EPR de Flamanville : l’échec d’EDF et de la filière nucléaire française..

Depuis que ça dure, nous n’avions plus aucune illusion. Pour compenser les pertes faramineuses dues à cet échec, l’électricité risque t-elle d’être augmentée ? Sachant que les pertes sont mutualisées et les bénéfices privatisés, on peut le supposer. Quant au reste du parc nucléaire français, il est en fin de vie et on s’obstine (faute d’alternatives), à prolonger toutes les vieilles centrales, avec les risques que l’on connaît, dont on se demande comment ils seront gérés… s’ils le sont!! Partagez ! Volti

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Source Notre-Planète-Info

Pour Illustration/Pixabay

Le rapport d’audit Folz sur les difficultés de construction du réacteur EPR de Flamanville a été remis au gouvernement par l’ex-patron du constructeur automobile PSA Jean-Martin Folz. Celui-ci est particulièrement critique sur ce chantier pharaonique qui a accumulé retards successifs et explosion des coûts initiaux.

Les annonces désastreuses des dernières semaines concernant la dérive des chantiers de réacteurs EPR à Flamanville ou Hinkley Point, au Royaume-Uni, témoignaient déjà du peu de crédit que l’on peut encore accorder aux promesses d’EDF en termes de coûts et de délais.

Début octobre, EDF a annoncé que la facture du chantier du réacteur nucléaire EPR de Flamanville devrait s’alourdir de 1,5 milliard d’euros pour atteindre 12,4 milliards d’euro, à la suite des problèmes de soudures. Le coût prévu de cet EPR, lancé il y a quinze ans, était annoncé jusqu’à présent de 10,9 milliards, déjà trois fois plus que l’estimation initiale (3,3 milliard d’euro). En outre, la date de lancement de l’EPR était initialement prévue pour 2012, elle est actuellement repoussée à 2022.

Le rapport Folz est particulièrement critique et sans ambiguïté : « irréalisme » des estimations initiales, une perte de compétences « généralisée » de la filière nucléaire, mauvaises relations entre EDF et ses sous-traitants et partenaires, notamment Areva, puis Framatome (ex-branche réacteur d’Areva revenue sous le giron d’EDF), un manque de « culture de la qualité », ou encore une gouvernance du projet « inappropriée » chez EDF.
De telles critiques ont déjà été formulées régulièrement par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui a demandé à plusieurs reprises à EDF de reprendre certains éléments du chantier.

Au final, la conclusion du rapport Folz est sans équivoque : “la construction de l’EPR de Flamanville aura accumulé tant de surcoûts et de délais  qu’elle ne peut être considérée que comme un échec pour EDF”.

Jugeant que l’audit mettait en lumière “un manque de rigueur inacceptable”, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a sommé EDF de mettre en place un “plan d’action” d’ici un mois pour remettre la filière nucléaire aux “meilleurs niveaux d’exigence”. Ce plan devra être présenté au conseil d’administration du groupe, puis “validé par l’Etat”, et un point d’étape sera réalisé “fin 2020” sur sa mise en œuvre, a-t-il précisé.

Et même si EDF était en mesure de beaucoup mieux maîtriser industriellement et financièrement la construction de futurs EPR, ceux-ci auraient encore besoin d’un soutien public massif. Qui payerait la facture ? Il est temps de réduire drastiquement la place du nucléaire, qui occupe encore aujourd’hui 75 % du mix de production électrique en France et freine le développement des énergies renouvelables alors que celles-ci sont de plus en plus compétitives.

Il faut également que la France arrête de bloquer la transition énergétique au niveau européen. L’inclusion de la production d’électricité nucléaire dans les secteurs éligibles aux futurs investissements verts est actuellement en cours de discussion en trilogue entre les institutions européennes. La France a poussé le Conseil à mettre le nucléaire comme un investissement vert, malgré l’opposition de l’Allemagne, le Luxembourg et l’Autriche. En ouvrant la porte par derrière au nucléaire, le Conseil (poussé par la France) risque de détruire la confiance des investisseurs. Le Parlement européen quant à lui s’est opposé. Nous avons exclu le nucléaire de la taxonomie verte en mars dernier. Le nucléaire n’est ni durable ni sûr et l”inclure à la taxonomie verte créerait un effet d’enfermement à long terme dans cette technologie. Je suivrai ce texte de très près pour que le nucléaire ne vienne pas fragiliser le financement durable.” réagit Michèle Rivasi, eurodéputée du Groupe des Verts et co-fondatrice de la CRIIRAD.

