jour contre eux.

    J’espère une seule chose, c’est que l’humanité de demain s’unisse pour juger ces vautours de la finance pour crime contre l’humanité et reprenne les rênes de sa vie.

    Ce Dieu Mammon ne pourra plus durer longtemps, qu’ils profitent encore tant qu’il le peut, mais je veux dire à tous ses suppôts complices qu’ils n’emporteront pas leur fric après leur mort mais le fruit de leurs actes immoraux qu’ils devront expier, rien ne sert de fuir, nos actes nous rattrapent un jour, ce monde appartient aux enfants de demain et tout ce qu’ils possèdent leur aient prêtés qu’un temps.

    Oui gardons espoir que le bien, la morale, la liberté, le partage et l’amour l’emporteront toujours et que ce n’est qu’une question de temps avant que cette oligarchie avide de pouvoir et d’avoir disparaisse de cette Terre à tout jamais.

    « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer au royaume de Dieu. » (Luc 18:25)

  2. Même jeu de fascistes-capitalistes qu’en ’30 ’40 et maintenant rebelote. C’est une guerre contre elle peuple depuis toujours. Il n’y a autre solution que la révolution anarchiste, tout comme en Islande.

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