Mêmes causes, mêmes effets. « Les conférences de Paris I, Paris II, Paris III, Paris IV ont contribué à engager l’économie libanaise dans la mauvaise voie » La banquier élyséen les a bien mal conseillé, mais, qu’attendre d’un banquier idéologue et mondialiste ? Partagez ! Volti
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Liliane Held Khawam et Magazine.com.lb
Avant-propos
Le Liban est exsangue. Tout y est en panne, sauf la grande vitalité du peuple qui dans un sursaut tente de reprendre la main pour éviter le naufrage prévisible.
Le Liban connaît une variante des « crises » telles que celle vécue par la Grèce ou par le Venezuela. Ces convulsions mènent invariablement les pays en question à la Dépossession généralisée de l’Etat ET des populations au profit de la haute finance, et plus précisément au profit du club restreint et anonyme de ses patrons.
Le Liban doit déposer, et déposera fatalement, les armes aux pieds de l’élite du Nouveau Monde. De plus, la corruption de sa classe politique est telle qu’il semble difficile de voir l’une ou l’autre des familles régnantes, et inoxydables, tenir tête à qui que ce soit, sans que ses petites et grosses casseroles ne soient mises à la lumière sous les puissants projecteurs du grand capital anonyme et de ses myriades d’entités de la BigTech et/ou des BigMedias.
Nous y reviendrons. Nous retiendrons pour le moment que derrière le ras-le-bol du peuple libanais qui l’a amené à descendre massivement dans la rue, se tiennent loin du regard au moins trois impitoyables composantes du Nouveau Monde:
- Le FMI et sa redoutable Bonne Gouvernance.
- Le réseau des banquiers centraux, centré sur l’axe de la Réserve Fédérale- BRI (Banque des Règlements Internationaux).
- Le réseau des circuits de paiements globalisés, capable de menacer tout Etat de strangulation en matière de circulation des liquidités.
Voici pour l’heure les commentaires de M Corm, que nous ne pouvons qu’approuver.
LHK
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Georges Corm. La mainmise du FMI et de la Banque mondiale se rapproche
L’ancien ministre des Finances, Georges Corm, porte un regard très sévère à la fois sur le plan de sauvetage de l’économie proposé par Saad Hariri, ainsi que sur la gestion désastreuse, selon lui, de la Banque du Liban.
Comment évaluez-vous le plan de sauvetage de Saad Hariri, sa sortie de crise ?
On continue dans les mêmes errements et dans les mêmes politiques
économiques absolument absurdes, avec cette future source de gaspillage
et d’endettement qui s’appelle CEDRE et qui ne va qu’aggraver la
mainmise de certains pays occidentaux qui prétendent nous aider sur le
plan économique. Ça suffit de faire des investissements, il faut d’abord
améliorer les investissements existants, et non pas chercher à
gaspiller de l’argent dans des projets où les entrepreneurs de travaux
publics s’en mettront plein les poches. CEDRE, ce ne sont que des
emprunts.
CEDRE n’est que l’un des points du plan. Ne pensez-vous pas
que 0,63% de déficit et un budget sans taxes ni impôts sont de bonnes
mesures?
Je peux vous faire un budget dans lequel j’ai du surplus budgétaire
alors qu’en réalité je sais très bien que je vais faire du déficit. On
peut toujours réduire le déficit artificiellement dans le projet de
budget. Nous avons un ministre des Finances très fantaisiste qui est
dictateur dans son ministère. C’est un très grave problème d’affermer le
ministère des Finances à un des principaux partis connus pour ses
gaspillages et sa mauvaise gestion.
Que pensez-vous du volet privatisations du plan?
C’est appauvrir l’Etat complètement, alors que la seconde source de
revenus de l’Etat provient des télécoms. Si on veut encore plus
affaiblir l’Etat, on les privatise.
Vous ne croyez pas à ce plan donc ?
Ce n’est même pas un plan. Un plan doit être réfléchi, avec une bonne
connaissance de l’économie, de ce qu’il faut réformer à l’intérieur de
l’économie. C’est la domination du néo-libéralisme avec des gens qui ont
plein de prétextes pour s’en mettre plein les poches. On a un
gouvernement autiste qui n’a rien changé à sa politique économique,
comme un train aveugle.
Comment expliquez-vous la fermeture prolongée des banques?
Je crois que malheureusement notre Banque centrale a joué avec le
système bancaire. Les banquiers se sont laissé faire car on leur
assurait de tels taux de profit… Aujourd’hui, on a un système bancaire
très fatigué. La moitié du bilan des banques est entre les mains de la
Banque centrale, elle ne peut pas s’en passer. C’est une situation
aberrante et malsaine.