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Volti

6 Commentaires

  1. Tous foutus condamnés.
    Notre avenir, voir le futur proche, deviendra un enfer. Cette technologie mortifère rapporte trop en pots de vin. Surtout on ne lache rien tous les sbires de ce pays se font graisser la patte.
    Arrêtons de croire à notre défense nationale par l’enrichissement de nos ogives. Tout cela n’est qu’un enrichissement d’une minorité sur le dos du peuple. L’alternative écologique n’est pas rentable car elle est trop diversifiée et non classée top défense.
    Ce qui est sûr ça va péter et il est presque trop tard.
    On les arrête quand ces criminels?

  2. Fiasco? Echec? Ou réussite financière pour certaines sté?

  3. EDF ? j’y travaillais !

    Dans les années 70 des politiques avaient pris la décision ferme d’équiper la France en nucléaire. Ils n’ont pas que pris la décision, ils ont donné à EDF les moyens de le faire et l’organisation indispensable. Le tout était géré par des ingénieurs et les fournisseurs étaient des entreprises françaises dont les matériels qu’ils vendaient à EDF étaient réalisés en fonction d’un cahier des charge précis, avec des essais systématiques des prototypes, puis des têtes de série, puis des prélèvements lors des livraisons (sondes, électronique, matériel BT, HT, tout y passait). J’ai participé à ces tests, et renvoyé pas mal de matériel non conforme.
    Tout le réseau était équipé sur ce principe.

    Et puis à la fin de la construction des centrales tout a commencé à partir en sucette. Les ingénieurs à la tête d’EDF ont été remplacés par des politiques idéologues qui n’avaient rien à faire de la technique, il se sont totalement désintéressés du matériel et de son avenir. On devait faire avec ce qui existait, et l’argent disponible leur a servi à jouer au monopoly mondial où leur incompétence (c’était des socialistes qui se frottaient à des vrais financiers margoulins) leur a fait perdre des dizaines de milliards d’euros. 

     Pas question de s’occuper de l’avenir des centrales, quand il fallait y songer pour rénover, réfléchir à la suite, on nous répondait (je cite texto une phrase type que j’ai entendue) « On vous a donné une charrue et des boeufs en 70, vous irez jusqu’au bout avec » Sans évidemment préciser ce qu’était ce bout.

    Parallèlement on a commencé à nous imposer les règles européennes : plus question de privilégier les entreprises françaises, plus question de tester systématiquement le matériel, on devait croire sur parole. La structure d’EDF a commencé à être cassée, on a eu l’expérience socialiste des 32 heures qui ont totalement désorganisé sans compensation, etc. …

    Cette casse d’EDF a fait disparaître sa cohérence, donc la cohérence de l’organisation d’équipement, de l’entretien du matériel et des études de remplacement.
    Au lieu d’une structure pyramidale on a une structure explosée où chaque entité tire de son côté, sans cohérence avec les autres. Ça part dans tous les sens, ordre, contre-ordres, sujets d’études qui changent sans cesse, d’où l’exaspération des équipes qui s’étaient investis dans des projets sans suite, des dépressions, etc. … 
    C’est dans ce bordel que l’EPR a été lancé … avec les résultats logiques auxquels on assiste.

    En 25 ans on a construit 58 réacteurs, en 15 ans on n’a pas été capables de mettre en route un seul EPR. Alors que les Chinois partis bien après nous en ont déjà mis deux en service … avec l’aide d’ingénieurs EDF (des structures démantelée) partis là bas pour … les aider !!!

    J’ai résumé, je pourrais en écrire des pages … parler des chantiers tour de Babel …

    Le nucléaire est actuellement la seule énergie capable de subvenir à nos besoins en toute sécurité, pourvu qu’on y mette les moyens nécessaires.

  4. L’électricité augmente et va continuer d’augmenter. D’ailleurs, à chaque augmentation, on entend que notre électricité est la moins chère d’Europe, sous entendu: arrêtez de râler !
    Parce que, il va falloir payer les centrales, leur entretien et/ou leur démantèlement, mais aussi le Linky qui est là encore une gabegie (7 milliards d’€). Quand Enedis nous dit qu’il est gratuit, c’est à mourir de rire !

  5. Une perte des compétences ? Vous rigolez j’espère ? EDF a construit DEUX EPR en Chine, et ils fonctionnent très bien !!! Ce même EDF qui pour 10 milliards d’euros est incapable de bosser correctement en France ?
    Où va l’argent ? Est-ce une forme de pillage déguisée, pour alimenter des comptes secrets, et où, et dans quels buts ???
    https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/epr-de-flamanville-pourquoi-le-meme-reacteur-fonctionne-tres-bien-en-chine-7797894698

    • Non ! ce n’est pas EDF qui a construit les EPR en Chine ce sont bien les Chinois qui eux ont mis en place une organisation correcte alors qu’EDF a cassé la sienne en France. On peut juste dire que des ingénieurs EDF sont allés aider les Chinois mais dans leur organisation.

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