Les chiffres déclarés avec les actifs des banques s’élevant à
250 milliards $ et les dépôts à 170 milliards $. Ces sommes n’existent
plus ?
Il y a confusion complète aujourd’hui entre le bilan de la Banque centrale et celui des banques. C’est une seule et même chose.
Si les banques rouvrent dans le contexte actuel, que peut-il se passer ? On parle d’une flambée de la livre.
Il ne devrait rien se passer. Ce sont les banques, en restant fermées
comme ça, qui aggravent l’inquiétude, voire la panique. En réalité, on a
fait ce que seuls des pays extrêmement dirigistes font, c’est-à-dire
limiter les retraits et vous obliger à retirer avec la carte bancaire.
C’est complètement surréaliste, ce pays qui était le modèle du
libéralisme bancaire, financier, économique devient un pays ultra
dirigiste et ultra contrôlé par un dictateur unique qui s’appelle la
Banque centrale. La santé de la livre pourrait être vite rétablie, sitôt
qu’il y a, mais je ne vois pas comment, un gouvernement hors des
cercles actuels du pouvoir qui pourrait rétablir de la santé mentale en
matière économique.
Dans une interview donnée à CNN le 28 octobre, Riad Salamé a
déclaré que le Liban est à quelques jours de l’effondrement, avant de
préciser ses propos à Reuters en affirmant que le Liban avait besoin
d’une solution urgente. Qu’en pensez-vous ?
Bravo ! Je n’ai jamais vu un gouverneur de banque centrale porter autant
atteinte à son pays en faisant de telles déclarations. C’est le moment
de juger de cette gestion invraisemblable de la Banque du Liban dans ce
pays. Elle détient une compagnie d’aviation, contrairement à ses
statuts. Elle s’est occupée de tous les secteurs de l’économie, elle est
entrée partout, c’est inimaginable. Il y a au Liban dans le Code de la
monnaie et du crédit un organisme au ministère des Finances qui
s’appelle le Commissariat du gouvernement auprès de la Banque centrale
qui est censé contrôler et surveiller la BDL et s’assurer qu’elle
accomplit sa mission comme il faut. Cette instance ne rédige plus de
rapports depuis des années.
Tous les maux du Liban viennent de la BDL selon vous ?
La BDL est responsable de la crise actuelle. Le système est mauvais,
corrompu, mais s’il y avait eu une gestion plus normale et plus prudente
de l’économie, on n’en serait pas là. On a d’ailleurs vu les
aberrations de cette gestion puisque même un homme ultra riche comme
Nagib Mikati a pu obtenir des prêts subventionnés par la Banque centrale
pour acheter des appartements.
Quelles seront les conséquences concrètes pour les Libanais d’un effondrement de l’économie ?
Beaucoup ont sans doute constitué chez eux, avant les événements
actuels, des réserves. On parle de 2 à 3 milliards de $ qui auraient été
thésaurisés. L’une des erreurs majeures de la BDL aura été de faire la
compensation des chèques en dollars à partir de 1992. Si cela n’avait
pas été fait, les Libanais auraient continué à payer en livres
libanaises et on aurait eu un taux réduit de dollarisation de l’économie
tel qu’il existait dans les années 70 (soit 30%).
Au regard de tous ces éléments, quelle sortie de crise entrevoyez-vous ?
La sortie de crise qui se rapproche c’est la mainmise du FMI et de la
Banque mondiale et encore plus de politique d’austérité, ce qui réduit
d’autant plus les recettes de l’Etat. Les conférences de Paris I, Paris
II, Paris III, Paris IV ont contribué à engager l’économie libanaise
dans la mauvaise voie
Les manifestants réclament la démission du gouvernement et la
constitution d’un gouvernement de technocrates susceptibles de sauver
l’économie. Qu’en pensez-vous ?
Un gouvernement technocrate est un mythe, pas une solution. Derrière les technocrates, il y a toujours un politique.
Jenny Saleh pour Magazine.com.lb
Je me souviens très que lorsque Michel Aoun est venu se réfugier à Paris, il fit passer le mot dans la communauté libanaise qu’il était raide comme un passe-lacet et qu’il aurait besoin d’un peu de soutien de ses compatriotes.
La réaction générale des Libanais de Paris fut un immense éclat de rire. Il avait gouverné et n’avait pas profité du poste pour s’enrichir. Incroyable !